Le tirage argentique noir et blanc avec Tizozio Labo Photo

TIZOZIO LABO PHOTO est un laboratoire associatif dédié à la photographie argentique en noir et blanc. Tizozio organise des ateliers, des stages de développement de films n&b, d’initiation au tirage, et propose l’accès au labo pour tous ceux, photographes amateurs ou éclairés, qui recherchent un lieu où réaliser leurs développements et tirages. Echange, partage et enseignement y sont les maîtres-mots.

La salle dédiée au tirage noir et blanc

J’ai fait la connaissance de Tizozio lors de mon stage de cyanotype chez Papier Sensible. Tizozio démarrait alors son projet de laboratoire photographique associatif aux Grands Voisins. Ensemble de structures, installées temporairement sur le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul (600 places d’hébergement à des personnes en situation de vulnérabilité, 250 associations, startups, artisans et artistes), les Grands Voisins doivent maintenant quitter les lieux pour laisser place à un futur éco-quartier en 2023. Paris & Métropole Aménagement (P&Ma), l’aménageur et propriétaire des lieux, a déjà commencé les travaux dans la partie occupée par les Grands Voisins en saison 1 (2015-2017) et rendue au propriétaire avant la saison 2 (2018-2020). Tizozio a donc déménagé et se trouve maintenant installé dans de nouveaux locaux, entre Notre-Dame de Lorette et Opéra, dans le 9ème. A son arrivée, le nouveau labo était brut, tout était à faire. Peinture, revêtements de sol, plomberie, électricité, aménagement et installation. L’association à but non lucratif, avec peu de revenus a assumé seule et grâce aux dons tous les travaux. Mais quelle installation réussie !


C’est quoi Tizozio ? L’association TIZOZIO est née en 2007 à l’initiative d’anciens étudiants des Gobelins – l’école de l’Image. Elle a pour objet la production, la promotion et la diffusion d’images fixes ou en mouvement et plus particulièrement la photographie. C’est dans ce cadre que des photographes sont intervenus en milieu scolaire, périscolaire et dans des associations de quartier via entre autres la production et la réalisation d’un documentaire, des résidences d’artistes et l’encadrement d’ateliers photo. L’association est devenue le collectif TIZOZIO, qui permet aux photographes d’échanger sur leurs pratiques via des réponses à des appels à projet ou encore la tenue d’ateliers de découverte de la photographie argentique. A travers ces événements, il s’agit pour Ti Zozio de devenir un pôle d’échange et de valorisation des savoir-faire.

TIZOZIO LABO est soutenu par le département photographique des Gobelins – l’école de l’image, dirigé par Jérome Jehel, Ricardo Moreno et Denis Rebord. Ce partenariat s’inscrit dans une démarche de soutien de la pratique de la photographie argentique, qui a toujours été le point fort de ses formations. L’école envisage des collaborations axées sur la découverte ou le perfectionnement de la pratique de la photographie argentique dans le futur.


Les locaux

Le labo dispose de plusieurs espaces : une salle inactinique pour le tirage n&b, une salle noire pour le tirage couleur et une salle de rinçage et de séchage. Le laboratoire permet de travailler les formats de négatifs du 24×36 au 4×5, les tirages du 13×18 au 40×50, ainsi que de développer des négatifs à bain perdu. En RC ou en Baryté, il est conçu pour permettre à la fois l’apprentissage du développement et du tirage, mais également réaliser des tirages professionnels.

La salle de rinçage et de séchage

LE MATERIEL DE TIZOZIO LABO PHOTO

  • 8 agrandisseurs du 24×36 au 4×5
  • Optique Nikkor et Rodenstock du 50mm au 150mm
  • Scoponet
  • Margeurs 2 et 4 lames
  • Lampe à sodium
  • Grands évier Deville
  • Laveuses verticales
  • Claies de séchage
  • Développeuse et sécheuse RC
  • Presse à chaud
  • Table lumineuse
  • Cuves Jobo
  • Sécheuse film

C’est parti !

Grâce au père Noël (et surtout à mon papa que j’embrasse), me voici inscrite pour 10 cours de tirage n&b de trois heures. Youpi! Premier cours et déjà premier tirage. Tom nous fait visiter le labo et nous explique de manière claire et compréhensible quelles sont les étapes d’un tirage, comment développer le papier photo, quels sont les paramètres sur lesquels nous devrons jouer. Nous sommes trois et chacune d’entre nous a son propre agrandisseur pour s’exercer. Très confortable. Pour cette première séance de 3h, nous allons travailler avec du papier RC surface perlée 18 X 24 cm (entre mat et brillant, 25 feuilles, environ 27 euros, ref MGD44M). Un très joli papier RC, que je vous recommande.

Les papiers multigrade permettent de moduler les contrastes obtenus avec des filtres de couleurs chaudes légèrement différents. Il en existe 12 en tout du plus faible contraste : 00 au plus fort : grade 5. Un négatif tiré avec un grade 0 ou 1 donnera un tirage peu contrasté avec des ombres peu prononcées et des zones claires tendant vers le gris. Le même négatif tiré avec un grade à fort contraste (4 ou 5) donnera des ombres plus noires et des zones claires très blanches avec des transitions très tranchées.

Les émulsions couchés sur ces papiers sont composés de chlorobromure d’argent, sensibles à la lumière. Le papier est en fait enduit de deux ou trois couches d’émulsion d’égal contraste et sensibles à la lumière bleue mais de sensibilités différentes à la lumière verte. Exposées à la lumière bleue, toutes ces couches s’additionnent et le contraste est maximum. Mais lorsque la lumière est légèrement verte, toutes les couches ne vont pas réagir de la même manière et il est alors possible de moduler le contraste. Les filtres fonctionnent par opposition de couleur : la couleur opposée au vert est le magenta. Donc un filtre de couleur magenta laisse passer le magenta mais pas le vert. Nous aurons alors un contraste important (le bleu fait réagir toutes les couches) : grade 5. La soustraction d’une couleur fait apparaître l’opposée. Par exemple un filtre jaune bloque le bleu. Le filtre jaune correspondra donc au contraste minimum.

La complémentarité des couleurs


Papier RC ou FB? Quésako? 

  • Les papiers dit RC (Resin Coated) : l’émulsion sensible est enfermée entre deux couches de plastiques, appelée aussi résine : du polyéthylène (PE). Ainsi lors du développement, la chimie ne rentre pas dans le papier. Le papier ne gondole pas au séchage. Ce papier est bon marché.
  • Les papiers dit barytés ou FB (Fiber Base) : ils sont entièrement constitués de fibres de cellulose. Ce papier nu est recouvert de sulfate de baryum. La fonction du sulfate de barium est double : il empêche les impuretés du papier de migrer dans la gélatine et la lumière est réfléchit ce qui vous donne une image éclatante. Avantages: noirs profonds, absence de matières plastiques et nature du papier en font un support considéré comme « archivable » et stable dans le temps. Inconvénients : Le papier n’étant préservé des chimies lors des étapes du développement il doit être rincé très longtemps afin de laver tous les résidus de produits qui pourraient détériorer le support au cours du temps. Il gondole au séchage. Il est plus onéreux que le papier RC.

