Exposition Henri Cartier-Bresson au Centre Pompidou


Henri-Cartier-Bresson_Centre-PompidouLe Centre Pompidou rend hommage à Henri Cartier-Bresson (1908-2004) lors d’une rétrospective unique du 12 Février au 9 Juin 2014 : dix ans seulement après sa disparition, plus de cinq cents photographies et documents personnels sont réunis pour rendre compte du parcours et de toutes les réalisations du « photographe du siècle ». 

Dans cette expo, le public réalise qu’il n’y a pas un seul Cartier-Bresson mais plusieurs, selon les époques de sa vie. Souvent présenté sous le seul angle de l' »instant décisif », génie de l’instantané, il a pourtant été influencé par le courant surréaliste, par son engagement politique communiste, par la guerre et par sa soif de voyages. Anar, bourgeois et bouddhiste, comme le qualifie Pierre Assouline dans sa biographie L’œil du siècle (Plon, 1999), il co-fonde l’agence Magnum avec ses amis David « Chim » Seymour et Robert Capa en 1947 à son image : une coopérative photo farouchement indépendante.

Le surréalisme

Henri Cartier-Bresson se destinait à la peinture grâce à l’enseignement d’André Lhote. Au seuil des années 30, le surréalisme s’engage sous la bannière marxiste et Cartier-Bresson affiche ses convictions communistes. Sur le plan artistique, la photographie lui apparaît comme un réel instrument de création poétique. La simple représentation d’un objet et le choix poétique de sa mise en scène permet aux « choses » de révéler toute leur intensité, dérives de l’inconscient célébré par Breton ou influences des objets empaquetés. Il devient très proche de Max Ernst.

paris-1932b-henri-cartier-bresson

L’engagement politique des surréalistes va forger sa propre conscience politique. Il part en Côte d’Ivoire à 21 ans et choqué par ce qu’il voit, il prend des positions anti-colonialistes à son retour. Il se rapproche ensuite de l’association des artistes révolutionnaires où il rencontrera Robert Capa et David Seymour.

L’engagement politique

En 1936, il réalise pour le Parti communiste le film La Vie est à nous. Il se met également à photographier pour la presse communiste, pour Regards et pour Ce Soir. Il immortalise en 1938 les congés payés instaurés par le Front Populaire.

HCB-1938-congés payés

Son engagement se traduit dans ses images, par exemple dans le reportage pour le couronnement de Georges VI à Londres en 1937. Il ne photographie pas le roi qui passe mais le peuple qui regarde le roi. Les spectateurs utilisent des periscopes en carton ou des miroirs pour voir passer le cortège. Il y a dans cet effet de retournement quelque chose de profondément révolutionnaire.

HCB-GeorgesVI

HCB-Londres Henri-Cartier-Bresson-Georges VI

Le temps de la guerre

Cartier-Bresson, 31 ans, réserviste dans l’infanterie rejoint l’unité « Film et Photographie » de la 3ème armée. Sa mission? Photographier les soldats à pied d’oeuvre sur la ligne Maginot. Mais lorsque débute l’offensive allemande, Cartier-Bresson est fait prisonnier avec ses camarades dans les Vosges. Durant trois années, il va passer d’un camp de travail à l’autre à Ludwigsburg puis en Forêt-Noire. A deux reprises, il tente de s’évader et chaque retour au camp s’accompagne de sanctions : le cachot. La troisième occasion sera la bonne. Il est à Paris au moment de la libération sur les Champs-Elysées ou avenue Foch.  Cartier-Bresson a obtenu les autorisations nécessaires pour réaliser un film sur la libération des prisonniers Le Retour. L’image ci-dessous représente un enfant déplacé et désinfecté au DDT, dans les camps de transit des zones américaines et soviétiques en 1945.

HCB-1945

A Dessau, en Allemagne, il assiste à une scène impitoyable : une indicatrice est reconnue par celle qu’elle avait dénoncée.HCB-Dessau-1945

Les voyages

Tout au long de sa vie mais surtout sous forme de reportages pour Magnum, HCB sera le temoin des grands bouleversements de l’histoire du XXème siècle. Il saisira l’instant décisif.

« L’aventurier qui est en moi se sentit obligé de témoigner, avec un instrument plus rapide qu’un pinceau, des cicatrices du monde » Henri Cartier-Bresson

Au Mexique en 1934, HCB photographie le petit peuple des rues et des bouges. Dans les rues chaudes, les prostituées s’exhibent à travers l’ouverture des portes des bordels.

hcb-1934_Mexico_City_Prostituées

Entre 1933 et 1939, au chevet de l’Espagne, HCB réalise ses premiers documentaires. Il fait des reportages photographiques, c’est à dire qu’il raconte des histoires en plusieurs photos. Dans les bas-fonds de la ville, un homme sert son enfant comme seule richesse. Henri-Cartier-Bresson-Madrid-1933

henri_cartier_bresson-EspagneL’oeuvre du photographe a été très vite reconnue dans les milieux artistiques d’outre-Atlantique. En 2010, le MoMa lui a consacré une grande exposition.

HCB-Texas

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Incroyable passe-frontières, Cartier-Bresson ne manque ausune des secousses politiques qui ébranlent le XXème siècle.

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L’homme qui a fait du noir et blanc le dogme absolu immortalise en couleurs les derniers jours du gouvernement de Tachang Kaï-chek.

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Les grandes rencontres

Pour Cartier-Bresson, un portrait c’est avant tout une rencontre. Avant de « tirer », le chasseur agit par surprise. Un portrait de Cartier-Bresson n’est pas un miroir mais au contraire un moment fugitif où le sujet baisse la garde. Portraits de quelques célébrités.

Giacometti

HCB-Joliot-Curie MLK-HCB Gandhi

« L’appareil photographique est pour moi un carnet de croquis, l’instrument de l’intuition et de la spontanéité, le maître de l’instant qui, en termes visuels, questionne et décide à la fois. Pour « signifier » le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l’on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C’est par une économie de moyens et surtout un oubli de soi-même que l’on arrive à la simplicité d’expression.

Photographier : c’est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante ; c’est alors que la saisie d’une image est une grande joie physique et intellectuelle.

Photographier : c’est dans un même instant et en une fraction de seconde reconnaître un fait et l’organisation rigoureuse de formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait.

C’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. C’est une façon de vivre. (Fondation Henri Cartier-Bresson) »

Catégories :Grands Photographes, Musée/expo, Reportage, VisitesTags:, , , ,

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