Actualités de la rentrée

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Vous déprimez tel le touriste devant Notre Dame? Retourner à l’usine c’est dur? Votre bronzage est déjà parti? Vous allez hypothéquer un poumon pour payer tous vos développements des photos de vacances? Comme je vous comprends! Alors rien de tel que de lire les bonnes nouvelles argentiques de la rentrée pour se faire du bien au moral! Suivez-moi! 

Apéro argentique le mercredi 11 septembre

Que diriez-vous d’une rencontre apéro sur Paris pour échanger sur la photo argentique?

Si cela vous intéresse, rien de plus simple, envoyez moi un petit message, par exemple un commentaire sous cet article pour me prévenir de votre venue au Café Mouffetard à 19h30 pour le mercredi 11 septembre. Ainsi, je pourrais réserver une table.

Apéro du 18 septembre 2018

Pour suivre l’évènement Facebok c’est ici : Evènement Facebook

Retrouvons-nous à 19h30 au « Le Mouffetard »  restaurant, 116 rue Mouffetard dans le 5ème arrondissement. Un quartier sympa où boire un coca ou une bière en terrasse ou à l’intérieur.

Charlie et la Ilford Factory

En 1879, naissait Ilford et sa première usine. 140 ans déjà! Pour fêter cet honorable anniversaire, Ilford se prend pour Willy Wonka. Un billet argenté se cache dans un des emballages de films 35 mm ou 120. A vous de le trouver! Qu’y a-t-il à y gagner ? Une visite d’usine à Mobberley en Angleterre mais pas que! L’heureux gagnant profitera de 4 nuits à Knutsford en Angleterre, de deux jours de stage de chambre noire avec Dave Butcher, d’une visite d’usine (Harman technology) de 140 £ de produits Ilford. Retrouvez les infos sur le site Ilford.

Ilford Photo hides prize-winning silver ticket in a roll of film

Une nouvelle pelloche chez Lomo

Quelques années que Lomo n’avait pas sorti une nouvelle émulsion de son labo (je ne parle pas des pellicules où ils rajoutent une étiquette). Le nouveau bébé est prévu pour le début d’année 2020. La campagne Kickstarter a encore fait des ravages. Pour en savoir plus, c’est dans l’article.

Exposition Sally Mann au Jeu de Paume jusqu’au 22 septembre

Depuis plus de quarante ans, Sally Mann (née en 1951) réalise des photographies expérimentales à la beauté obsédante qui explorent les thèmes essentiels de l’existence : mémoire, désir, mort, liens familiaux, magistrale indifférence de la nature envers les hommes. L’unité de ce vaste corpus – portraits, natures mortes, paysages et études diverses –, repose sur l’évocation d’un lieu, le Sud des États-Unis.

Sally Mann, originaire de Lexington (Virginie), a écrit voici bien longtemps sur ce que signifie vivre dans le Sud des États-Unis.. S’appuyant sur un amour profond pour sa terre natale et sur une bonne connaissance de son héritage historique complexe, elle pose des questions fortes et provocantes, sur l’histoire, l’identité, la race et la religion, qui transcendent les frontières géographiques et nationales. Cette exposition, la première rétrospective majeure de cette artiste reconnue, traite de la façon dont sa relation avec sa terre d’origine a façonné son œuvre.

Organisée en cinq parties et dotée de nombreuses œuvres inconnues du public ou inédites, cette rétrospective constitue à la fois une vue d’ensemble de l’œuvre de l’artiste sur quatre décennies et une fine analyse de la manière dont le legs du Sud, à la fois patrie et cimetière, refuge et champ de bataille, transparaît dans son travail comme une force puissante et troublante qui continue de modeler l’identité et le vécu de tout un pays.

Pour en savoir plus : Sally Mann, Mille et un passages

Robert Doisneau dans le Gouffre 

Nous sommes à l’été 1954 lorsque Robert Doisneau se rend au Gouffre de Padirac et décide s’immortaliser ce site incontournable de la vallée de la Dordogne, région qu’il affectionne et visite régulièrement en compagnie de sa famille, depuis les premiers congés payés en 1937. L’expo est géniale. Vous y trouverez des photos tendres et humanistes de ces visiteurs de l’époque émerveillés par la force de la Nature, comme vous le serez vous-mêmes. On y découvre de nombreux clichés d’un gouffre intemporel : le site naturel et ses employés mais aussi les visiteurs et des scènes régionales. A faire donc, si vous êtes dans le coin. D’autant que si vous envie d’en découvrir davantage sur Robert Doisneau et son attachement pour la région… vous pourrez également vous rendre à La Gare Robert Doisneau, un lieu unique dédié au photographe au coeur du Périgord Noir, à Carlux.

Pour en savoir plus le gouffre c’est ici. 

2ème prix du concours BHV X Lomography !

Cet été, LE BHV MARAIS et Lomography célèbraient le Lifestyle Parisien dans le cadre de l’opération « Parisian Stories ». La ville de Paris a inspiré de nombreux poètes, auteurs, peintres, photographes et artistes du monde entier. Pour l’occasion, et en collaboration avec la marque d’appareils photos analogiques Lomography, le BHV proposait de participer à un concours photo pour gagner des bons d’achat BHV et Lomo. Les modalités ? Jusqu’à 10 photos par participant, forcément argentique (film ou instantané) et carré. En allant sur son compte lomo, il était possible d’ajouter des étiquettes avec le nom des films utilisés et des appareils. Et me voilà l’heureuse gagnante du 2ème prix ! Cette photo de Notre Dame (avant le tragique incendie) fait parti d’une série réalisée tout en pellicule lomochrome purple en 120 (avec mon Lomo LC-A 120) et 35 mm pour ma cousine qui cherchait des illustrations pour son site E&M Immobilier. C’est donc un peu grâce à elle. Je la remercie!

Carole Epinette à Sarlat la Caneda (Périgord)

Rolling StoneLe MondeRock & FolkLibérationHard N’HeavyClassic Rock… Tous ont publié un jour les photographies prises par la talentueuse Carole Epinette. Depuis 1994, la Française a fait du rock son métier. Elle se glisse dans les coulisses des plus grands artistes du monde pour réaliser des clichés mythiques. Iggy Pop, David Bowie, Marilyn Manson, les Stones ou encore Coldplay… Tous sont passés entre les mains de la photographe argentique de génie. C’est d’ailleurs à elle que l’on doit le cliché mythique d’un Lemmy Kilmister montrant son sein gauche. Immortel à travers la musique, le chanteur de Mötorhead l’est également en photographie grâce à Carole Epinette.

Parce que la photographe a pu croiser le chemin de légendes aujourd’hui disparues, elle a décidé de leur rendre à nouveau hommage en exposant son oeuvre à Paris, puis à Carlux et maintenant Sarlat. Intitulée Rock is Dead, cette rétrospective revient sur une carrière de plus de vingt ans. A travers ses clichés, c’est le visage du rock qui se révèle. Un rock dont certains représentants ont aujourd’hui disparu mais qui continuera éternellement à vivre dans nos cœurs et nos oreilles.

Rock is Dead, vraiment ?

L’expo de Carole Epinette est complétée par sa série Africa dans la salle juste à côté. Des images poétiques en noir et blanc toujours annotées de citations et de textes inspirants.

Pour en savoir un peu plus sur Carole Epinette, voici une interview :

Concours Pentax X Fisheye Magazine : célébration de la fête les nuits d’été

Pour célébrer les 100 ans de la marque Pentax et les 50 ans des Rencontres d’ArlesFisheye et Pentax vous proposent un jeu-concours autour de la célébration et de la fête. Le tout dans la ferveur des nuits d’été.

Le monde de la photographie est d’humeur festive. À l’occasion des 100 ans de la fameuse marque japonaise Pentax et les 50 ans du festival des Rencontres d’ArlesFisheye et Pentax proposent un jeu-concours. Présent dans les grands évènements photo, partenaire des Rencontres d’Arles notamment grâce au VR ARLES FestivalFisheye ne pouvait rater ce double anniversaire. Dans cet été caniculaire, la douceur de la nuit est propice à la fête. C’est la thématique que nous vous invitons à aborder. Arpentez les rues, appareil photo à la main, et saisissez l’essence des soirées estivales. À vous de jouer !

Les modalités de participation

Le thème : les nuits d’été.

Pour participer et représenter joyeusement cette saison, rien de plus simple. Les participants n’auront qu’à poster leurs meilleurs clichés sur Instagram avec les hashtags #fisheyexpentax et #pentax100.

La date limite de candidature est le 28 août 2019. Le concours est ouvert à toute personne physique majeure à l’exclusion des membres du personnel des sociétés ayant organisé le concours et leur famille. Le règlement est à retrouver ici

Le jury sera composé de membres de la rédaction de Fisheye et des équipes de Ricoh-Pentax.

Les récompenses

Après délibération du jury, trois heureux photographes seront récompensés.

  • 1er prix : Un an d’abonnement à Fisheye / le Photobook vol.3 / une caméra 360° RICOH THETA SC
  • 2e prix : Un an d’abonnement à Fisheye / le Photobook vol.3
  • 3e prix : Le dernier numéro de Fisheye / le Photobook vol.3

L’astrophotographie

L’espace est à la mode ces dernières années : les films comme InterstellarGravitySeul sur MarsPremier contact (pour ne citer qu’eux), le séjour de Thomas Pesquet à bord de l’ISS, mais aussi les agences spatiales qui communiquent via les réseaux sociaux et l’essor de l’astrotourisme font (re)naître la curiosité du grand public pour tout ce qui ce qu’il y a au-dessus de nos têtes. Et des choses à voir, il y en a ! La photographie n’échappe pas à cette tendance : de plus en plus de photographes de tous niveaux veulent capturer le ciel, et cette fameuse Voie lactée, toutes les étoiles qui scintillent dans la nuit… Si comme moi, les vacances ont été l’occasion pour vous de lever la tête et de vous dire : wahou, c’est beau, elle est où la grande ourse? Alors je vous conseille l’excellent article du site Les Numériques. Il n’est pas trop tard pour vous y mettre les nuits sont encore belles et chaudes.

« L’alliance de la photographie et de l’astronomie donne naissance à l’astrophotographie, une discipline fascinante. Les images que nous obtenons dès l’affichage sur l’écran de notre appareil sont sublimes… à condition de maîtriser les bonnes pratiques, celles que nous allons détailler dans ce dossier. L’astrophotographie se compose de plusieurs sous-disciplines plus ou moins complexes, selon les sujets à photographier.

Aujourd’hui, l’astrophotographie est accessible à tous ; les boîtiers reflex sont devenus suffisamment sensibles et performants pour capter les très faibles lumières des étoiles, galaxies et nébuleuses qui ont parcouru le vide intersidéral pendant des centaines, milliers, voire millions d’années avant de nous atteindre. Avec de la pratique, de la curiosité et de la créativité, vous arriverez à prendre de belles images du ciel. »

Si comme moi, vous ne savez pas repérer la « grande casserole » et que vous ne faites pas la différence entre un avion dans le ciel et l’étoile du berger, téléchargez l’appli de réalité augmentée Star Walk 2 qui vous permet de nommer les étoiles que vous voyez sous vos yeux et même de reconnaitre les constellations. L’appli émettra des notifications lorsque des évènements inratables se trouvent au-dessus de votre tête : pleine Lune, nuits des étoiles filantes, etc.

Et puis si l’infiniment grand ne vous intéresse pas, vous pouvez toujours faire de la digiscopie!

La photographie de Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

Christophe Serrano est un photographe de mariage exceptionnel qui sait manier la pellicule comme personne. Reconnu par des marques de mode célèbres comme Louboutin ou La Perla, il sait se démarquer par son style créatif et efficace. Spécialiste de la photographie Fine Art déclinée en Fine Art Romance, son style se caractérise par des images lumineuses, pastelles, naturelles et douces. Magie de la pellicule mais surtout vraie magie de l’artiste. Les textures sont sublimées et romantiques. Dans le monde du mariage, il existe plusieurs styles de photographes. Le Fine Art est un style en plein essor. Des photographes comme José Villa aux Etats-Unis, Xavier Navarro, Greg Finck en France sont les représentants de ce mouvement. Christophe a accepté de nous en parler mais surtout de nous livrer ses secrets et ses sentiments sur les mariages argentiques d’exception. Mille merci de m’avoir fait l’honneur de te poser quelques questions. 