1- Choix du négatif

A l’aide de la table lumineuse et d’une loupe, nous commençons par choisir notre premier négatif à tirer. Pas de poussière. Nous le plaçons donc dans le passe-vue, coincé si besoin avec un bout de scotch. Le côté brillant vers le haut et le mat vers le bas (côté émulsion) avec de préférence, l’image à l’envers pour qu’elle se présente à l’endroit sur le papier.

le négatif dans le passe-vue

2 – Réglage de l’agrandisseur

Allons maintenant dans la salle de tirage. Nous allons travailler avec des agrandisseurs couleur M 670 Color. Sur la tête de l’agrandisseur se trouvent trois roulettes : magenta, jaune et cyan. La combinaison de ces couleurs nous permettra d’obtenir des filtres de différents grades : 00, 0, 0.5, 1, 1.5, … 4.5, 5. Le petit tableau que vous voyez à gauche sur la photo nous donne les combinaisons. Nous commençons par un contraste moyen : 2.5.

agrandisseur color M670

Une fois le négatif bien fixé, je remets le passe-vue dans l’agrandisseur. Maintenant, nous allons régler les marges avec le margeur et une feuille modèle avec des marges au crayon : 1.6 cm en haut/bas et 1 cm droite-gauche. Nous pouvons passer ensuite en lumière inactinique (rouge ou orange). J’allume la lumière de l’agrandisseur et je vois maintenant mon image se former sur la table. Sur la droite, en baissant ou en levant la tête de l’agrandisseur, je change la taille de l’agrandissement. Je vérifie que l’image dépasse d’un mm la marge. Cela me permet de la même façon de recadrer une image s’il le faut.

L’image projetée par l’agrandisseur

Maintenant, nous allons régler les marges avec le margeur : 1.6 cm en haut/bas et 1 cm droite-gauche. Il est temps de faire le point de façon précise et d’utiliser le scoponet (petite loupe pour vérifier le point). Le petit bouton à droite des filtres vous permet de les enlever pour avoir plus de lumière et ainsi mieux faire le point. On peut aussi ouvrir l’objectif à fond. Je règle ensuite mon objectif à une ouverture de f/8.0.

scoponet

3 – Les bandes test

J’éteins mon agrandisseur. Je vais maintenant utiliser des petits bouts de papier sensible : des bandes tests. A l’aide d’une sorte de cache qui ressemble à un piano, je vais exposer progressivement toute la bande par intervalle de 5 secondes en levant chaque volet. Je place mon papier sensible à l’emplacement de l’image, bien au centre, sous les volets du piano. Je lève le premier volet de droite. J’allume l’agrandisseur : exposition de 5 s. Puis le deuxième 5 sec supplémentaire… Ainsi à la fin, lorsque j’aurai levé tous les volets, j’aurai une exposition chronologique de 5, 10, 15, 20 et 25 sec.

Les volets pour exposer ma bande test.

4 – Révélation de ma bande test

Toujours sous lumière rouge, je me dirige vers les bains et je vais développer ma bande test. 1 minute dans le révélateur, 15 s dans le bain d’arrêt puis 1 min dans le fixateur et une minute dans l’eau claire pour le rinçage. Je change de salle et je vais pouvoir apprécier le résultat et choisir le meilleur temps d’exposition.

Il semble qu’entre 5 et 10 s, l’exposition est bonne. Maintenant je vais pouvoir affiner mon réglage : 5s, 6, 7, 8, 9, 10s en utilisant une nouvelle bande test. Un temps de 8 secondes semble parfait. Ma dernière bande test me permettra de vérifier sans utiliser de cache que 8 secondes est le bon temps d’expo sur une plus grande surface. Dernière bande : le contraste me semble un peu juste alors, sur les conseils de Tom, je fais un test avec un contraste de grade 3 plus poussé.

Mes bandes test

5 – Tirage de test 18 x 24

Afin de mieux apprécier l’image, je la tire cette fois-ci sur une feuille entière 18X24. Sur la photo ci-dessous, du haut vers le bas, vous pouvez apprécier les différentes bandes tests et tout en bas nos débuts dans le maquillage.

Comparaisons des tests

Voyez-vous les différences entre les deux tirages 18 X 24 ? Dans mon cas, tout à droite, je trouvais que les zones noires (les vêtements) de mes personnages étaient trop noir. J’ai perdu des détails en augmentant le contraste. J’ai voulu alors légèrement éclaircir cette zone en utilisant un plumeau noir pour légèrement cacher cette zone pendant l’exposition et moins l’exposer à la lumière pendant le tirage. Il est bien entendu possible d’assombrir une zone avec un papier « à trou » comme vous voyez ci-dessous. C’est ce que mes collègues ont utilisé pour assombrir leurs ciels (en bas au centre et à gauche sur la photo au-dessus).

Les outils pour maquiller

Revenons à ma photo. Voici mon tirage scanné. La zone apparaît bien trop blanche entre les deux personnes! J’ai dû rester trop fixe pendant l’exposition. Loupé pour cette fois. Voici un autre exemple de tirage. Encore un portrait. Tout d’abord, l’image originale ci-dessous, densité et contraste réglé. Qu’observez-vous? Le ciel est trop blanc et la zone de l’écharpe et du manteau sont trop denses. L’exposition est ok. Je suis déjà sur un diaph’ de 16 et un temps de 8s.

Me voilà donc à réutiliser mon plumeau pour éclaircir la zone du manteau. J’en profite également pour exposer une nouvelle fois 8 secondes pour redonner un peu de gris au ciel. Voici le premier maquillage :

C’est ok pour le manteau mais pas encore assez gris pour le ciel. Les marges ne se distinguent pas du ciel. Je tente alors deux passages sur les conseils de Tom. Et voilà! Le ciel est plus gris et le manteau plus clair! Vous pourrez voir également le résultat plus bas, pris en photo cette fois.

Un temps de 8 s, en étant déjà à f/16, est très court. Il est difficile de nuancer le maquillage. Cela s’explique par la plus grande densité du nouveau papier multigrade ilford comparativement à son prédécesseur. Rien de très grave, mais des ampoules moins puissantes pourraient résoudre le problème.

6 – Rinçage et séchage

Nos tirages et nos bandes tests sont rincés 2 minutes. A peine essorés, ils sont ensuite placés dans une sécheuse pour papier RC : une sorte de tapis roulant séchant.

sécheuse papier RC

sécheuse papier RC

Bilan

Apprendre à tirer c’est vraiment génial : hyper facile et hyper ludique. Tom est vraiment un super encadrant : patient, pédagogue et de bon conseil. J’avoue que maintenant que je suis capable d’apprécier les différences après maquillage, mais surtout les réglages du tirage je me demande un peu comment j’ai pu me contenter des scans de négatifs des labos photos qui ont tendance à vous faire croire que c’est votre négatif qui est sous-ex, sur-ex ou bien trop contrasté …. alors qu’en fait, un vrai tirage ça se travaille! Pour illustrer mon propos, voici une petite comparaison : le scan brut du négatif qui sort du labo et le tirage que j’ai fait et ensuite scanné. Vous voyez la différence? Vous en pensez quoi?