Salut Christophe, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions, peux-tu te présenter s’il te plait ?

Hello, alors je suis un gars du Sud de la France, en Provence, papa célibataire et heureux de jumeaux qui vivent avec moi une semaine sur deux. Je joue de la guitare, pratique les arts martiaux. J’ai 41 ans au moment de l’article. J’étais auparavant responsable commercial dans le monde du bâtiment pour une société spécialisée dans les éclairages techniques intérieurs de bâtiments tertiaires et industriels.

Peux-tu nous expliquer depuis quand tu t’intéresses à la photographie et qu’est-ce qui t’y a amené ?

Il y a des gens attiré par les arts. Musique, dessin, peintures : ça s’explique pas, et ça commence déjà tout petit. Ajouter à ça un côté geek et voilà ! Vous comprenez pourquoi je me suis intéressé à la photo. A 19 ans, j’ai eu mon premier reflex argentique, et sans savoir l’expliquer, je ne me suis jamais lassé d’apprendre, explorer, tester, faire des photos.

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

Quelle est ta formation ?

Je viens d’un cursus universitaire orienté électronique électricité. Mais j’ai travaillé 15 ans dans la vente technique. Quand à la photo, ma formation vient de moi même. Je n’ai jamais pris de cours, je suis totalement autodidacte. Même si aujourd’hui, j’enseigne la photo à presque 50% de mon temps.

Peux-tu nous citer une photo qui t’a marquée et nous la décrire ? 

Cette photo de Peter Lindbergh, car elle symbolise une étape clé dans l’histoire des femmes et des mannequins. C’était la première fois que Vogue NYC publiait une photo en Noir et blanc, de femmes presque à l’état brut, démaquillées, non trafiquées, en Jean… ça a lancé la carrière de certaines… ça a fait hurler certaines personnes à la rédaction de Vogue. Mais c’est une femme française, qui a insisté pour publier cette image et en faire une couverture. Cette photo symbolise un peu le départ de la période des tops modèles stars des années 90. L’intention photographique de Peter était de montrer des femmes de caractères, belles dans leur simplicité, sans les artifices habituels des codes de la mode des années 90… Bref ce qui fait la force de cette image, c’est son histoire, l’intention photographique qui se cache derrière, son contexte… J’insiste, j’ai eu la chance de rencontrer Peter Lindbergh, Peter Knapp, Formento+Formento… Le point commun de ces artistes, c’est l’intention photographique! C’est ce qui donne sens et permet d’aller plus loin….

Qu’est-ce qui t’intéresse dans la photo de mariage ? Les shootings ?

La créativité. Bien sur c’est un job et j’ai à cœur de faire le plus plaisir possible à mes clients, mais que ce soit un mariage, du publicitaire, de la mode, j’essaie toujours de mettre un peu de moi, de créer, d’essayer de réaliser des compositions et un « story-telling ». Chaque fois, c’est comme un défi, et vu que ça change tout le temps, je ne me lasse jamais.

Pourquoi faire de la photo argentique à un mariage ?

Parce qu’au niveau des couleurs, le rendu d’une pellicule est incroyable. Les images sont contrastées, et la chimie de la pellicule réagit différemment d’un capteur. Bien sûr à force, mon œil s’est exercé à reproduire un peu mieux le rendu de la pellicule, mais la pellicule reste mon étalon, ma base. Les ombres vont virer au bleu, être très denses, quand en même temps les hautes lumières seront chaudes, avec un ton chair très doux, lumineux et à peine rosé… Et si vous avez une lampe à incandescence dans le fond, vous aurez un bokeh emplie de taches dorées. Ce rendu est très difficile à reproduire en numérique.

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

 Qui sont ces clients qui veulent de l’argentique et pourquoi ?

Les clients qui veulent de l’argentique sont majoritairement américains, essentiellement des couples qui sont à fond sur les blogs américains et par la force du marketing, ils se sont persuadés que c’était le top puisque toutes les stars du « Fine Art » et les plus grands photographes mis en avant dans les blogs sont des photographes argentiques. Wedding Sparrow, One wed, Magnolia rouge ne publie exclusivement que des photographes argentiques… par exemple.

Photographe argentique ne fonctionnera pas, Film Photographer oui…

Après, pour être honnête, les clients millionnaires ne demandent pas la technologie, ils veulent juste le résultat. Très très rares sont les photographes numériques réussissant à obtenir le rendu et la magie de l’argentique. Après, un reportage argentique signifie plusieurs milliers d’euros de différence car il faut un assistant pour charger les pellicules, plus le coût des pellicules et du développement. 1 photo revient à presque 2€ sans marge! 1000 photos coûtent 2000€ avant votre marge… Les clients habitués à mettre 6000 à 35000€ dans un photographe ne sont pratiquement jamais français. On est un pays riche mais un peuple pauvre en proportion de pas mal de pays modernes où il existe contrairement à la France une classe sociale moyenne et moyenne Haute qui dépasse 15000€ de revenus par personne quand notre classe haute à nous stagne à 90% à 3000€. Je suis désolé je vais faire réagir avec ces commentaires, mais c’est un constat. Parmi les pays dit riches, le français vit dans un super pays mais nos cadres ont des salaires d’étudiants par rapport à un américain. Et en Angleterre, en Chine, en Australie, en Norvège, en Suisse etc… Il existe une classe moyenne plus haute et représentative qui n’existe pratiquement pas chez nous. Pour conclure, l’argentique c’est magique, mais dans le business, il vous sera nécessaire de vous développer vers une clientèle non française si vous voulez en vendre…

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

 Qu’est-ce qui change dans ta pratique entre un reportage de mariage en numérique et un en argentique ?

C’est la où moi je fais parti des partisans du Mix des technologies. Greg Finck a une expérience et gère très bien le Full argentique. Mais dans mon cas, j’aime utiliser le meilleur des deux technologies. L’argentique est meilleur quand la lumière est forte, voir très forte. Au cocktail, à midi, en fin de journée sur la séance couple ou sur les photos posées et artistiques. Mais c’est lent, et ça me pose deux soucis. Les moments rapides comme la sortie de l’église, et les moments sombres comme l’église ou la soirée. De même en Mode ou catalogue, parfois il est plus simple de travailler en numérique là où la technologie va surpasser l’argentique. Mon Nouveau Nikon Z6 me permet de faire des photos à 25600 ISO par exemple. La contre partie, c’est d’être capable de traiter ses images pour obtenir un rendu argentique. ça demande de l’expérience et un œil exercé.

Pour revenir à l’argentique, la technologie est plus facile dans le sens où la pellicule accepte incroyablement les erreurs à partir du moment où l’on sur-expose tout le temps. Avec une Portra 400 ou une FUJI 400 H, il faut exposer pour les ombres et sur-exposer. Mais si je crame, le labo arrive toujours à me sortir un super résultat. Jusqu’à 6 7 IL en hautes lumières je pense!! C’est incroyable. Je prends donc ma mesure sur l’endroit qui me parait le plus sombre. L’appareil me dit 1/1000°. Je me met à 1/500° ou 1/250°, et même si les hautes lumières sont à 1/4000°, toutes mes photos seront réussies!!!!

Ensuite vient l’expérience de la gestion des pellicules, du chargement, avec une pellicule de prête dans un dos de secours en permanence. Surtout en Moyen format comme avec un boitier 645. Il faut un assistant et un second qui double en numérique si besoin. Des sacoches pour séparer les films finis des films neufs, un stylos pour les numérotées, ce qui facilite le tri ensuite à réception… et de bien anticiper les moments du mariage : ne pas se retrouver avec seulement deux images restantes à un moment clé qui arrive! ça demande de l’expérience…

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

(c) Christophe Serrano

Peux-tu nous expliquer comment tu fonctionnes ?

Mes clients m’achètent généralement un pack Mix Argentique/Numérique avec 20-30 pellicules. Et me font confiance sur la manière de les utiliser. Je travaille au Contax 645 avec le Zeiss 80 F2. Je fais ensuite développer chez CARMENCITA Film LAB. Je compte tester bientôt un autre labo en Russie qui me permettrait d’être un peu moins cher. On verra. Je demande toujours un réglage contrasté, assez froid..

Selon toi, qu’est-ce que l’argentique apporte de plus que le numérique aujourd’hui ?

La magie de la chimie, les éléments réagissent différemment en fonction de leurs particularités. Les cheveux prennent des reflets bleus et très noirs, quand en même temps la peau reste très claire, avec un ton chair très doux et neutre. L’eau va prendre un rendu dans les bleus magiques, et le ciel un voile rose avec des bokeh dans certaines hautes lumières très jaunes! Sans compter le piquet et la profondeur du moyen format!

Nessa - Christophe Serrano-177

(c) Christophe Serrano

Dans ce blog, on parle d’appareils photos argentiques ou numériques qui ont une âme. Quel a été ton premier appareil photo? Peux-tu nous raconter son histoire ?

UN CANON EOS 50 AVEC UN 18-55 offert par mes beaux parents, j’avais 19 ans… Et ci-joint un exemple avec le rendu avec une kodak couleur de base développé dans un labo de galerie commerciale en 2003 après un voyage en Polynésie. Ici le rendu du 18-55 et un filtre polarisant. Ce boitier je l’ai encore. Depuis, j’adore parfois sortir avec un vieux FM2 et un 50 mm. Ce côté imparfait dans la visée me surprend toujours tellement le rendu est magique.

Remarquez le reflet!!! c’est la classe (c) Christophe Serrano

polynésie 3

(c) Christophe Serrano

 

ohhhh la la! (c) Christophe Serrano

Quels sont tes futurs projets ?

J’ai deux grands objectifs à but pro. Rentrer dans la case des photographes réputés internationalement. Je veux rejoindre Greg Finck et devenir l’alternative de ces photographes étrangers qui viennent travailler sur des mariages en France avec une clientèle étrangère.

Et je veux gravir la marche des photographes de mode, j’ai un nouveau défi ici. Je fais déjà de la mode, mais je veux rentrer dans le carnet des agences de prod, des agents de photographes…

Et dernier projet, m’associer à des gens ayant de vrais projets culturels, sociaux, notamment sur des sujets comme la liberté de la femme, l’éco-responsabilté et des sujets qui me touchent. J’aimerais réaliser des reportages artistiques concrets en association avec des gens, sur de vrais projets profonds, et faire des expos… Je suis preneur d’ailleurs si vous voulez me contacter pour ça….

Mille mercis !

 

Retrouvez Christophe ici :

Nouvelle pellicule Lomochrome Metropolis

Après 10 campagnes Kickstarter réussies, Lomography est de retour sur le site de financement participatif et presque prêt à produire leur dernière pellicule argentique, la LomoChrome Metropolis, le premier film négatif couleur depuis plus de 5 ans. Suite à l’engouement des fans de lomo pour la gamme de pellicules expérimentales LomoChrome (la LomoChrome Purple et la plus ancienne LomoChrome Turquoise), Lomography a décidé de créer une toute nouvelle édition. La LomoChrome Metropolis sera disponible en 35 mm, 120 (moyen format), 110 (petit format) et 16 mm (pellicule cinématographique). LomoChrome Metropolis promet une formule chimique, spécialement mise au point par Lomography, qui désature les couleurs, atténue les tons et fait ressortir les contrastes de façon pop. Inutile de vous précipiter pour participer, la campagne a trouvé ses fans en moins de 72h ! Et lomography envoyait déjà un message de remerciements :

« Il y a certaines choses sur lesquelles on peut toujours compter; les chats retombent toujours sur leurs pattes, le soleil se lève à l’Est et la communauté analogique fait preuve d’un soutien indéfectible. Nous sommes ravis de voir notre dernier rêve analogique se concrétiser, moins de 72 heures après son lancement – c’est donc notre 11ème projet Kickstarter financé avec succès. Merci, nous n’aurions pas pu le faire sans vous et nous ne pourrions être plus fiers de construire ensemble la nouvelle LomoChrome Metropolis. L’aventure de ce film fantastique est loin d’être terminée, voyons jusqu’où elle nous mènera ! Ne ratez pas l’occasion d’être l’un des tous premiers à shooter avec ce film unique ! Votre contribution permettra de soutenir l’avenir de la photographie argentique et en plus de cela, vous économiserez jusqu’à 25% sur le prix de vente final de la LomoChrome Metropolis ! »

Objectif de 99 319 euros dépassé largement et plus de 1339 conributeurs le 23 juillet, soit 31 jours avant la fin !