Je trouve que c’est frappant : le scan du labo est sous-ex. On ne distingue les détails de la barbe. D’ailleurs, il n’y a pas de délimitation. Pour le tirage : beaucoup plus d’équilibre!!!!

Allez, un petit dernier pour la route (en m’excusant du scan de mauvaise qualité)…

Premier tirage avant maquillage

Premier tirage avant maquillage

Pour en savoir plus :

le site internet de Tizozio : http://www.tizozio.fr/index.html

Adresse : 40, rue Laffitte, 75009 Paris

tizoziolabo@gmail.com

Mon afghan box ou kamra-e-faoree ou camera minutera

Ma malette magique chérie : la 67 de chez Street Box Camera

Connaissez-vous les afghan box ou kamra-e-faoree? Boîte en bois de la taille d’une petite valise cabine, confectionnée dans son garage ou par un artisan, les box de rue étonnent, subjuguent et s’immiscent dans le paysage argentique moderne. Peut-être en avez-vous déjà croisées sur les marchés cet été ? On les croit anciennes sans y associer franchement une année, une époque. On les imagine uniques, nées de l’imagination farfelue d’un bricoleur ou d’un savant. Résolument démago, insolites et globe-trotter. Hors norme. Carrément hippies. Elles ne laissent pas indifférent. Pourtant rien de plus simple qu’une boîte afghane. Ces mallettes magiques combinent appareil photo (ou plutôt chambre photographique) et chambre noire de développement. Une afghan box c’est une « camera-labo ». L’indispensable du photographe ambulant, du photographe de rue. Et tout un monde qui s’ouvre. Une boîte, du papier sensible, des produits de développement (révélateur et fixateur) et allons tirer le portrait des chalands ! Une street-box, c’est plein de contradictions. De la technique et de la persévérance, il en faut pour maîtriser le procédé ! De la magie aussi, un peu, de la poésie sûrement. En tout cas, une grande envie d’aller à la rencontre de l’autre, de celui qu’on croise dans la rue. De la chimie plein les doigts, mais des matériaux de récup’ pour pas polluer la planète. Des objectifs sérieux mais pas mal d’imprécisions dans la mise au point. Bienvenue dans le monde de la photographie de rue. Récit de mon dernier « crush ». Petite précision : les portraits que j’ai faits ont été pris en photo avec mon téléphone portable et ne rendent pas vraiment compte du piqué de l’image. 

(c) emmanuelligner.fr

 

L’appareil est constitué d’une simple boîte étanche à la lumière et d’un objectif voire parfois d’un simple trou type sténopé sur le devant de la boîte. La lumière est focalisée à l’intérieur de la chambre noire. Le papier est fixé sur une plaque de verre mobile qui permet de faire le point (un verre dépoli). Une fois le papier exposé, il est d’abord déposé dans le révélateur puis dans le fixateur situés dans deux bacs disposés à l’arrière de la chambre noire. Une fois le papier immergé dans le fixateur, la boîte peut être ouverte et le négatif de l’image sera visible. Ce négatif sera alors fixé en face de l’objectif et le même processus sera employé pour le photographier ce qui permettra d’obtenir finalement une image positive directement sur le papier photo.

Plus ici : Afghan Box Camera Project

 

Patrick Salètes « Les chambres de rue étaient utilisées par des photographes ambulants, souvent pauvres, qui opéraient sur les marchés, ou dans les foires. Elles leur permettaient de réaliser des épreuves immédiatement disponibles pour leurs clients en les développant en plein air, dans un petit laboratoire situé à l’intérieur de la chambre. Les photographes utilisaient aussi parfois la technique du ferrotype, positif direct, qui leur évitait de devoir faire le contretype du négatif. »

La première fois que j’ai entendu parler de ces mallettes magiques, je crois que c’était grâce à Philippe Dedryver qui venait de craquer. J’avais compris que c’était un procédé ancien, utilisé en Afrique mais aussi en Afghanistan à l’époque où les talibans interdisaient les photos. La boîte afghane utilisée par les photographes ambulants délivraient des photos d’identité en une quinzaine de minutes. Balèze quand même. Je n’y connaissais rien en chambre photographique (contrairement à Philippe) alors l’idée de m’en procurer une me paraissait vraiment fantasmagorique. Quand à la construire moi-même, même pas en rêve. Mais tellement attirant! Je percevais déjà le côté ludique et complet du procédé. Imaginez : du papier, un peu de chimie, de la dextérité et hop ! Des portraits à la chambre!

Street Photographer, Paghwan, Afghanistan 2003 (c) Patricia Monaco Photography

Par la suite, je suis tombée un peu par hasard sur le travail de Sébastien Bergeron, puis celui d’Adrien Tache, et enfin Bruzklyn Labz (Thibault Piel). Magie (pour une fois) des réseaux sociaux et des forums d’argenteux. Et je crois que c’est là, que j’ai réalisé. Je me suis rendue compte du pouvoir de ces grosses boîtes! La liberté qu’elles offrent. Se balader partout, recréer un lien avec les passants, leur parler argentique, expliquer comment ça marche, les séduire avec du grain et leur livrer un portrait unique, noir et blanc, organique, comme jamais ils n’auront avec leur smartphone! Ce décalage incroyable. En flânant dans les forums, j’ai vu ces portraits, ces magnifiques portraits et puis cet objet. Cet objet plein de charme : du bois brut, de l’artisanat et de la récup’. Alors j’ai forcément craqué!

©Sébastien Bergeron. Yela, Fana, Mali. 2014.

Comment ne pas être admiratif devant ce brin de folie des street boxeurs et street boxeuses? Prendre le contre-pied. Devenir un artiste de rue, qui fait tout avec ses mains. Rien besoin d’autre qu’une valise, une brosse à dents et une box? La liberté totale!

©Thibault Piel – Bruzklyn Labz

Street Box Camera ou l’histoire de la passion

STREET BOX CAMERA © Sacha Wewiorski

Sébastien Bergeron, parlons-en! Dans un forum, j’ai compris que cet artisan français des box était surtout un passionné de photo. Photographe moderne, ayant étudié la photographie digitale et tout le tralalala. En janvier 2011, il découvre la photographie de rue lors d’un voyage au Mali, avec Justine, une amie. Coup de foudre pour cette chambre de rue. Ils fabriqueront la leur, de mémoire, qu’ils appelleront « Chambre Issa », en hommage au photographe malien, Issa Samado, qui leur avait fait découvrir le procédé, et le charme de ce petit métier des rues.  Quelques années après, en 2014, Sébastien commence à construire des appareils pour le grand public. Une première box vendue, puis une deuxième… Le succès commence. On ne compte plus le nombre de street boxeur.euses qui détiennent une Street box Camera numérotée, unique, faite sur mesure par les mains de Sébastien.

Issa Samado, photographe de conte de fée / Issa Samado, fairy tales photographer. Polaroïd : Sebas Bergeron

Justine & Seb – Première sortie, à Auvers sur Oise, dans le champ aux corbeaux, peint par Van Gogh. 2011

Aujourd’hui, Sébastien et son entreprise Street Box Camera prennent un nouveau départ en Bretagne avec un atelier tout neuf. De nouvelles commandes, de nouveaux projets. Pour en savoir plus, retrouvez mon interview de Sébastien ici.