On peut juste se demander pourquoi Lomography passe (encore) par ce type de site « participatif » alors que c’est aujourd’hui une entreprise aux reins solides! Teasing ? Technique pour jauger ses fans ? Pourquoi pas… En tout cas : cela fonctionne !

Lomography surfe sur la tendance du #nofilter c’est à dire la faculté qu’ont les photographes argentiques à obtenir des photos façon « filtres Instagram » mais sans utiliser de filtres! Lomography cherchaient également une pellicule qui se développe facilement au labo (procédé C41) : c’est chose faite. Ok, pourquoi pas… mais à quelle prix ?

Spécificités

  • Type de film : Négatif couleur
  • Développement du film : Standard C-41
  • Formats disponibles : 35 mm, 120 (moyen format), 110 (petit format) et 16 mm (pellicule cinématographique)
  • Sensibilité du film : Sensibilité étendue 100-400 ISO
  • Balance des couleurs : Équilibré Lumière du jour (5500K)
  • Grain : Grain fin
  • Caractéristiques : Noirs profonds, forte dynamique et tonalité sombre des couleurs pour des expositions contrastées

Lomography abat son dernier argument : la flexibilité de la sensibilité. En effet, la petite nouvelle offre une sensibilité large de 100 à 400 iso selon l’intensité des effets que vous souhaitez obtenir.

« Comme notre iconique LomoChrome Purple, la LomoChrome Metropolis a une sensibilité étendue 100-400 ISO, ce qui veut dire que vous pouvez changer de sensibilité à votre convenance (en changeant le réglage ISO sur votre appareil) pour influencer l’intensité de l’esthétique du film. De notre expérience, la LomoChrome Metropolis dévoile tout son éclat quand elle est shootée à la lumière directe du soleil tandis que la précision de la pellicule se révèle plus dans les ombres et montre ainsi son côté dramatique. Plus les teintes seront chaudes, plus le rendu sera susceptible d’adopter des nuances de jaune/vert. »

Les premières quantités de LomoChrome Metropolis seront livrées à partir de février 2020.

Pour voir la liste des contributions disponibles et les quantités restantes, rendez-vous sur la page principale du Kickstarter.

(c) Daisuke Hashihara

(c) Louis Dazy

(c) Yoshitaka Goto

(c) Samuel Eder

Baptiste de E.M.G.K photographie

Mariage de Camille et Maxime (c) EMGK Photographie

Ils ne sont pas nombreux les photographes de mariage qui préfèrent l’argentique au numérique. En 35 mm, en moyen format et même avec un peu de pola, ce photographe lillois est spécialisé dans la photographie argentique. Baptiste est le photographe qui se cache derrière E.M.G.K PhotographiePour lui, l’argentique, c’est choisir une esthétique différente, organique. Ce qui a commencé comme une passion est vite devenu une obsession et sa vie tourne aujourd’hui entièrement autour de la photographie. Il photographie les mariages depuis 2015, principalement en argentique. Il réalise aussi des portraits, également en argentique. Mais Baptiste ne s’arrête pas là : il propose aussi des cours et des formations autour de la photographie argentique. Il propose même une box photo et des tutos sur Youtube ! Issu d’une formation en histoire de l’art, et en gestion de projet culturel, il a gardé la passion de la transmission de la connaissance. Il a accepté gentiment de répondre à mes questions. Merci à lui ! 

  • Salut Baptiste, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions, peux-tu te présenter s’il te plait?

Bonjour, et merci pour ton invitation ! En quelques mots, je m’appelle Baptiste, et je pratique la photographie depuis environ 5 ans, et plus particulièrement la photographie argentique. J’anime également une chaine Youtube sur la photographie argentique, et, au-delà de la photo, j’ai un intérêt particulier pour la vidéo et la musique.

 

  • Peux-tu nous expliquer depuis quand tu t’intéresses à la photographie et qu’est-ce qui t’y a amené ?

Enfant, j’ai fait de la photographie en vacances, d’abord avec des appareils jetables, puis avec un petit compact argentique… J’ai perdu cette habitude à l’adolescence, où j’ai beaucoup pratiqué la musique. Je me suis mis ensuite à la vidéo, ce qui m’a rapproché de la photographie, mais c’est finalement ma femme qui m’a transmis le virus de la photographie, et notamment de la photographie argentique il y a 5 ans. C’est ensuite passé d’une passion à un métier, et il est rare que je passe une semaine sans prendre une seule photo !

  • Quelle est ta formation ?

Je n’ai pas de formation à la photographie en particulier. Après le bac, j’ai fait une classe prépa littéraire, avec une spécialisation en histoire de l’art. J’ai continué ensuite en licence d’histoire et d’histoire de l’art, et j’ai terminé mes études avec un master en gestion de projet culturel, avec une spécialisation en musique et audiovisuel…. J’ai toujours été un peu touche-à-tout !

Mariage de Flora et Julien (c) EMGK Photographie

 

  •  Peux-tu nous citer une photo qui t’a marquée et nous la décrire ? (de toi ou de quelqu’un d’autre)

J’aime beaucoup cette image, que j’ai prise à la fin de l’année 2018 (photo ci-dessous). Je l’ai même fait tirer et elle est exposée dans mon espace de travail. C’est une image en tension, ou le jeune homme est en suspension, et il est impossible de savoir si sa cascade est réussie ou non. Elle représente bien ma façon de voir mon travail en photo, où j’ai constamment l’impression d’être en suspension, sans savoir comment je vais retomber sur mes pieds : j’ai tendance à lancer beaucoup de projets, et je travaille beaucoup sur chacun d’entre eux, sans forcément toujours pouvoir prévoir l’issue des projets.

(c) EMGK Photographie

  • Qu’est-ce qui t’intéresse dans la photo de mariage ? Les shootings ?

En tant que photographe, nous sommes souvent le prestataire le plus présent dans la journée. Si je couvre la journée entière et que j’arrive au moment des préparatifs, c’est souvent un moment où seule la proche famille ou les amis intimes partagent, et je suis la seule personne extérieure présente. Il y a quelque chose de fascinant à participer à cette journée de l’extérieur, et de saisir toute la complexité des émotions et des événements.

Je trouve qu’il y a quelque chose de très particulier à photographier un mariage : pour les mariés, c’est un moment fort, très intime de leur vie.

Il faut rapidement saisir l’ambiance de la journée, pour la raconter de façon sincère et honnête, et c’est un défi que j’apprécie. En tant que photographe, nous créons le support des souvenirs de la journée, et nous sommes pourtant la seule personne qui n’apparaît sur aucune image. J’aime cette position d’observateur, et le défi que représente le récit d’une journée aussi importante que celle d’un mariage.

Mariage de Flora et Julien (c) EMGK Photographie

Mariage de Flora et Julien (c) EMGK Photographie

  •  Pourquoi faire de la photo argentique à un mariage ?

Il y a plusieurs raison, personnelles, photographiques, et commerciales.

Pour moi, travailler en argentique, avant d’être une question de look, est une question d’attitude photographique : il y a un côté rafraîchissant à avoir une limite, à devoir réfléchir aux images, et à devoir les imaginer sans pouvoir les voir immédiatement. Pour moi, le matériel doit être le plus «transparent » possible. Le numérique, avec tous ses écrans et ses menus, offre beaucoup de distraction. L’argentique est pour moi plus simple, et permet de se concentrer sur les réglages photographiques simple, la composition, et la relations avec l’événement et les personnes photographiées.

C’est aussi une question d’esthétique : la pellicule offre un « look » particulier, directement depuis la prise de vue, sans avoir besoin de longues retouches sur ordinateur. De façon générale, je trouve la pellicule plus « lumineuse », notamment pour les portraits.

Cela permet aussi de travailler plus facilement avec des appareil « moyen format », qui offre une taille de négatifs de 3 à 6 fois plus importante que le « plein format » numérique, avec des effets particuliers sur la profondeur de champ, la résolution d’image… C’est une façon unique de travailler (qui n’est possible qu’en argentique à moins d’un investissement très important sur un moyen format numérique).

Enfin, le marché de la photographie de mariage est de plus en plus chargé, avec un nombre de mariage décroissant : Choisir l’argentique est aussi une façon pour moi de proposer quelque chose de différent, et de me démarquer par rapport à d’autre photographes.

Mariage de Flora et Julien (c) EMGK Photographie

  • Qui sont ces clients qui veulent de l’argentique et pourquoi ?

En général, les clients qui réclament un travail en argentique cherchent justement une manière différente de photographier pour leur mariage. Comme je le disais, lorsque l’on regarde sur les sites de prestataires de mariage, il y a des centaines de photographes qui proposent les mêmes formules, et la même façon de travailler, et l’argentique offre une alternative.

Également, lorsque l’on dépense un budget important pour la photographie, avec l’argentique, cette dépense semble dirigée vers quelque chose de tangible : il y a des frais incompressibles de pellicule et de traitement d’image, et je pense que, pour certains clients, cela aide à comprendre la dépense nécessaire pour la photographie dans un mariage, par rapport à une prestation numérique qui parait plus abstraite. C’est une dépense qui semble plus logique.

Mariage de Pierre et Anne-Sophie (c) EMGK Photographie

Mariage de Pierre et Anne-Sophie (c) EMGK Photographie

Mariage de Pierre et Anne-Sophie (c) EMGK Photographie

Mariage de Pierre et Anne-Sophie (c) EMGK Photographie

  • Qu’est-ce qui change dans ta pratique entre un reportage de mariage en numérique et un en argentique ?

C’est déjà une autre manière d’aborder la journée, dans sa préparation. Sur une prestation argentique, je dois réfléchir à l’avance au nombre de films que j’emporte selon la journée, et la répartition entre films couleur et noir et blanc, selon la météo, la saison, et les préférences des clients… Des questions qui ne se posent pas en numérique !

Sur le déroulé de la journée, la différence majeure pour moi et le poids de mon sac. En argentique, j’emporte un système 35mm, et un système moyen format, avec chacun deux à trois optiques. En numérique, j’ai besoin de beaucoup moins de matériel. Dans le déroulé, je m’arrange pour ne pas toujours avoir tous sur moi pour rester mobile, notamment lors des cérémonies civiles et religieuses.

Je n’aime pas opposer argentique et numérique : ce sont des procédés tellement différents, tant dans le rendu que la façon de travailler, que je trouve dommage de toujours les comparer. Je pense que les deux ont leur place dans la photographie moderne. Je trouve intéressant de pratiquer argentique et numérique, pour ce que chaque technique peut apporter à l’autre.

Il y a également des difficultés qui se posent en argentique qui ne se pose pas en numérique, notamment dans des situations de basses lumières, avec du film couleur. Il y a toujours des solutions, soit à la prise de vue, soit au développement, mais j’aborde ces moments différemment en argentique qu’en numérique, où je peux simplement monter un peu la sensibilité. De manière général, après le coucher du soleil, je préfère travailler en noir et blanc, mais ce n’est pas toujours possible selon les consignes des mariés.

Enfin, après la journée, le traitement des images est différent. En argentique, après le développement des films, les négatifs sont numérisés, et les retouches sont minimales (équilibre des couleurs, ajustement pour la cohérence du reportage…) et je livre généralement un mariage tout argentique en moins d’un mois. En numérique, le tri est plus long, parce que j’ai tendance à prendre plus de photos (pour en livrer le même nombre), et la retouche prend également plus de temps.

Mariage de Pierre et Anne-Sophie (c) EMGK Photographie

  • Peux-tu nous expliquer comment tu fonctionnes ?

Voici comment j’organise un mariage et la relation avec les mariés en général :

  • J’aime pouvoir rencontrer les mariés avec la journée du mariage, à la fois en rendez-vous, mais aussi lors d’une séance engagement (qui est toujours offerte) : cela permet de faire connaissance au travers de l’appareil photo. J’attache beaucoup d’importance à la relation humaine au travers de la photographie, et cette étape d’échange et de préparation est très importante pour moi dans mon rapport avec mes clients.
  • Ma préparation dépend de l’organisation de la journée de mariage : le jour J, j’aime être autonome, et je demande plusieurs informations au mariés (programme de la journée, shot-list, adresse…).

Selon la prestation, le budget des mariés et la durée de la journée, le nombre de pellicule varie : De manière général, il est lié au nombre photo qui va être livré, qui a été discuté avec les mariés. Sur une journée entière, des préparatifs à la soirée, je pars en moyenne avec 10 à 15 pellicules 35mm pour le reportage et une dizaine de pellicule moyen format pour les portraits et les photos plus artistiques… Mais c’est très variable selon les mariages et les mariés ! J’ai toujours plus de pellicules que nécessaire, pour éviter de tomber à cours en cas d’imprévus.

  • Concernant le traitement des images, je laisse la couleur à un laboratoire local de confiance (je n’aime pas envoyer mes films par La Poste…), mais je développe moi-même le noir et blanc. Je numérise par contre toute les images sur un scanner haute définition, directement à partir du négatif. Pour moi c’est une étape importante à contrôler pour le rendu final des images et assurer une cohérence dans le reportage. Je travaille à pouvoir proposer une sélection de tirage argentique noir et blanc, très certainement dès l’année prochaine !

Mariage de Pierre et Anne-Sophie (c) EMGK Photographie

Mariage de Flora et Julien (c) EMGK Photographie

  • Quelles sont tes pellicules préférées ? Ton/tes boitier(s) ?

Pour les mariages, je travaille avec des appareils assez modernes, un Canon EOS 3 et un EOS 5, qui sont sortis respectivement en 2002 et 1992, et qui offrent tout le confort moderne (autofocus, PASM…), la compatibilité avec des optiques récentes, et une fiabilité à toute épreuve. Pour le moyen format, je travaille avec un Mamyia 645 Pro, et un jeu de trois optiques (55mm, 80mm, 150mm)… C’est un boitier que j’affectionne beaucoup, et dont les images n’ont rien à envier à des systèmes plus coûteux.

Par contraste, dans ma pratique personnelle, je préfère les boitier 100% mécaniques, comme le Canon FTb QL. J’ai une affection particulière pour le matériel de la marque Miranda, et je possède un Sensorex et un Sensorex EE, qui ont une place de choix dans ma petite collection.

Depuis peu, j’ai restreint le nombre de mes appareils pour ne conserver que ceux que j’utilise et affectionne tout particulièrement, et ne garder que mes préférés.

Question pellicules, difficile de ne pas aimer la Kodak Portra, qui est le film parfait pour moi, même si la Pro 400H n’est vraiment pas loin derrière. En noir et blanc, mon cœur va à Ilford avec la Delta 400 (que j’aime pousser à 1600 ISO), avec un mention d’honneur pour la Kodak P3200 pour ses contrastes et son grain.

  • Dans ce blog, on parle d’appareils photos argentiques ou numériques qui ont une âme. Quel a été ton premier appareil photo? Peux-tu nous raconter son histoire ?

Mon premier appareil photo d’enfance était un Yashica Zoom, un petit compact que j’ai reçu pour mes dix ans. J’ai retrouvé des images prise avec récemment, et elle n’était pas si mal ! Je l’utilise encore de temps en temps, pour partir en vacances. Il m’avait été offert pour mes dix ans.

Quand je me suis remis à l’argentique, j’ai acheté un Canon A1, que je possède encore. C’est un appareil qui m’a permis de renouer avec la créativité et le goût de la photo, au moment où je me perdais dans la possibilité de la photo numérique. Il m’a donné un cadre, et, même s’il n’est plus mon appareil de premier choix, il garde une place particulière dans mon parcours photographique.

  • Quels sont tes futurs projets ?

Mon plus gros projet pour l’année qui vient sera de me mettre sérieusement au tirage argentique. C’est quelque chose que je veux developer depuis longtemps, et j’ai hate de découvrir ce pan de la photo argentique qui m’est encore inconnu !

Mille mercis !

 

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Une histoire marocaine

Place Jemaa El-Fna – Marrakech – Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Ali et Anna se sont rencontrés pendant leurs études de chimie à Cergy, il y a déjà plus de 10 ans. Séparés ensuite : Ali au Maroc et Anna à Paris, ils ont continué de s’aimer malgré la distance. Anna a ensuite rejoint son amoureux à Casa. Aujourd’hui, ils vivent leur idylle au Maroc et ont souhaité se dire OUI devant leur famille et leurs amis à Marrakech. L’occasion pour moi de célébrer leur union en argentique, de flâner dans les ruelles marocaines, de me délecter des spécialités culinaires, de ressentir cette atmosphère orientale et de tenter de l’immortaliser sur pellicules. Ce voyage a fait remonter chez moi des souvenirs de famille : la jeunesse de mon grand-père à Casa qu’il me racontait volontiers comme une histoire enchantée et les vacances avec mes parents, ado, à visiter le nord et le sud du Maroc. Marrakech a changé en 20 ans. Plus moderne, plus pragmatique, elle a su s’adapter au tourisme occidental toujours plus présent. Restaurants et boutiques ont fait peau neuve. Mais cette ville n’a rien perdu de sa magie, à l’image de l’emblématique place Jemaa El-Fna : lumières et fumées féériques, musiques, chaleurs et parfums qui s’en échappent.

Célébration du mariage

Nous sommes le samedi 27 avril. Après avoir lézardé à la piscine de l’hôtel, nous voilà à la station service dans la médina, à nous régaler d’un bon tajine. Même si un os de poulet a failli avoir raison de ma présence au mariage, nous voilà enfin habillés et prêts à célébrer avec nos amis cette union pleine d’amour lors d’une cérémonie laïque. Il fait bon, il fait chaud, le soleil commence à décliner et quelques nuages apportent une touche de romantisme à ce tableau. Je me suis préparée quelques petites pellicules de choix à mettre dans mes deux boitiers argentiques : Canon EOS 1V pour la couleur et Canon EOS 10 pour le noir et blanc. Ce sera donc Ilford fp4 + 125 puis Kodak T-Max 400 pour le noir et blanc. Kodak Gold 200, Portra 160, Fuji Provia 100F et Kodak Color Plus 200 (flash) pour la couleur.

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Et voilà la mariée! Rayonnante au bras de son papa!

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Gold 200

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 10 – Ilford FP4+ 125

Canon EOS 10 – Ilford FP4+ 125

Canon EOS 10 – Ilford FP4+ 125

Canon EOS 10 – Ilford FP4+ 125

Canon EOS 10 – Ilford FP4+ 125

Canon EOS 1V – Kodak Portra 160

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Ali peut embrasser la mariée!!! La célébration est finie, nous pouvons maintenant faire la fête au son de la musique traditionnelle marocaine !

Canon EOS 1 V – Kodak T Max 400

Canon EOS 1V – Fuji Provia 100 F

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Canon EOS 10 – Kodak T Max 400

Nous pouvons continuer la soirée sous les couleurs de la golden hour et des bulles de champagne! Moi je suis déjà en rade de pellicule… ahahah Heureusement que JB est là pour me dépanner!

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Et voilà qu’Ali et Anna (dans une nouvelle tenue) reviennent mettre l’ambiance avec des danseuses à plateau et des porteurs ! Absolument magique!

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

La fête bat son plein même pour les enfants !

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Les ruelles de Marrakech et la place Jemaa El-Fna

5h30 du matin… il est l’heure d’aller se coucher alors que le soleil, lui, se lève. Autant vous dire que je n’ai pas vraiment profité du brunch! ahah! Dans l’après-midi, nous nous sommes échappés de la palmeraie pour retrouver un ryad dans le centre de Marrakech. Merveilleux havre de paix. Le soleil va bientôt se coucher, nous partons à la découverte du souk, des ruelles et de l’emblématique place. L’occasion pour moi de sortir ma pellicule diapositive Kodak Ektachrome E100.

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

Canon EOS 1V – Kodak Ektachrome E100

ça y est : la nuit est tombée sur Marrakech et l’ambiance a changé. Rabatteurs pour les restaurants, boni-menteurs, charmeurs de serpents, dresseurs de singes, escargots à la douzaine, côtelettes grillées et joueurs de cartes sont de sortie. Les lanternes illuminent nos pieds et les fumées s’envolent lourdement vers le ciel.

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Canon EOS 1V – Kodak Color plus 200

Notre voyage touche à sa fin. Demain il faut reprendre l’avion pour Paris et retourner travailler. J’espère que ces quelques moments avec moi au Maroc vous ont plu et vous ont définitivement convaincu que les mariages en argentique c’est super. Alors n’hésitez plus !

Collodion humide au Studio Ambrotype & Co.

Mélanie-Jane Frey et ses élèves pour un stage découverte de 2 jours

Cela fait déjà plusieurs années que je voue une adoration sans limite pour les collodionistes (ndlr : les photographes qui pratiquent le procédé ancien du collodion humide). La première fois que j’ai vu toutes les étapes de ce procédé argentique datant de 1850, du coulage du collodion sur une plaque de verre jusqu’au fixateur, c’était à la Foire Internationale de la photo à Bièvres en 2016 avec l’équipe du Street Collodion Art. Ça paraissait tellement simple : une petite tente de camping, un flacon magique de « collodion » (moi  j’y voyais juste un vernis un peu sirupeux), des plaques de verre et deux cuvettes. Et ce rendu! Wahou! Des jolies couleurs brunes-sépia, du contraste, une impression incroyable de profondeur et de relief, le tout sur une plaque de verre ou de métal. Il faut dire que la magie du collodion réside dans les détails obtenus, mais aussi dans le fait que l’image formée est à la fois une image négative lorsqu’elle est observée sur une surface claire et positive lorsqu’elle est placée sur une surface sombre. J’ai ensuite déchanté quand j’ai compris que cette technique est loin d’être accessible à tous, contrairement aux procédés par contact comme le cyanotype, le papier salé ou le Van Dyke. En effet, il utilise des composés chimiques à manipuler avec précautions, du matériel précis et aussi une chambre photographique (même s’il est toujours possible de faire des tout petits formats ou de trafiquer un appareil). C’est resté un fantasme dans un coin de ma tête. En 2018, j’ai fait connaissance avec la talentueuse Mélanie-Jane Frey et son Studio Ambrotype & Co. Alors forcément quand j’ai découvert sa série « Cello » composée de 23 ambrotypes format 8X10′, je me suis remise à rêver. Dans cet article, je vous raconte le stage découverte de deux jours que j’ai effectué avec Mélanie-Jane et je vous explique : le collodion comment ça marche? Si vous souhaitez tous les détails des formules, je vous invite à venir faire le stage avec elle! 😉

collodion humide sur plaque d’aluminium

Le procédé collodion : c’est quoi ?

Un peu d’histoire et de chimie !

On parle également d’ambrotypes, collodion humide (wet plate collodion), ferrotype ou tintype en anglais. Beaucoup de dénomitatifs pour désigner les procédés à base de collodion médicinal. Prenons notre machine à remonter le temps pour bien comprendre ce qu’est la technique du collodion. Nous sommes au début du 19ème siècle et les photographes recherchent les composés les plus sensibles possibles à la lumière pour obtenir des temps de pause courts, mais aussi des composés, qui, une fois révélés et fixés, tiennent le plus longtemps possible. Nous sommes plus exactement en 1830 et Louis-Jacques-Mandé Daguerre révolutionne la chimie de la photo avec ses Daguerreotypes.