Le nouvel atelier de Street Box Camera ! Plancher en palettes pleines, double établi, nouvelles machines, grande (énorme !) table, et pleins de babioles que je traînais, qui ont enfin (re)trouvé leur rôle et leur place.

La numéro 67 dans ma vie

Et c’est en octobre 2018 que j’ai craqué! La N°67 était déjà fabriquée. Sur mesure comme les autres. Mais son papa n’a finalement pas voulu d’elle et Sébastien la proposait sur les réseaux. Un peu originale avec son manchon violet, elle me faisait de l’œil et puis elle était orpheline! Alors j’ai craqué. « Belle connerie » je me suis dit. 360 euros quand même. Je n’y connaissais rien en chambre et mes connaissances du papier sensible étaient limitées au sténopé. Me voilà avec ma grosse de 8 kg et en plus sans objectif ! Quelle galère…

STREET BOX CAMERA n°67. Date de fabrication : Juillet – Août 2018.

Pour photographe ambulant ou collectionneur. Format du négatif : 4 x 5 in. Le verre dépoli est monté sur un système rotatif, qui permet le choix du format « paysage » ou « portrait ». Taille de la box : environ 51 x 38 x 31 cm. Poids : environ 8 kg. Manchon en vrai tissu occultant (violet). Sur une des faces, se trouve un tableau noir pour pouvoir écrire à la craie, ainsi qu’un crochet servant de porte-serviette (très pratique, lorsque vous travaillez dans les rues). Chaque camera box est vendue avec son support de reproduction, pour réaliser le positif. Vendue sans objectif.

Quand j’ai déballé le paquet, elle m’a lancé son filtre d’amour. Ce qui m’a frappé c’est son odeur! Son odeur de bois brut! Quel bel objet. Bien fabriqué et avec tout plein de détails. Sur les photos, vous pouvez déjà distinguer : la petite accroche pour poser le chapeau (qui sert de bouchon d’objectif), la boîte à cigares pour placer son papier sensible dans le noir, le tableau à craie, toutes ces petites pointes dorées, les petits boutons de porte … un régal!

Ensuite, il m’a fallu trouver un objectif. Sur les conseils de Sébastien (très disponible et sympathique), je me suis trouvé un objectif d’agrandisseur d’occasion (donc sans obturateur-déclencheur). Moins cher et plus solide. Je me suis dit que je viendrais plus tard à quelque chose de plus perfectionné et plus cher! Un Schneider Kreuznach 150 mm f/5.6 (100 euros chez Odéon Occasion, à Beaumarchais). Il me fallait aussi la petite plaque pour le placer dessus (40 euros chez le spécialiste du grand format juste en face).

Les premiers essais

C’est non sans une trouille monstrueuse que j’ai effectué mes premiers essais sur mon balcon. Le développement je l’ai d’abord fait dans ma salle de bain en lumière LED rouge. Step by step, comme dirait l’autre. Papier positif. Pour la toute toute première fois, deux peluches ont fait l’affaire : au moins, ça bouge pas. Premier constat : l’image est incroyablement net.

Coco et Léo en mode mannequinat

Premier essai ! Fait 5°C dehors, je suis une chochotte, j’ai fermé la fenêtre et alors ?

OMG : ça a marché !

Premier résultat ! Mais matez moi ce flou artistique derrière !

Ensuite, j’ai demandé à mon mannequin favori (le vrai, pas Coco et Léo) de poser pour moi! Une émotion de dingue m’a envahie quand j’ai vu la qualité des détails, du grain, du bokhé! Bien-sûr que ce n’est pas le portrait de l’année. Mais franchement pour le seulement 3ème essai, j’ai trouvé ça réussi.

13 secondes à f/5.6

C’est finalement chez mes cousines, que j’ai enfin sorti mémère hors de la maison… J’ai juste préparé deux solutions (révélateur et fixateur) dans des boîtes alimentaires en PP, un torchon et un trépied et nous voilà en vadrouille. J’ai commencé à comprendre que le temps d’expo, c’était pas facile à cerner, surtout avec du papier positif…

8 secondes à f/5.6 (nuageux novembre 2018)

8 secondes à f/5.6 (nuageux novembre 2018)

Mais je ne suis pas arrêtée pour autant. Afin de maîtriser mes temps d’expo et de continuer de m’entraîner, j’ai approfondi toute seule! Ahah! Non que le selfie, ou égoportrait, comme dirait les québécois, me passionne, mais ça permet quand même de s’entrainer une journée entière sans casser les pieds de ses proches. 🙂

Mieux non ?

J’ai également expérimenté le développement avec du caffénol pour des rendus sépia. Pas mal dans ma salle de bain. Même si des temps de développement assez longs. Pas très pratiques donc pour la box. Cet hiver, j’ai même essayé le caffénol par 10°C dehors avec une solution faite la veille. Première déception : aucun résultat! mais alors aucun! J’ai attribué ça à la température et à la fraîcheur du bain. Le caffénol doit être utilisé frais! 24h et cela ne fonctionne plus. La solution ne se garde vraiment pas, même si elle est moins toxique. Déçue, j’ai continué de tester ma box en l’utilisant uniquement comme chambre photographique pendant un moment (la petite joueuse) , me servant de ma salle de bain à 21°C pour développer. 

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Et puis j’ai voulu réessayer avec un révélateur Ilford. J’ai testé à Saint Malo, en plein hiver par 5°C. Je me suis contentée d’enchaîner 5 clichés et de conserver les trois photos jusqu’à mon arrivée à Paris pour les développer. Et malheur : les résultats étaient catastrophiques. Aucun contraste. Je pourrais même pas vous dire si elles étaient sous-ex ou sur-ex. Problème quand même assez chronique, disons le. Un coup des belles photos pleines de contraste et un coup toutes grises… A ce moment là, je me suis quand même dit que je n’aurai pas dû attendre de les développer chez moi. 

Et puis finalement, je me suis enfin lancée dans le développement du papier positif dans la boîte, et pas dans ma salle de bain. Le grand saut! Il faut dire que les températures sont remontées. J’ai même résolu mes problèmes de contraste qui venait en fait d’un petit jeu que j’avais entre mon objectif et ma box. Un coup de tournevis et c’était réglé. Youpi ! 

Je me suis trouvée des emballages plastiques alimentaires qui se vissent, bien hermétiques. Je manipule avec des gants pour ne pas tremper mes doigts dans les solutions et j’ai toujours un chiffon pour égoutter mes gants. Et voilà les résultats! AAAAAHHHHH du contraste et enfin dehors! 61063806_2414543578777567_1636038384046571520_n61163208_2414543668777558_7833928074826612736_n

BILAN

Cela fait maintenant presqu’un an que la n°67 fait partie de ma vie. Si je vous conseillerai de vous lancer? Bien entendu et sans hésiter! Les chambres photographiques itinérantes sont vraiment magiques. D’abord parce qu’elles vous permettent de créer des souvenirs uniques : le moment que vous avez passé avec vos modèles (à leur expliquer comment cela fonctionne), l’objet en lui-même avec ses imperfections fabriqué avec vos petites mains et puis la qualité de la photo (si si). Chacun a ses petites techniques, ses petites manies. Quand on rencontre un autre afghan boxeur, on discute et on s’observe. On pique des astuces! C’était mon cas quand on j’ai rencontré Thibaut Piel de chez Bruzklyn Lab, à un concours photo organisé par Nation Photo. Il utilise un petit postiche chignon en plastique en forme de donut pour mettre son œil et j’ai trouvé ça très malin.