Daguerreotype de Louis Daguerre lui-même

A l’époque, on avait déjà compris que certains sels métalliques de platine, palladium, fer ou argent étaient sensibles à la lumière. Mention spéciale pour le platine, très résistant. En quoi consiste le procédé de Daguerre? Le daguerreotypiste utilise une plaque d’argent ou bien une plaque de cuivre recouverte d’argent. Il la polit jusqu’à obtenir un beau miroir et ensuite la traite dans le noir avec des vapeurs de diiode ou de dibrome pour la rendre sensible à la lumière. Daguerre avait compris que les sels d’argent : iodure d’argent AgI et/ou bromure d’argent AgBr étaient sensibles à la lumière et se transformaient en argent métallique noir. Une fois sous forme d’argent métallique, l’image pouvait se conserver longtemps à la seule condition qu’on arrive à enlever les traces de sels d’argent iodure ou bromure qui n’avaient pas réagit et qui eux étaient toujours sensibles à la lumière (rôle du fixateur). Bromure d’argent, iodure d’argent ou chlorure d’argent : on les utilise parfois en mélange.

Mais revenons sur cette chimie de la transformation des ions argents Ag+ en argent métallique qui est en fait la base de toute la chimie argentique : y compris le papier salé ou les pellicules photos. Une fois que la plaque d’argent traitée au diiode ou au dibrome (formation d’ions AgI et AgBr) est exposée à la lumière, une image latente est produite (schéma ci-dessous). Prenons l’exemple des ions bromures d’argent. Les mêmes phénomènes ont lieu avec les ions chlorures d’argent ou iodures d’argent qui sont des halogénures d’argent. Voilà ce qui se passe : les photons de la lumière frappent des cristaux de bromure d’argent AgBr (étape 1), éjectant ainsi un électron de l’atome de brome qui est très volumineux (étape 2). Cet électron ne va pas tout de suite être récupéré par un atome d’argent Ag+ à qui il manque un électron. Il va d’abord se balader un peu dans le cristal (étape 3) et être accumulé comme d’autres électrons dans des imperfections du cristal (étape 4). Lorsque trop d’électrons sont éjectés et accumulés dans une imperfection, alors cela finit par attirer les cations Ag+ (étape 5) qui récupèrent alors ces électrons et deviennent des atomes d’argent métalliques (étape 6). On observe alors une petite quantité d’atomes d’argent Ag dans ce cristal. On parle de germes de cristaux, en noir sur le schéma, ou germes de développement : l’image latente.

Pourquoi dit-on image latente? Et bien parce que seuls quelques cations d’iodure d’argent Ag+ se sont oxydés en récupérant des électrons mais pas tous. Pour obtenir une image exploitable il faut étendre cette réaction à tous les atomes d’argent du cristal. Cette amplification est réalisée à l’aide d’un catalyseur appelé : agent de développement. Les agents de développement ou révélateurs sont des réducteurs qui apportent aux ions Ag+ qui n’ont pas réagi suffisamment à la lumière les électrons qui vont leur permettre de se transformer en argent Ag (noircissement) (étape 7).

Daguerre maitrisait très bien cette étape. Il utilisait à l’époque un réducteur puissant : des vapeurs de mercure!

Le mercure est un métal argenté brillant, le seul se présentant sous forme liquide à température et pression ambiantes, conditions dans lesquelles il s’évapore assez aisément. Le mercure est un puissant neurotoxique et reprotoxique (nocif pour la procréation). L’intoxication au mercure est appelée «hydrargisme ». On le soupçonne également d’être une des causes de la maladie d’Alzheimer dans certaines régions polluées au mercure.

Pour conserver l’image, il fallait ensuite éliminer les sels sensibles qui n’avaient pas réagi, c’est l’étape de fixation. On utilisait alors du thiosulfate de sodium Na2S2O3. Le thiosulfate réagit avec les halogénures d’argent qui n’ont été excités par la lumière et ils échangent leurs anions. Ainsi, les derniers cations Ag+ sortent des cristaux et partent dans la solution de fixateur : la photo n’est plus sensible à la lumière.Dans le cas du daguerreotype, l’image se formait sur la plaque de métal. Il était impossible de réaliser des copies de cette image (petite vidéo ci-dessous de véritables daguerreotypes réalisée aux journées du patrimoine à l’Atelier de Restauration et de Conservation de la Ville de Paris, ARCP). C’était le gros point faible de ce procédé avec bien-sûr la toxicité des composés (sympa les vapeurs de mercure).

Pour pouvoir créer des copies d’une photo, il fallait donc inventer le principe du négatif et du positif et pouvoir donc utiliser une surface qui ne soit pas opaque. Et pourquoi pas le verre! L’autre problème inhérent à l’utilisation d’une plaque de métal est la durée dans le temps et l’oxydation du métal. Une petite couche de protection pour enfermer les ions Ag+ serait la bienvenue, non? Et puis tant qu’à faire, si on pouvait aussi trouver un système beaucoup plus pratique que les vapeurs de diiode ou de dibrome bien toxiques pour produire des halogénures d’argent, ça serait aussi pratique. Nous y voilà : une plaque de verre, un système plutôt liquide qui piègerait des sels d’argent et qui serait facile à déposer et surtout résistant. Cahier des charges ambitieux. Mais pourtant réalisable!

Tous les procédés argentiques développés depuis le daguerreotype sont composés de trois éléments : un support (papier, verre, métal, plastique, bois…), une matrice à déposer liquide (gélatine, albumine, collodion …) et les cristaux de sels d’argent qui sont sensibles à la lumière piégés dans cette matrice. Il existe mille et une variantes. Prenez par exemple une pellicule photo. Elle est composée d’un film plastique sur lequel est couché une gélatine qui contient des sels d’argent photosensibles.

Après le daguerreotype, a donc été inventé le négatif sur verre albuminé par Nièpce de Saint Victor (1847). L’albumine n’est ni plus ni moins que le blanc des œufs qui était battu et laissé à pourrir plusieurs jours. Ce blanc d’œuf était alors salé et étalé sur une plaque de verre puis traité avec du nitrate d’argent. Le nitrate d’argent réagit avec le sel du blanc d’oeuf pour donner des ions chlorure d’argent! Et ceux-ci restent bien piégés dans le blanc d’œuf. Nous y revoilà : encore des ions halogénures d’argent. Il s’agit du même principe chimique que le papier salé.

Le problème du blanc d’œuf pourri, vous l’aurez deviné, c’est quand même l’odeur et la stabilité dans le temps! Il fallait donc trouver une autre « matrice » un peu sirupeuse qui soit soluble dans l’eau, qui emprisonne les ions Ag+ et qui soit stable dans le temps. Et c’est là que la nitrocellulose, c’est à dire une modification chimique de la cellulose entre en jeu : notre fameux COLLODION!

Le collodion : la matrice idéale

Pour réaliser un ambrotype, un côté d’une plaque de verre est recouvert d’une très fine couche de collodion médicinal iodé. Mais qu’est-ce que c’est ? Le collodion ou nitrocellulose est de la cellulose traitée avec de l’acide sulfurique et de l’acide nitrique. On obtient alors des fonctions nitrates. En fonction de la quantité d’acides sulfurique et nitrique utilisée, on obtient un composé qui est plus ou moins dangereux à utiliser. Oui oui.

On obtient des mononitrates, dinitrates et trinitrates. Alors que le mononitrate est seulement inflammable et trouve des applications en lutherie, comme vernis à ongles ou comme collodion médicinal (pansement liquide), les dinitrates et trinitrates sont explosifs, solubles dans l’acétone et doivent être stockés dans l’eau pour être stabilisés. Parlez-en aux artificiers qui connaissent bien ce composé. La nitrocellulose fut également utilisée comme support de films cinématographiques : les fameux films flamme! C’était l’ancêtre des pellicules photos actuelles, aujourd’hui en acétate de cellulose ou en PET. Connaissez-vous le film Inglorious Basterds de Quentin Tarantino sorti en 2009 ? Dans le film, Mélanie Laurent (aka Shosanna) commet un attentat en embrasant un cinéma remplit de bobines de films en nitrocellulose.

Ces films, encore conservés dans les musées, sont très instables et posent beaucoup de problèmes aux conservateurs qui vérifient qu’ils ne sèchent pas et les conditionnent dans des conditions spécifiques. Mais revenons à notre collodion. La technique photographique du collodion humide est un procédé attribué à l’anglais Frederick Scott Archer en 1851. Le collodion utilisé est un collodion médicinal (qui sert de pansement liquide) qui est bien entendu moins explosif que le fulmicoton (voir encadré).

Malgré les interdictions de sa femme, Christian Friedrich Schönbein expérimentait volontiers dans la cuisine familiale. En 1845, c’est en essuyant des tâches d’acide nitrique et d’acide sulfurique avec un torchon en coton qu’il fit sécher au-dessus du poêle qu’il découvrit le fulmicoton. Le torchon s’enflamma spontanément. Il venait de découvrir une alternative à la poudre à canon qui dégageait une fumée noire et compacte, qui salissait les artilleurs et encrassait les canons. La nitrocellulose, explosif fulminant, donnait la clef d’une poudre sans fumée. Les tentatives de production industrielle furent compliquées car les usines explosaient les unes après les autres, emportant avec elles le frère d’Alfred Nobel. Il fallut attendre 1891 pour que Dewar et Abel parviennent à stabiliser le fulmicoton, notamment en le conservant dans de l’eau. Pour synthétiser de la nitrocellulose, on traite de la cellulose (du coton) avec de l’acide nitrique (HNO3)  et de l’acide sulfurique (H2SO4). Les ions nitronium (NO2+) ainsi formés réagissent avec les fonctions alcools de la cellulose.

Le collodion utilisé pour le procédé photographique, en solution dans de l’alcool et de l’éther, forme comme un gel très très fin sur la plaque de verre et piège parfaitement des cristaux de sels d’iode (LiI, NaI, KI) ou de bromure d’ammonium (NH4Br), bromure de potassium (KBr), voire même de sel de table (NaCl). Nous ne nous étendrons pas sur les différentes recettes qui existent et leurs avantages/inconvénients. Prenons celle de l’excellent site Disactis, qui propose différentes formulations de procédés anciens et notamment celle du collodion. Voici la composition :

Dans notre flacon de collodion photographique, nous avons :
-20ml d’alcool
-5ml d’éther diéthylique
-25ml de collodion officinal
– 0.25g d’Iodure de potassium (KI)
– 0.10g de bromure de potassium (KBr)
– quelques gouttes d’eau.

L’étape de coulage est effectuée à la lumière naturelle sans précaution (photo ci-dessous et plus loin la vidéo de Mélanie-Jane).

Le collodion est ensuite immergé dans une solution de nitrate d’argent (AgNO3). Le nitrate d’argent réagit alors avec les sels d’iode et de brome pour donner des cristaux d’iodures d’argent et de bromures d’argent qui sont eux, sensibles à la lumière. La plaque est alors photosensible et prête à être utilisée comme support photographique. Elle est introduite à l’aide d’un châssis dans une chambre photographique. La sensibilité de la plaque est de 0,5 iso environ.

De nouveau, il existe pléthore formulations et secrets pour la solution de nitrate d’argent, le bain sensibilisateur, dans laquelle on plonge la plaque de collodion. Voici celle de Disactis :

Bain sensibilisateur :

– 100 ml d’eau distillée
– 12 gr de Nitrate d’Argent
– 10 gouttes d’Acide Nitrique

Ensuite, la plaque est révélée avec une solution de révélateur (le fameux réducteur) pour transformer l’image latente. On utilise du sulfate de fer. Elle est ensuite plongée dans l’eau pour arrêter l’effet du révélateur et elle peut ensuite être fixée avec du thiosulfate de sodium ou un fixateur pour papier argentique classique de type sténopé.

Le matériel nécessaire

Le collodion peut être coulé sur une plaque de verre, de plexiglass (PMMA) ou de métal (généralement de l’aluminium). Transparente ou bien noircie d’un côté, cette plaque vous permettra d’obtenir ainsi un négatif ou un positif. Les plaques existent en général sous trois formats :

  • 4X5 pouces = 10,2 x 12,7 cm
  • 5X7 pouces = 12,7 x 17,8 cm appelé aussi 13×18
  • 8X10 pouces = 20,3 x 25,4 cm appelé aussi 20X25

Pour être utilisée comme support photographique, elle doit être placée dans un châssis photographique qui vous permettra de passer de la chambre noire (là où vous faites réagir le nitrate d’argent et le collodion salé) à votre chambre photographique. Un châssis se compose de deux faces : une côté émulsion avec un rideau qui pourra se lever et de l’autre côté une porte où placer votre plaque. Le tout, bien-sûr, doit être hermétique à la lumière. Le collodion est une technique assez spécifique et tous les châssis ne sont pas adaptés. Certains spécialistes vendent et adaptent vos châssis pour le collodion : c’est le cas du Labo du troisième.

La chambre photographique doit être équipée d’un objectif adapté à votre format, avec ou sans obturateur. S’il ne dispose pas d’obturateur, il faudra travailler « au chapeau » c’est à dire utiliser le bouchon de l’objectif pour exposer votre plaque le temps voulu (avec un minuteur c’est mieux!). Les objectifs sont disponibles à tous les prix bien-sûr. Il n’est pas forcément nécessaire de vous ruiner avec un Petzval en bronze du siècle dernier. Les Industar comme celui ci-dessous sont très abordables.

Objectif Industar 300 mm f/4.5 bon marché

La chambre photographique, c’est à dire l’accordéon qui vous permet de placer votre objectif, votre châssis et de faire le point avec précision sur un verre dépoli se trouve aussi dans les brocantes, dans les greniers et bien-sûr à l’état neuf. Vous pouvez aussi la fabriquer vous même si vous êtes bricoleur ou utiliser une chambre de rue. Citons quand même les jolies chambres en bois françaises de Woodyman project (dispo en plusieurs formats dont 8X10). Mais vous trouverez aussi les anglaises « Intrepid Camera » déjà bien installées sur le marché. Des couleurs pop, de la légèreté : que demande le peuple ?

Chambre Woodyman 8×10 confectionnée avec amour

Chambre 4×5 MK3 The Intrepid Camera

Bienvenue au Studio Ambrotype & Co.

Nous sommes mardi 25 juin, il est 9h15 et le thermomètre annonce déjà 28°C. 35°C prévu pour cet après-midi. Semaine de canicule à Paris. Ce n’est pas la bonne semaine pour utiliser de l’éther (qui bout à 35°C)! Mélanie-Jane nous accueille dans son studio et nous montre une première fois comment réaliser une photo au collodion 4X5 sur plaque d’aluminium, appelée aussi ferrotype ou tintype. En la regardant faire cela parait très simple! Ce sera certainement plus difficile pour nous. Heureusement, elle nous précise que nous allons prendre notre temps pour maîtriser tous les gestes et qu’elle fournit également un manuel très complet avec toutes les explications!

1ère étape : les réglages de la chambre

Les temps de pause avec la chambre sont généralement de 7 à 15 secondes. Nous utiliserons donc des pinces pour soutenir nos têtes et nous éviter de bouger. Mélanie-Jane utilise une chambre photo grand format avec un objectif Petzval ancien. Elle utilise des adaptateurs pour les formats plus petits.

réglage des éclairages !

Mise au point sur le joli visage d’Anna

2ème étape : couler le collodion

Le collodion acheté chez Mamut et déjà iodé, est d’abord coulé au centre de la plaque. Ensuite, avec un petit mouvement circulaire, il est réparti sur toute la plaque et l’excès de produit retourne dans le flacon. Il faut se dépêcher : l’éther et l’éthanol s’évaporent. Il faut plonger notre plaque dans le bain de nitrate d’argent.

coulage du collodion

on récupère l’excès dans le flacon

la plaque est plongée dans le nitrate d’argent

3ème étape : exposition de la plaque et révélation

La plaque de collodion est laissée entre 3 et 4 min dans le bain de nitrate d’argent pour former nos fameux halogénures d’argent! Il est temps pour nous de vérifier la mise au point. La plaque est ensuite sortie et placée dans le châssis. Le collodion est comme recouvert d’un solide blanchâtre : le iodure d’argent. Nous pouvons maintenant placer le châssis dans la chambre et prendre la photo!

dernière mise au point

Maintenant, on programme le temps d’exposition : entre 7 et 15 s au minuteur! Le bouchon est replacé sur l’objectif et le rideau du châssis est levé. On ne bouge plus.

attention, on découvre le rideau

c’est parti! on tient la pause !

Maintenant que le temps d’exposition est terminé : on se place dans une chambre noire et on ajoute le révélateur. On le laisse agir 15 secondes. Ici du sulfate de fer de chez Mamut.

Révélateur ajouté en chambre noire sur la plaque

plus qu’à fixer !

Après avoir été plongée dans un bain d’eau pour arrêter l’effet du révélateur, la plaque encore blanchâtre est sortie du bain. Nous allons maintenant la fixer.

4ème étape : fixation

Voici le moment magique où la plaque se transforme. Une image nette se forme et le halo blanc disparaît tout doucement. Attention magie !

taille réelle

moi et ma plaque ahaha

5ème étape : rinçage et vernis

La plaque est ensuite rincée plusieurs longues minutes pour enlever les traces de fixateur. Une fois séchée à l’air libre, elle sera ensuite vernie avec du vernis acrylique.

encore un peu dans le fixateur

une fois sortie du bain de rinçage

étape de séchage

et voilà le résultat une fois la plaque vernie!

Ce stage était une expérience absolument incroyable que je recommande à tous les fans de procédés anciens. Spéciale dédicace à Alexandre, Romain, Anna et bien-sûr Mélanie et ses modèles du jour Vanessa et Antoine, avec qui j’ai passé deux superbes journées.

Pour en savoir plus :

Saviez-vous que les tatouages ne se voient pas au collodion ? C’est ce que montre le projet un peu fou de Michael Bradley en Nouvelle-Zélande.

Des liens ! 

Apéro rencontre argentique le lundi 17 juin 2019

Salut les amis!

Que diriez-vous d’une rencontre apéro sur Paris pour échanger sur la photo argentique?

Si cela vous intéresse, rien de plus simple, envoyez moi un petit message, par exemple un commentaire sous cet article pour me prévenir de votre venue au Café Mouffetard à 19h30 pour le lundi 17 juin. Ainsi, je pourrais réserver une table.

 

Apéro du 7 juin 2018

Apéro du 18 septembre 2018

Pour suivre l’évènement Facebok c’est ici : Evènement Facebook

Retrouvons-nous le lundi 17 juin à 19h30 au « Le Mouffetard »  restaurant, 116 rue Mouffetard dans le 5ème arrondissement. Un quartier sympa où boire un coca ou une bière en terrasse ou à l’intérieur.

 

Le jardin enchanté de Claude Monet

Analog Collection

Claude Monet, né le  à Paris et mort le  (à 86 ans) à Giverny (Eure), est un peintre français et l’un des fondateurs de l’impressionnisme.

Claude Monet par Nadar en 1899

Lors de la dernière partie de sa vie, Monet peint surtout la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas (ses nénuphares), son étang et son pont. Du 22 novembre au 15 décembre 1900, une nouvelle exposition qui lui est consacrée se tient à la galerie Durand-Ruel. Une dizaine de versions du Bassin aux nymphéas y est présentée. Cette même exposition est organisée, en février 1901, à New York, où elle remporte un vif succès.

autochrome de Clémentel

En 1901, Monet fait agrandir l’étang de sa demeure en rachetant une prairie. Il partage alors son temps entre travail sur nature et travail dans son atelierLes toiles consacrées aux nymphéas évoluent au gré des transformations du jardin. De…

Voir l’article original 209 mots de plus

Apéro rencontre argentique le mercredi 24 avril 2019

Salut les amis!

Que diriez-vous d’une rencontre apéro sur Paris pour échanger sur la photo argentique?

Si cela vous intéresse, rien de plus simple, envoyez moi un petit message, par exemple un commentaire sous cet article pour me prévenir de votre venue au Café Mouffetard à 19h30 pour le mercredi 24 avril. Ainsi, je pourrais réserver une table.

Apéro du 7 juin

Apéro du 18 septembre

Pour suivre l’évènement Facebok c’est ici : Evènement Facebook

Retrouvons-nous le mercredi 24 avril à 19h30 au « Le Mouffetard »  restaurant, 116 rue Mouffetard dans le 5ème arrondissement. Un quartier sympa où boire un coca ou une bière en terrasse ou à l’intérieur.

 

Sébastien Bergeron de Street Box Camera

dessin de Sacha Wewiorski

Connaissez-vous les afghan box, kamra-e-faoree, minuteros, lambé lambé, chambre gabonaise, cuban polaroïd, street box  ? A chaque pays, son nom pour désigner ces appareils ! Boîte en bois de la taille d’une petite valise cabine, les appareils de rue (d)étonnent dans le paysage argentique moderne. Vouées à disparaître dans l’indifférence totale à la fin des années 2000, elles font un retour fracassant depuis quelques années, grâce au travail de plusieurs passionnés bien décidés, à les sortir des oubliettes et leur redonner leurs lettres de noblesses, dans une renaissance aussi surprenante qu’inattendue. Peut-être en avez-vous déjà croisées sur les marchés cet été ? Résolument pédagogiques, insolites et globe-trotteuses. Hors norme. Elles ne laissent pas indifférent. Pourtant, rien de plus simple qu’une boîte afghane. Ces mallettes magiques combinent appareil photo (ou plutôt une chambre photographique archaïque) et une chambre noire pour le développement. Une afghan box c’est une « camera-labo », l’indispensable outil du photographe ambulant, du photographe de rue. C’est en octobre 2018 que j’ai moi-même craqué! J’ai alors fait connaissance avec Sébastien Bergeron et « Street Box Camera » sur les réseaux sociaux. Je reluquais depuis un bon moment les box artisanales qu’il fabriquait. Lorsqu’elle est enfin arrivée, avec sa bonne odeur de bois, j’étais hyper excitée mais  j’avais aussi une trouille dingue de ne pas réussir à m’en servir. Sébastien a été de très bons conseils pour mon démarrage. Pour en apprendre d’avantage sur lui, ces jolies boîtes et la photographie itinérante, nous allons aujourd’hui à la rencontre de Sébastien Bergeron, intervenant avec une amie au sein de « L’Ateliers des Petits Photographes », auprès d’enfants des écoles primaires, mais aussi et surtout fondateur de « Street Box Camera ».

Street Box Camera

Salut Sébastien, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions, peux-tu te présenter s’il te plait ?

Salut Carine,

Hé bien, Sébastien, 36 ans, actuellement artisan à Street Box Camera, petite fabrique d’appareils photos pour photographes ambulants, passionné de photographie depuis de longues années, débrouillard depuis longtemps, menuisier autodidacte en apprentissage permanent. 

Sébastien Bergeron – Street Box Camera

Peux-tu nous expliquer depuis quand tu t’intéresses à la photographie et qu’est-ce qui t’y a amené ?

J’ai découvert mon intérêt pour la photographie un peu par hasard, en 2003, à l’époque où je travaillais dans une usine de brochage de magazines, en tant qu’ouvrier-intérimaire. Les cadences étaient infernales, et quand les machines tombaient en panne (ce qui arrivaient régulièrement), j’en profitais pour aller lire les magazines en bout de chaîne, pour passer le temps. Il y avait parfois le magazine GEO, ou le National Geographic. Je trouvais les photos super belles. A l’époque, pour moi, être photographe, c’était inenvisageable, c’était un truc de bourgeois, la peinture, la poésie, les arts en général, pareil. Ça m’intéressait pas du tout, j’avais beaucoup d’à priori surtout parce que je n’y connaissais absolument rien, et que je me projetais pas du tout dans ce milieu. Mais le magazine GEO, c’était une fenêtre ouverte sur des beaux paysages, et puis ça passait le temps.  Puis un jour, je me suis dit qu’avec ma paye, j’allais me payer un appareil-photo. J’ai acheté un appareil argentique, j’ai lu vite fait le manuel d’utilisation, et j’ai pris les murs de Paris en photo, en mode automatique (je t’ai dit que j’avais lu le manuel vite fait). Les peintures des artistes de rue (Mesnager, Mosko & Associés, Jef Aérosol, Speedy Graphito, Nemo, etc.) principalement, et quelques graffs.