Cet été, j’ai décidé d’emmener la mallette magique avec moi dans mon tour de France de la famille et des copains, et de faire au minimum un portrait par jour. Lille, Cambrai, Annecy, Calvi, Calenzana, Marseille, Rocamadour : elle aura vu du pays sur ses petites roues de cabat! J’avais tout prévu. Un trépied, des gants en latex, deux solutions : révélateurs et fixateur, un chiffon pour essuyer mes bacs lorsque quelques gouttes s’échappent, mon donut, une lampe torche LED rouge (achetée sur Amazon dans le matériel des chasseurs), du papier direct positif 4X5, du scotch noir pour être sûr de ne pas avoir de fuites de lumière, un tissu noir pour mettre sur ma tête et bien faire le point, un tablier et voilà !

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En route pour les vacances !

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En pleine forêt picarde

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premier stop à Lille

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deuxième stop à Cambrai

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La grosse en Corse

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La famille marseillaise

Aller plus loin :

L’autochrome de Louis Lumière

La Côte d’Azur, les archives de la planète, collection du musée départemental Albert Kahn

Louis Lumière

L’autochrome, qui désigne à la fois le procédé et l’objet, a été la première technique photographique permettant d’obtenir des photos en couleurs. Brevetée en par les frères Auguste et Louis Lumière, elle produit des images positives sur plaques de verre et fut utilisée entre 1907 et 1932 environ. Plus connu pour ses teintes bleutées voire grises, ce procédé a permis, entre autres, d’immortaliser des scènes de la première guerre mondiale ou  de faire découvrir la richesse et la diversité des cultures à travers le monde (travail d’Albert Kahn). Coûteux, encombrant et relativement difficile à utiliser, il s’est peu exporté à l’extérieur de la France et se pratiquait chez les familles bourgeoises qui souhaitaient réaliser des portraits de famille ou des natures mortes. Les autochromes de l’époque sont aujourd’hui étudiés minutieusement comme témoins de l’histoire et conservés dans les réserves des musées sous la surveillance des restaurateurs et conservateurs. Seules des reproductions ou des images scannées sont montrées au public car les autochromes sont des objets multi-couches complexes et sensibles à différentes altérations : oxydation, humidité et exposition à la lumière. Je remercie chaleureusement Stéphanie Ledamoisel, restauratrice du patrimoine, responsable du pôle conservation préventive de l’ARCP (Atelier de Restauration et de Conservation de la Ville de Paris) pour nos échanges, nos discussions, nos visites guidées et les nombreux sujets de recherche qui auront été confiés aux étudiants en chimie que j’encadre.

Altération des autochromes

« L’effet coloré obtenu n’est certes pas le reflet fidèle de la réalité, plutôt son interprétation dans des teintes pastels rehaussées par la transparence du support, mais c’est justement cette interprétation qui donne toute leur valeur à ces images. Ces clichés sont en effet à mi-chemin entre la photographie et la peinture, de par l’effet pictural donné par la granulation décelable de la fécule et sa gamme de coloris, mais aussi par le choix des sujets imposé par le temps d’exposition, suffisamment rapide pour fixer la pose d’un être vivant, mais pas son mouvement. De ce fait, ces images un peu statiques se rapprochent d’un tableau : il ne s’agit pas d’un instantané, mais de la reproduction d’un instant figé et composé, enluminé par une impression, une sensation de couleur générée par de multiples touches de pigments modelés par le pinceau de la lumière. C’est cette spécificité, qu’on pourrait au strict point de vue du progrès des techniques photographiques qualifier « d’imperfection », qui contribue à donner à un autochrome, véritable photographie picturale, une charge émotionnelle et esthétique si particulière. »

L’Institut Lumière

Madeleine et Andrée, nièce et fille d’Auguste Lumière, en 1910 Plaque Autochrome Lumière 18×24 cm

 

L’autochrome des frères Lumière

Déposée sous forme de brevet le 17 décembre 1903 mais dévoilée à l’Académie des Sciences le 30 mai 1904, la plaque Autochrome Lumière, inventée par Louis Lumière, est le premier procédé de photographie en couleur.

La trichromie : ancêtre de l’autochrome

A l’époque, seule la technique de la trichromie permettait d’obtenir des photos en couleurs. Il s’agissait d’une combinaison de trois prises de vue successives en noir et blanc avec un filtre coloré différent ajouté à chaque prise. On obtenait trois sélections de couleurs primaires, fondamentales dans la perception colorée de l’œil humain : rouge, vert, bleu (RVB). Ensuite chacune des photos noir et blanc étaient tirées et un colorant était ajouté. Il était difficile mais nécessaire d’obtenir trois prises de vue identiques pour être idéalement superposables. La photo trichrome combinée à la sensibilité des émulsions noir et blanc de l’époque, excluait donc totalement la spontanéité d’un mouvement et exigeait de tenir la pose d’une prise de vue à l’autre, y compris pendant le changement du filtre coloré.

La trichromie par Clément Darrasse (graine de photographe). Pour en savoir plus sur cette technique et ce photographe

L’autochrome de Louis Lumière

L’intérêt de l’autochrome résidait donc, bien évidemment, dans l’obtention du cliché en une seule prise de vue, plutôt que trois. Il s’agit en fait d’une émulsion noir et blanc déposée sur une couche de granules de fécules de pomme de terre de trois couleurs différentes, permettant de capter et filtrer la lumière. Après un procédé chimique d’inversion, l’image négative en noir et blanc devient une image positive, juxtaposée aux « pixels » de fécules colorées. Par le jeu des couleurs, l’objet apparait comme une image positive couleur. La plaque était vendue prête à l’emploi avec ses différentes couches et son développement, identique au procédé noir et blanc de l’époque, nécessitait uniquement une inversion en positif de l’image négative. La plaque s’exposait à la lumière à travers la fécule mais l’image s’observait ensuite de l’autre côté.

Les grains de fécules sur la plaque autochrome

 

Les archives de la planète, musée départemental Albert Kahn

Louis Lumière a tout simplement réutilisé le principe de la trichromie. Mais son invention lui a demandé près de 10 ans de travail. La première difficulté a été d’obtenir des granules de fécules aussi fines que possible et de tailles homogènes. Pour cela, il les tamisait de façons successives jusqu’à obtenir une taille de 10 à 20 micromètres (millième de millimètres)! Après coloration en orange, vert et violet, il les mélangeait dans des proportions précises pour qu’il n’y ait pas de dominante de couleur (voir plus bas la recette originale). A ses débuts, Louis Lumière les étalait à l’aide d’un blaireau. Plus tard, il inventa une machine capable d’écraser (le laminoir) les grains de fécule sur la plaque sous une pression très forte de 7 tonnes par centimètre carré.

Gros plan sur un portrait en plaque autochrome, Les archives de la planète du musée départemental Albert Kahn

Il obstruait les interstices qui restaient libres avec de la poudre de noir de charbon finement pulvérisée. Malheureusement, cette poudre de charbon réduisait considérablement la quantité de lumière impactant la gélatine photosensible (la plaque autochrome transmettait seulement 7.5% de la lumière incidente). Les plaques autochromes étaient vendues prêtes à l’emploi, pour saisir une photographie en couleurs en une seule prise de vue. Après développement et inversion (voir plus bas), la photographie sur plaque de verre était souvent recouverte d’une deuxième plaque de verre pour protéger l’émulsion et s’observait en la regardant à la lumière.

Stéréoscope Richard pour visualiser les plaques autochromes

Durant une trentaine d’années, le procédé Autochrome connaitra de multiples perfectionnements et la sensibilité sera améliorée afin de s’adapter aux nouveaux appareils photographiques qui emploient des films souples de petit et moyen formats. Ces évolutions seront néanmoins  limitées par la dimension invariable des particules de fécule de pomme de terre composant le réseau coloré, ce qui rendra le procédé inadaptable au film cinéma 35 millimètres. En 1931 la société Lumière commercialise le “Filmcolor” sur support souple en nitrate de cellulose, destiné à remplacer l’Autochrome. Initialement conditionné en plan-films, le “Filmcolor” est disponible en rouleaux, à partir de 1933, pour les appareils de moyen format sous l’appellation “Lumicolor”. Mais deux ans plus tard, 1935, le “Kodachrome” puis, en 1936, l“Agfacolor” vont progressivement supplanter l’Autochrome.

Filmcolor

Lumicolor

Albert Kahn et « Les archives de la planète« 

« La photographie stéréoscopique, les projections, le cinématographe surtout, voilà ce que je voudrais faire fonctionner en grand afin de fixer une fois pour toutes des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ». Albert Kahn, janvier 1912.

Albert Kahn, né Abraham Kahn à Marmoutier en Alsace le et mort à Boulogne-Billancourt le , est un banquier et philanthrope français, animé par un idéal de paix universelle. Sa conviction : La connaissance des cultures étrangères encourage le respect et les relations pacifiques entre les peuples. Il perçoit également très tôt que son époque sera le témoin de la mutation accélérée des sociétés et de la disparition de certains modes de vie.

Il crée alors les Archives de la Planète, fruit du travail d’une douzaine d’opérateurs envoyés sur le terrain entre 1909 et 1931 (comme Leon Gimpel, Auguste Leon, Stephane Passet et Georges Chevalier) afin de saisir les différentes réalités culturelles dans une cinquantaine de pays. L’ambition du projet l’amène à confier sa direction scientifique au géographe Jean Brunhes (1869-1930), un des promoteurs en France de la géographie humaine.

Deux inventions des frères Lumière sont mises à contribution : le cinématographe (1895) et l’autochrome (1907). Les Archives de la Planète rassemblent une centaine d’heures de films et 72 000 autochromes, soit la plus importante collection au monde. Pour la première fois, les images du musée départemental Albert Kahn, s’exposent sur la toile. Après une campagne de numérisation et de documentation de près de 10 ans, les collections numérisées sont désormais accessibles à tous.

Plaque autochrome musée départemental Albert Kahn

Image numérisée

Conservation des autochromes sous atmosphère contrôlée en température et humidité

La diffusion de la collection des Archives de la Planète sur la plateforme Open data départementale permet de mettre gratuitement à disposition des utilisateurs, à des fins strictement informationnelle, pédagogique, culturelle et scientifique, la reproduction numérique en basse définition de ce fonds iconographique et cinématographique. Le choix d’une diffusion en Open data inscrit le musée dans une démarche d’ouverture des données et de connaissance partagée autour des collections.

La recette originale

Les plaques autochrome sont un ensemble de couches : plaque de verre, résines, fécules, laque, émulsion gélatineuse… En 1990, Jean-Paul Gondolfo et Bertrand Lavédrine travailleront sur la préparation d’autochromes selon la recette de l’époque (la référence de leur livre est à la fin de cet article). Voyons ici ensemble les composés traditionnels.

Première couche : la plaque de verre. Celle-ci était de format classique, par exemple 18×24 cm, pour être utilisée dans une chambre photographique. Elle devait certainement être bien nettoyée pour lui enlever toutes ses impuretés.

Le premier vernis. Sur cette plaque était d’abord étalé un vernis collant permettant l’adhésion des grains de fécules. Il s’agissait de latex dissout dans du benzène (composé cancérigène). Cette solution était préparée à l’avance car il faut plusieurs jours pour dissoudre une quantité importante de latex. Une solution à 10 % de résène était ensuite ajoutée pour donner au vernis un caractère collant. Le résène est une cire qui constitue la fraction insoluble de la résine Dammar dans de l’acétate d’éthyle.

La résine dammar est une résine naturelle utilisée en peinture pour fabriquer des vernis et des médiums à peindre dits « maigres ». Elle est sécrétée par un type d’arbre caractéristique des îles indonésiennes. La variété la plus prisée, la dammar Batavia, est obtenue en incisant une variété de Shorea, qui pousse sur Java et à Jakarta (d’où le nom de Batavia, ancien nom de Jakarta). Une autre variété, plus courante, est tirée de l’Hopea.

Résine Dammar

Les fécules de pommes de terre. Dans un récipient en verre, 100g de fécules de pomme de terre sont mises en suspension dans 4L d’eau et agités vigoureusement. La suspension obtenue est laissée au repos pendant 15 minutes. Puis les fécules les plus petites restées en suspension sont récupérées. Les fécules sont ensuite lavées à l’alcool à 90° (sur Büchner couvert de papier filtre). Les grains sont placés à l’étuve pendant plusieurs heures à 50 °C. Les fécules sont ensuite délicatement dissociées dans un mortier puis triées sur des tamis dont les mailles ont des diamètres successifs de 50, 30, 25 et 20 microns. Comme ce processus est long, des petites billes en inox de 1 cm de diamètre sont placées sur les tamis pour accélérer le passage, la pression sur les grains limitant l’engorgement des mailles. Les fécules récupérées ont un diamètre inférieur à 20 microns. Enfin les grains sont passés sur tamis de 10 microns pour enlever les grains trop petits.

Coloration des fécules de pommes de terre. Historiquement, les colorants étaient dissous par agitation dans de l’eau maintenue à 50-60°C dans un bain-marie puis filtrés sur papier. La fécule était ajoutée à la solution de teinture et mélangée pendant 30 minutes à 1h à température ambiante pour la teinte orangée ou verte et à 30°C pour la teinte violette. Les fécules étaient ensuite étalées sur des toiles puis séchées à l’étuve pendant 3h. Les fécules étaient rincées après leur séchage (pour éviter qu’elles ne décolorent sur d’autres) puis séchées. Elles étaient ensuite introduites dans un tonneau rotatif qui contenait une solution alcoolique et des billes de porcelaine en vue de casser les agglomérats. Les lots de fécules étaient ensuite filtrés et rincés sur filtre avec de l’alcool absolu puis séchées à l’étuve à 70°C. La proportion de chaque couleur de fécule dans le mélange était calculée de manière à obtenir un réseau de couleur gris neutre. La plaque laminée et vernis devait présenter une tonalité neutre (ordre d’idée : pour 100 g de fécule, 32 g orange, 27 g violette, 41 g verte).