Nemo Paris Veme

J’ai fait ça pendant deux ans, en notant les rues, le nom de l’artiste, les dates. Un travail de collectionneur plus que de photographe, comme dira plus tard, un de mes profs. C’était exactement ça, mais au moins, c’était très spontané. Au bout de deux ans, je me suis dit que j’allais peut-être reprendre les études et en apprendre plus sur la photo. Je vais faire court, c’est une cuite monumentale au nouvel an 2005, qui m’a permis de trouver ma future école photo, par chance. Ensuite, j’ai fait une demande de prêt étudiant, non sans mal, et huit mois après, je commençais mon école au Québec. Les frais de scolarité étaient gratuits pour les français, dans les Cégep. Le prêt m’a donc servi à vivre là-bas, plutôt qu’à payer mes études, à proprement parler.

Quelle est ta formation ?

J’ai étudié au Cégep de Matane, en Techniques de photographie, au Québec. Avec le recul, j’ai fait la bonne école, au mauvais moment, je dirais. J’étais trop immature, à l’époque. Mais malgré cela, les profs ont été extrêmement patients avec moi, m’ont donné la passion de la photographie, et peut-être sans s’en rendre compte d’excellentes bases pour continuer l’apprentissage par moi-même, ensuite.

Je ne regrette absolument pas d’avoir fait cette école, bien au contraire. L’équipe sur le département de photo était passionnée, très ouverte, d’excellents pédagogues. Ça m’a permis de découvrir plusieurs facettes du métier, et de faire le tri, entre ce qui me plaisait vraiment, et ce qui ne me servira sûrement plus jamais. Ça m’a été très utile, par la suite. Je m’en suis rendu compte plus tard. Avec le temps, je me suis même découvert un intérêt insoupçonnable pour la peinture, l’Histoire de l’Art et l’Histoire de la Photographie, grâce à Jean-Martin. Ce prof m’a appris une nouvelle langue, tout simplement. Cette expérience au Québec m’a permis de beaucoup réfléchir sur moi-même, mon comportement et d’évoluer.

Massiga et sa femme (c) Sébastien Bergeron – Street Box Camera

Peux-tu nous citer une photo qui t’a marquée et nous la décrire ?

Ces dernières années, j’ai découvert plusieurs photos qui m’ont marquées. On est bombardé de photographies à longueur de journées, des photographies marquantes, il y en a des tonnes. Le niveau est très élevé de nos jours.

Je vais plutôt te parler de deux photographies qui m’ont bouleversé. Dans mon échelle personnelle, c’est le niveau au dessus…

La première, c’est une photographie en noir et blanc de Yongzhi Chu, qui a gagné le World Press Photo dans la catégorie « Nature », en 2015. On y voit un singe dos à un mur, complètement apeuré, attaché avec une chaîne, à un petit vélo de cirque . Un homme est devant lui, et le menace, un fouet, à la main. On ne voit pas son visage. Cette image m’a fait pleuré de colère, la première fois que je l’ai vu. Pour moi, elle symbolise notre rapport actuel avec les animaux, et de manière plus large avec la Nature, dans sa globalité. Une névrose perpétuelle à vouloir exploiter et dominer jusqu’au ridicule. Cette photo, c’est notre profonde bêtise, mise en image. Il y a une autre photo de ce singe sur internet, où on le voit être obligé de marcher avec des échasses. Putain, quand je vois des images comme ça, une connerie d’un tel niveau, j’ai presque l’impression d’être un prix Nobel…

©Yongzhi Chu

La deuxième, c’est une photographie de Robin Hammond, tirée de son travail « Condemned », sur le traitement des maladies mentales dans les pays d’Afrique en crise. Ce travail photographique et ce livre ont été une véritable claque pour moi, tant par l’implication personnelle dans le travail, que par les photographies d’extrême qualité. C’est devenue une de mes références personnelles, de ce qu’est un travail de qualité, profond, et sur la manière de traiter un sujet, tant sur le plan photographique qu’humain.

La photographie en question a été prise en Somalie. En premier-plan, on y voit un jeune garçon de 13 ans, Ahmed Adan Ahmed, souffrant d’une maladie mentale, assis dans le sable, dans une tente d’un camp de Galkayo, les yeux dans le vide, une larme coulant le long de sa joue. En arrière-plan, on voit son pied, nu, attaché à un poteau. La légende de la photo sur le site du photographe nous apprend que… Je vous laisse aller voir, je ne vais pas recopier la légende. C’est la photo n°17.

Pour moi, cette image représente l’abandon résigné, les dangers de l’ignorance qui déshumanise et le manque de moyens. Je la trouve violente, très forte, très dure, mais nécessaire. C’est en voyant cette image, que j’ai eu envie d’acheter le livre, le lire, et au final, en apprendre plus sur un sujet, dont je n’avais jamais entendu parler.

Le travail de ce photographe dans son ensemble mérite un vrai coup d’œil.

Tu as pas mal bourlingué. En Afrique, notamment. A travers tous ces voyages, qu’as-tu appris sur toi ? Et sur ta relation avec la photographie ?

Bonne question. Qu’est-ce que j’ai appris sur moi… la débrouille, déjà, j’avais des bonnes bases, mais j’ai énormément progressé dans ce domaine grâce aux voyages, à me sortir de situations délicates en trouvant des solutions le plus rapidement possible, à me taire et plus écouter, à plus oser, à tomber réellement amoureux, à développer ma curiosité.

Tous mes voyages ont été systématiquement des expériences de plusieurs mois ou quelques années, parsemés en grande partie de bonnes rencontres, bonnes et mauvaises expériences, d’échec total et de réussites rassurantes, d’états de grâce et de journées chaotiques. Je n’ai jamais fait de voyages « parfaits », je te le dis honnêtement. L’expérience n’en est que plus enrichissante. On s’en rend compte après. Un voyage qui te fait vivre des états de grâce, mais met aussi l’accent sur ta propre connerie ou une que tu rencontres, te fait évoluer. C’est le but, non ?

Et sur ma relation à la photographie… apprendre que tout n’a pas besoin d’être pris en photo lors d’un voyage, d’une expérience, à essayer de trouver une photographie qui me ressemble. La fameuse « écriture photographique », c’est un saint graal pour moi. C’est dur à trouver, à honnêtement trouver. C’est elle qui rend la photographie, beaucoup plus subtile et compliquée, qu’elle en a l’air, et qui à mes yeux, en fait, l’aide à en faire un véritable métier.

Tata & son scooter. Fana, Mali – 2014. (c) Sébastien Bergeron

Yela, Mali – 2014. (c) Sébastien Bergeron

Y’a-t-il des points communs entre tous les photographes de rue ?

Mis à part un appareil-photo, je ne sais pas trop quoi répondre. J’ai été quelques fois très surpris, par le décalage entre le site internet d’une personne, sa démarche à l’écrit, son comportement sur internet, et voir la personne en vrai, travailler en direct, discuter avec. Comme l’impression de me faire arnaquer, et de me rendre compte, qu’Internet, c’est l’art de transformer une cerise en pastèque.

Je préfère donc pas trop m’aventurer à lister les points communs.

Sébastien à Avignon

Avignon 2013

Est-il facile de trouver de la chimie/du papier sensible partout dans le monde ?

J’ai envie de te dire oui, hormis dans quelques régions du continent africain, où ce sont souvent des voyageurs d’Europe ou de Russie, qui ramènent les consommables style chimies, papiers photo, à des locaux.

J’ai fait une liste dans un article sur la page Facebook de Street Box Camera. J’avais listé pas mal de labos et boutiques photos, à travers le monde.

Il existe différents types de chambres de rue. Afghanes, africaines… Peux-tu nous expliquer les différences ?

Il existe effectivement des différences, mais le principe du procédé reste exactement le même.

Les chambres dites « Africaines » ont le manchon à l’arrière fixé à une porte, et une boite en ex-croissance sur le côté qui sert à stocker le papier à l’intérieur de l’appareil. On fait la mise au point en regardant à travers le manchon. L’avantage, c’est qu’elle sont très pratiques à utiliser, car on a la place de bien manœuvrer à l’intérieur, les mouvements sont aisés. Par contre, elles sont plus grosses, plus lourdes, plus encombrantes.

Les chambres dites « afghanes » ont le manchon sur le côté, le système de mise au point est plus condensé. Avec un peu de patience, on arrive à très bien se débrouiller avec.

Voilà, ce que j’en ai compris, en tout cas.

Box 29, 30 et 31 par Street Box Camera

N’est-il pas un peu contradictoire d’enseigner la photo argentique à des enfants qui ont tous un smartphone ? Qu’est-ce qui te motive à transmettre ?

Contradictoire, je ne sais pas, anachronique, sûrement ! En 2011, on a créé « L’Atelier Des Petits Photographes » avec Justine, des ateliers de photo destinés aux enfants des écoles primaires. Les enfants ont une curiosité naturelle, leur faire découvrir la photo argentique, c’est leur faire faire un voyage dans le temps, et leur montrer qu’il n’existe pas qu’une seule façon de faire des photographies, et qu’une image peut avoir plus d’impact, qu’ils ne peuvent imaginer. Atelier sténopé, photogramme géant, mise en scène, construction de street box, on a essayé plusieurs types d’ateliers, toujours en rapport avec la photo argentique, parfois en labo, parfois plus axé sur le bricolage. Avec Justine, on a souvent travaillé avec des enfants de 6 à 12 ans.

Atelier St Martin du Bois-SBC

Atelier St Martin du Bois-SBC

Atelier St Martin du Bois- SBC

Le but est de leur faire découvrir une technique, sans les termes lourds techniques, que de toute manière, très peu retiennent. Vulgariser sans dénaturer. C’est pas toujours évident.

Les chimies sont devenus des « eaux magiques », par exemple, dans le langage enfantin. Faire appel à leur imagination pour retenir, plutôt que les assommer de termes techniques, et de noms de produits.

J’ai même parfois l’impression qu’ils savent mieux appréciés la magie des procédés que les adultes. On met aussi un point d’honneur à présenter sur le blog, les véritables travaux des enfants, et pas des travaux qu’on aurait retouchés pour améliorer, ou dirigés à notre sauce. Le but, c’est de les mettre en valeur eux, pas nous. L’idée, c’est de partager un bon moment ensemble, pas de faire une performance. C’est pour cela qu’on les prévient toujours en début d’atelier, que ce n’est pas noté.

Atelier St Martin du Bois- SBC

Pourquoi transmettre ?! Une question de continuité ! Tu penses qu’on a appris comment, nous ?! 🙂 On n’a pas été frappé par la « sainte connaissance », un doux matin. On nous a transmis à nous, aussi. C’est le moyen de garder les connaissances vivantes. C’est ce qu’on fait  des milliards d’humains, depuis la nuit des temps.

Pourquoi à deux ? Un homme et une femme, c’est toujours plus rassurant pour les enfants, et ça permet aussi de recentrer les ateliers sur l’essentiel, quand un des intervenants, au lieu  de faire l’atelier, et de dire aux enfants de ne pas jouer avec des pistolets fabriqués en lego, s’en fabrique un aussi, et se met à jouer avec eux.

Selon toi, qu’est-ce que l’argentique apporte de plus que le numérique aujourd’hui ?