Les colorants utilisés étaient :
• violet : violet cristallisé et bleu de méthylène en proportion 3/1.
• vert : tartrazine et bleu de carmin en proportion 5/1.
• orangé : tartrazine, éosine et rose bengale en proportion 5/1/1.

Pour les plaques les plus anciennes, les colorants suivants étaient utilisés :
• vert : thioflavine et vert brillant.
• orangé : rhodamine 6G et phosphine 2J.
• violet : violet cristallisé.

D’autres mélanges de colorants ont aussi été utilisés comme : le rose bengale, l’érythrosine et la tartrazine pour le rouge orangé, le bleu patenté et la tartrazine pour le vert, le violet cristal et la sétoglaucine pour le violet.

Formule chimique de la tartrazine : colorant jaune E102

Saupoudrage et laminage des fécules de pommes de terre. Les fécules colorées sont ensuite saupoudrées et les interstices sont comblés avec du noir de charbon. Ce dernier doit avoir une granulométrie fine et est préparé par dispersion de charbon de bois dans de l’eau avec des billes d’acier que l’on fait tourner pendant plusieurs jours. Les grains ont, à la fin du traitement, une dimension de l’ordre du micron. Deux passages avec du talc sont effectués afin d’éliminer l’excès de noir de charbon. Il facilite également l’opération de laminage en « lubrifiant » la surface. Les fécules sont ensuite laminées avec un rouleau de petit diamètre pour augmenter la pression.

Deuxième vernis. Celui-ci était constitué de résine Dammar dissout dans de l’acétate d’éthyle et filtrée (séparation de la résène). Un peu d’huile de ricin était ajouté comme plastifiant.

Gros plan sur une plaque autochrome

L’émulsion photographique : gélatino bromure d’argent. L’émulsion historique des Frères Lumière était réalisée de la manière suivante. Ils commençaient par préparer 3 solutions :
• A : 300 g de gélatine dure dans 5 L d’eau.
• B : 200 g de gélatine dure, 200 g de bromure d’ammonium, 6 g d’iodure de potassium dans 2 L d’eau.
• C : 300 g de nitrate d’argent, 1 à 2 g d’acide nitrique dans 1250 g d’eau.
Lors de la réalisation des solutions, le laboratoire était éclairé, mais toutes les étapes ultérieures étaient effectuées dans l’obscurité ou à la lumière rouge. Ils préparaient l’émulsion en versant peu à peu la solution de nitrate d’argent C dans celle contenant le bromure d’ammonium et la gélatine B à 40°C. La gélatine était alors encore liquide. Il y avait ensuite formation de bromure d’argent et de nitrate d’ammoniaque. Le liquide devenait alors laiteux. Ils ajoutaient la solution A de gélatine et pendant 1h, ils agitaient régulièrement à 40°C. Le mélange se teintait alors d’une couleur bleue/verte. Dès que la couleur apparaissait, ils laissaient le mélange refroidir. L’émulsion se solidifiait ensuite. Ils la faisaient passer à travers une mousseline ou une toile métallique d’argent et ils obtenaient des vermicelles. Ces derniers étaient placés dans l’eau. Toutes les 5 minutes, l’eau était changée (ce lavage permettait d’enlever les sels produits). L’émulsion était ensuite mise en pot puis laissée pendant 5-6 jours dans le noir complet. L’émulsion était ensuite passée au bain marie puis était prête à être couchée. La granulation de l’émulsion devait être fine pour que la taille des cristaux soit très inférieure à la taille d’une fécule de pomme de terre. Le diamètre d’un grain d’argent était environ de 0,6 micromètre. Des colorants sensibilisateurs comme l’orthochrome T (pour vert), érythrosine (pour le jaune), le violet d’éthyle (pour le rouge orangé) pouvaient être ajoutés.

Prise de vue, développement et inversion. La plaque sensible était ensuite placée dans la chambre photographique grâce à un châssis et exposée à la lumière à travers la fécule de pomme de terre (agissant comme un filtre). Il se forme une image latente négative. L’inversion permet d’obtenir directement des images positives. La plaque exposée est d’abord développée, ce qui forme une image argentique négative. Cet argent formant l’image négative est ensuite dissout dans un bain de blanchiment. Le film contient alors le complément de l’image négative, formé d’halogénures d’argent. Il suffit d’exposer à la lumière uniformément ces halogénures d’argent pour former l’image positive lors d’un second développement (pour en savoir plus sur la chimie à utiliser).

Pour en savoir plus :

Apéro rencontre argentique le jeudi 25 juin 2020

Salut les amis!

Après trois mois de restrictions, nous pouvons maintenant sortir boire un verre en terrasse entre amis, alors profitons-en mais restons prudents !

Que diriez-vous d’une rencontre apéro sur Paris pour échanger sur la photo argentique?

Si cela vous intéresse, rien de plus simple, envoyez moi un petit message, par exemple un commentaire sous cet article pour me prévenir de votre venue au « Le Café Saint-Médard », en terrasse, 53 rue censier, 75005 Paris, le jeudi 25 juin à 19h30.  Ainsi, je pourrais réserver une table.

Apéro du 7 juin

Apéro du 18 septembre

Pour suivre ou vous inscrire à l’évènement Facebook c’est ici : Evènement Facebook

 

 

Pellicules noir et blanc W 25 iso et V 100 iso de Film Washi

Film Washi V 100 iso – Lomo LC-A 120

Voilà maintenant quelques années que je suis le travail remarquable et original du plus petit fabriquant de films : Film Washi. Lomig Perrotin, ancien de chez Nation Photo, commercialise son premier film, le W, en 2013. En couchant une gélatine photo-sensible sur un papier traditionnel japonais, le Washi, Lomig a créé un nouveau type de film. Après plus d’un an de tests, les films sont aujourd’hui distribués dans le monde entier (y compris chez Lomography). Facile à manipuler et à développer, les films Washi sont conditionnés aux formats classiques de la photographie argentique : 135, 120 ou 4×5, mais aussi sur mesure, permettant ainsi au plus grand nombre de découvrir ce film. Après le lancement des films Washi « W », la petite entreprise a élargit sa gamme de produits en proposant à ses clients une gamme de pellicules 35 mm sur support polyester, fabriquées en Europe et initialement destinées à un usage audiovisuel ou aérospatial. Elles sont roulées et conditionnées manuellement en cartouches recyclées afin de permettre au grand public de les découvrir. Pour ma part, j’en ai déjà testé quelques-unes : la Washi F, la Z, et puis les : D, X, A, S … Mais ils me manquaient les deux plus originales : la W et la V dont les émulsions ortho et panchromatique sont couchées à la main sur papiers japonais ! Si vous cherchez des effets originaux pour vos photos, vous allez être servis!