Je ne suis pas certain que l’argentique apporte « quelque chose de plus ». Ce sont deux technologies pour atteindre le même but, finalement : interpréter une réalité, avec sa propre sensibilité. Chacun choisit celle avec laquelle il est le plus à l’aise, le plus touché et rien n’empêche d’utiliser et de marier les deux. Beaucoup de gens le font, je le fais aussi. Ce n’est pas une question que je me pose, pour être honnête. Je préfère l’argentique, parce que je suis une personne très manuelle, et que j’ai besoin de toucher les choses, les transformer, pour prendre plaisir, et que j’ai moins de patience, devant les ordinateurs, que ce n’est pas mon fort, tout simplement. C’est une question de confort. Cette question, c’est un peu comme si tu me demandais si je préfère utiliser un marteau ou un tournevis, en atelier, alors que j’ai besoin des deux. Pour moi, ce sont des outils, juste des outils, et une question de pratique, dans le sens « être à l’aise ». La poésie dans tout ça, elle se trouve ailleurs pour moi, pas dans un boitier avec des machins électroniques, ou dans des produits chimiques qui puent.

Street Box Camera – (c) Sébastien Bergeron

Street Box Camera – (c) Sébastien Bergeron

« Je reprends petit à petit mes archives, et vous propose aujourd’hui une nouvelle petite madeleine.
J’avais déjà posté ce portrait il y a deux ans, sans parler du personnage…

Gueule cassée par les accidents de la vie, burinée par le temps et les excès, je l’ai rencontré dans les rues d’Avignon, pendant le festival de théâtre.

Tatouages d’ombre et d’ennui sur les bras, costard nonchalant sur les épaules, et cigarette éternelle entre les doigts, il parlait d’une voix écorchée, mais calme, avec le charme des gens qui ont du vécu.

La plupart des gens restent quelques minutes au stand, lui a passé une partie de l’après-midi à mes côtés.

Dans nos conversations entre-coupées par mon travail de photographe ambulant, une courte anecdote m’a marqué.

Celle de la rencontre avec sa femme, dans sa jeunesse turbulante.

Une journée, sur les routes du sud de la France, Mouss faisait du stop.
Quelques minutes après son arrivée, une belle jeune femme fit son apparition et se mit elle aussi à faire du stop, juste en face de lui, en direction opposée.
Un silence et des regards.

C’est le coup de foudre.

Il lui fit des signes de la main, lui dit de l’attendre ici, et lui fait comprendre qu’il allait trouver une solution pour qu’ils arrêtent d’attendre sur le bord de la route.
Une demi-heure plus tard, il revenait au volant d’une voiture sans clef…
Il s’avança à son niveau et lui dit de monter.
Le problème du transport était désormais réglé.
Depuis ce jour, ils ne s’étaient plus quittés.
Quelques temps après, ils se sont mariés.

Il y a quelques années, la femme de Mouss est partie danser avec un crabe.
Lui, s’est mis à boire ses larmes, puis à boire tout court.

J’ai fait deux portraits de Mouss ce jour-là. Je n’ai gardé que celui-ci.
Le visage dur contrastant avec son regard doux.
Celui d’un homme en survie. »

Mouss, Avignon. Street Box Camera (c) Sébastien Bergeron

Quels sont les artistes/ les artisans qui t’inspirent ?

Je ne lis jamais cette question dans les interviews, les réponses sont toujours un peu branlette.   🙂  Des noms, des noms, des noms…zzzz (ronflements)…zzzzzzz (ronflements)…zzzzz.

Mais évidemment, je suis inspiré par les travaux de plusieurs personnes, comme tout le monde.

Je lis «Zara’s tales » de Peter Beard, en ce moment.

«Zara’s tales » de Peter Beard

Plutôt que de te faire une liste interminable de références, je vais te dire comment avoir des monographies pas chères et se faire une bibliothèque pour quasiment rien.

Les brocantes et Emmaüs. On ne va pas se mentir, les monographies, ça intéresse surtout les gens qui aiment l’art, et les photographes. C’est le cadeau pourri par excellence, à un Noël ou un anniversaire, pour beaucoup de personnes (il faut prendre la chose avec humour). Et ces cadeaux empoisonnés se retrouvent souvent dans les brocantes, et les bacs Emmaüs, à des prix de misère. La plupart du temps, ils sont tous neufs. J’ai découvert beaucoup de photographes comme cela.

Dans ce blog, on parle d’appareils photos argentiques ou numériques qui ont une âme. Quel a été ton premier appareil photo? Peux-tu nous raconter son histoire ?

Mon premier appareil photo était le Canon argentique acheté pendant que je travaillais à l’usine, en 2003. Je ne saurais même pas te redire la référence. Il ne m’a pas marqué plus que cela. Un argentique du début des années 2000.

Le premier appareil qui m’a vraiment plu, parce que je me sentais à l’aise avec, c’était un Pentax MX, que j’avais acheté sur une brocante, pour une misère. Je l’ai toujours. Je l’ai amené en Afrique de l’Ouest, plusieurs fois. Je l’adore. Léger, discret, tout mécanique, et si je le perds ou si on me le vole, je ne pleurerais pas pendant des semaines. Pour les gens, il est plus rassurant, car petit. Il tient dans une poche, en plus ! Après, ça reste un outil, juste un outil pour moi pour tout te dire, ce que ça m’a permis de vivre, ou les personnes que ça m’a permis de rencontrer, à largement plus de valeur à mes yeux.

Sébastien par Issa Samado

Peux-tu nous décrire ton projet en détail ?

Street Box Camera est une petite entreprise qui a pour vocation, de participer à la renaissance et à la démocratisation de la photographie ambulante, comme pratique photographique d’utilité sociale, en facilitant l’accès à des appareils photos artisanaux faits à partir de matériaux recyclés, à des prix abordables.

Une vrai phrase pompeuse de brochure publicitaire, t’as vu ça !  😉

L’idée est là, en tout cas.

Comment t’es venu l’idée/l’envie de Street Box Camera ?

Issa Samado

En 2010, j’ai bossé six mois, dans un zoo, pour financer mon premier voyage en Afrique de l’Ouest. Fin 2010, je suis parti avec plusieurs personnes, en camion, du sud de la France jusqu’au Mali. A Mopthi, au Mali, j’ai rencontré par hasard dans une rue, un photographe ambulant, Issa Samado, qui a changé ma vie de photographe. Pendant ce voyage, j’ai aussi fait la rencontre de Justine. A notre retour, nous avons fabriqué de mémoire notre première chambre ambulante, la chambre ISSA, que l’on a nommé ainsi, en hommage au photographe malien qui nous avait permis de découvrir ce procédé et cette manière de vivre la photographie. Il faut bien comprendre qu’à l’époque, il n’y avait rien sur internet qui parlait ce procédé et de ce type d’appareils. L’envie était donc très spontanée, sincère, limite naïve. Nous avons eu le droit à des réflexions d’une bêtise affolante, au début, de la part de quelques photographes, et d’autres qui étaient émerveillés par la simplicité du truc.

Issa Samado (c) Sébastien Bergeron

Issa Samado (c) Sébastien Bergeron

Le tout premier prototype en 2011 (c) Sébastien Bergeron

Nous avons fait le chapeau, dans les rues, pendant quatre années ensemble, à prix libre, ce qui nous a permis de rencontrer beaucoup de personnes et d’apprivoiser le procédé. Quand on a commencé, on bossait dans les rues, parce que l’on trouvait ça juste tripant, que l’on voulait un peu gagner notre vie avec ça. Le reste, internet, les expos, on s’en foutait royalement. L’idée de remettre le photographe à une place plus humble, anonyme, de faire revivre un ancien métier des rues, de mélanger photographie et nomadisme, d’en faire une pratique socialement ancrée et de gratter quelques billets pour faire tourner tout ça, c’était l’idéal. Avec le luxe de se libérer d’énormément de contraintes techniques, de certaines « obligations » esthétiques. Dormir dehors, se laver dans la rivière, et ensuite, aller travailler dans les rues, faire des portraits à prix accessibles pour tous, rencontrer pleins pleins pleins pleins pleins pleins de gens. Une pratique vivante, nomade, déconstruite, sauvage presque. « Good old days » ! Ça a été fulgurant ! C’est passé tellement vite…

Street Box Camera, c’est venu par hasard, en continuité, des années à faire le chapeau. J’avais construit une dizaine d’appareils, à l’atelier, par pur plaisir et curiosité, pour améliorer le poids, la taille. La dixième, un prototype, je l’ai vendu, à un artiste peintre espagnol, Israël. La onzième, un modèle unique jusqu’à ce jour, a été vendue à Thomas Bohl, un génial photographe d’Avignon. Puis j’ai continué… jusqu’à finir récemment la 98ème. En tout cas, tant que ça marche, que j’y prends du plaisir, je continue.

Street Box Camera

Quelle est la demande la plus folle que tu aies reçue ?

Je n’ai malheureusement pas encore reçu de demande complètement perchée, à mon grand regret. Mais je suis tout ouï pour des demandes loufoques !

Est-ce qu’il y a des choses que tu trouves difficile dans ton travail? Et quelles sont les choses que tu apprécies par-dessus tout ?

J’ai réalisé un désir : être mon propre patron, et vivre d’un travail qui me procure beaucoup de plaisir. J’apprends en autodidacte, j’ai un goût grandissant pour le travail du bois, je travaille à l’heure que je souhaite, quand je le souhaite.  Pour l’instant, je savoure cette chance, car elle ne durera pas éternellement. Elle disparaîtra ou évoluera. J’y réfléchis déjà, de temps en temps. Comme m’a dit une personne passée à l’atelier, on me paye pour « apprendre et progresser ». Ce n’est pas faux. C’est un privilège dont j’ai pleinement conscience.

La seule pénibilité de mon travail actuellement est purement physique. C’est un stigmate classique  : le mal de dos. Autre réalité, la création d’une entreprise artisanale, c’est beaucoup d’incertitudes et énormément de travail.

Une fois la création terminée, savoir qu’une personne va utiliser un de mes appareils pour un travail photographique, pour gagner sa vie, en travaillant dans les rues ou ailleurs, me fait très plaisir. C’est mon gros kif ! En fabriquant un appareil, je rend service à cette personne, qui, elle-même, va donner du sens à mon travail, et aux heures passées en atelier, en plus de permettre de faire vivre un artisan, plutôt qu’une grosse entreprise sans âme. Elle me rend service à son tour. C’est un cercle vertueux.

Le travail manuel est revalorisé depuis quelques années. Nous sommes passés de personnes qui veulent des « chinoiseries » au prix d’une « chinoiserie », à des personnes qui veulent de l’artisanat, aider un artisan, ou une artiste locale, mais… toujours au prix d’une chinoiserie, si possible. Ce n’est pas parfait, mais il y a du progrès. 🙂 Allez dans dix ans, c’est bon, la transition sera faite, on croise les doigts !

Une autre chose, quand une Street Box Camera part pour une destination improbable ! Dernièrement, j’ai vendu une Street Box Camera à une femme au Bangladesh, avec qui j’ai dialogué par vidéo, pour lui montrer l’appareil, en direct de l’atelier. Ça me dépasse. C’est génial.

Street Box Camera

Quel type de client rencontres-tu ?

La quasi-totalité sont des photographes pro ou amateurs avertis, des studios photos, des collectionneurs, et dernièrement un musée de photographie, en Belgique. Je fabrique un produit de niche, par excellence, donc mes « clients » sont à peu près tous les mêmes. Des passionné(e)s ou des curieux de la photographie argentique, qui apprécient l’approche humaine d’un procédé pédagogique et très simple. Depuis un an et demi, cela s’est (un peu) emballé, donc plusieurs profils apparaissent.

Street Box Camera

Quels sont tes prochains projets ?

Une voiture appareil-photo, que je suis en train de finir ! La numéro 100 ! La partie aménagement a déjà été faite, la partie labo est finie, il ne reste plus qu’à monter le système de l’appareil-photo. J’ai travaillé sur ce projet, depuis deux ans, par période.  Je pense que cela sera prêt pour cet été, pour voir large, pour les premiers tests. Et le reste, je garde ça pour moi, pour le moment.

Merci d’avoir répondu à toutes mes questions. On te souhaite de continuer ce travail magnifique !

Vous souhaitez une chambre de rue fabriquée à la main par un artisan? Faites confiance à Sébastien.

Retrouvez Sébastien Bergeron sur la page Facebook de Street Box Camera 

dessin de Sacha Wewiorski