W – 25 iso/15° – Film orthochromatique sur papier Kozo

Le papier traditionnel Tosa Washi (Kozo) est fabriqué par Moriki au Japon. Tous les films Washi W sont fabriqués à la main. Le conditionnement de ces films fait qu’il est donc possible de les utiliser sur tout appareil standard. Très sensible au bleu, peu sensible au vert et insensible au rouge, ce film donne les meilleurs résultats en portrait, nature morte ou photographie urbaine. Le Film « W » est disponible en plan-film, 35mm, mais aussi 120 et 620. Retrouvez la documentation technique des films W ici. Le film « W » est de sensibilité 25 iso et orthochromatique. Ce papier offre l’alliance de grandes qualités techniques avec l’esthétique exceptionnelle de ses longues fibres entremêlées. Il est à la fois souple, solide et transparent. Les films 120 se chargent normalement. En format 135, il est important d’utiliser doucement le levier d’armement et de ne jamais dépasser 16 vues, au risque de déchirer les perforations. Le film « W » en 135 ne convient pas au appareils à entrainement automatique (vous trouverez la liste des appareils compatibles sur le site de Film Washi). Les plan ­­films, très souples, doivent se charger en lumière rouge, du bas vers le haut l’encoche placée dans le coin supérieur droit du châssis. Vérifier que le bout du film est bien passé sous le rebord du châssis et que le volet peut aller et venir librement sans froisser le film.

Papier Kozo de Moriki

Le film « W » se développe dans un révélateur papier, en cuvettes ouvertes, sous éclairage inactinique. Les films en bobines doivent être manipulés avec des pinces plates et trempés dans les bains, par un mouvement régulier de va et vient, dans l’ordre suivant : pré­mouillage dans une cuvette d’eau claire, immersion dans le révélateur (2 à 3 minutes), rinçage à l’eau claire, pas de bain d’arrêt acide, immersion du film dans le fixateur jusqu’à totale dissolution de l’émulsion résiduelle (blanchâtre), lavage à l’eau claire et froide pendant 15 minutes minimum, pas de jet d’eau directement sur le film, et enfin suspension du film pour séchage.

Le W existe en pellicules 120 et en 35 mm alors j’ai essayé les deux versions! Pour la 120 avec mon Rolleiflex, j’ai été frileuse et j’ai laissé le développement à Nation Photo. Ils ont aussi effectué la numérisation du négatif. Résultat? Des photos très contrastées : à tel point que l’on perd beaucoup dans les détails.

Les négatifs du Film Washi W 120

Film Washi W 120 – Rolleiflex

Film Washi W 120 – Rolleiflex

Film Washi W 120 – Rolleiflex

Pour mon deuxième essai, j’ai choisi une pellicule 35 mm avec perforation et mon Canon A1 pour armer tout doucement sans déchirer le papier. Le film W est peu sensible et j’ai malheureusement sous-exposé mes photos. Cette fois, j’ai tenté le développement en cuvette dans ma salle de bain sous lumière inactinique. J’ai utilisé un révélateur Ilford universel. Aucun problème. Et quelle magie de voir les images apparaître sur le film ! Entre temps, Lomig a mis à disposition des photographes un tuto de développement (voir en bas de page).

J’ai ensuite utilisé mon Lomoscanner pour mon téléphone (pas vraiment l’idéal mais pour cette fois-ci, ça a fait l’affaire). Et voilà le résultat! Mon verdict? Un effet fusain très original. Personnellement, je préfère la  version  120.  

V – 100 iso/21° – Film panchromatique sur papier Gampi

Le Film V est sorti en 2017 avec une présentation au stand de Nation Photo, au Salon de la Photo, Porte de Versailles. Nouveau film artisanal, plus transparent que le W, il est aussi plus sensible et avec une plus grande latitude de pose. L’émulsion, couchée à la main sur un papier artisanal Gampi fabriqué par Awagami Factory au Japon, donne aux photos un aspect dessiné grâce aux fibres horizontales visibles. Sensible à tout le spectre, ce film est un très bon choix pour les paysages auxquels il apporte un effet pictorialiste unique. Il se développe dans le noir complet et non sous lumière inactinique. Pour cela, il faut se munir d’une bobine et d’une bande gaufrée pour une cuve Paterson (disponibles sur le site de Film Washi).

Effet pictural du Film V (Salon de la photo 2017)

Le Gampi original (Salon de la Photo 2017)

Premier essai pour moi sur un Film V 100 iso en 120 avec mon appareil Lomo LC-A 120 à Bergame en Italie. J’ai une nouvelle fois laissé mes amis de Nation photo faire un développement manuel et une numérisation (24 euros le tout et des mois de délai, mais faut ce qu’il faut).

Lomo LC-A 120 – Film Washi V – Bergame

Lomo LC-A 120 – Film Washi V – Bergame

Lomo LC-A 120 – Film Washi V – Bergame

Lomo LC-A 120 – Film Washi V – Bergame

Je ne me suis pas arrêtée là pour autant. J’ai tenté le tirage noir et blanc chez Tizozio Labo sur format 18×18 ! Pour ce faire, le négatif est placé entre deux plaques de verre du porte-vue. Pas facile de bien le maintenir sans qu’il gondole. Le papier (Ilford perlé multigrade) est assez sensible. J’ai travaillé sur des temps de 20 secondes environ. Pour le contraste, j’étais sur du 2,5. Résultat bluffant : on voit bien les fibres !

Négatif entre deux plaques de verre

Le film Washi V se tire très facilement. Détail agréable : plus le format est grand et plus on peut apprécier les fibres du papier.

Bandes test du tirage

Tirage terminé!

Pour aller plus loin

  • Développer le film W en cuvette : 
  • Développer le film V en cuve Paterson :

L’histoire des supports photographiques en nitrate de cellulose

Nous sommes en mai 1929, à la clinique Cleveland et deux explosions violentes provoquent l’embrasement immédiat des bâtiments et la mort de 123 personnes. Mais que s’est-il passé? Une simple inattention : une ampoule a été laissé allumée un peu trop près d’une pile de radiographies rayons X en nitrocellulose, causant ainsi un départ de feu, des fumées toxiques et rapidement la destruction des quatre bâtiments entiers. Les radiographies étaient en film nitrate, appelée aussi nitrate de cellulose, film flamme ou tout simplement nitrate. Exposé à une source d’ignition : étincelle, flamme, chaleur, le film nitrate brûle de manière incontrôlable dégageant de l’acide nitrique et du dioxyde d’azote, même lorsqu’on tente de l’étouffer avec de l’eau. Terrifiant, n’est-ce pas? Je vous propose de revenir sur l’histoire de ce film légendaire arrêté dans les années 50 et de comprendre avec moi comment il est encore à l’origine des cauchemars des restaurateurs.

La clinique de Cleveland en feu

Un peu d’histoire

Hannibal Goodwin

Le brevet des films en nitrate de cellulose a été déposé pour la première fois en mai 1887 par le révèrent Hannibal Goodwin pour la fabrication de pellicules sensibles, mais a été breveté seulement en 1898. Au même moment, George Eastman, fondateur de Kodak, avait déjà commencé la production de films nitrate en rouleau selon ce procédé. Ansco, la société qui avait acheté le brevet de Goodwin, poursuivit en justice Eastman Kodak pour violation de brevet et obtint quand même 5 millions de dollars en 1914! Somme méritée quand on connait le succès phénoménal des films nitrate de Kodak. Hannibal, lui, créera son entreprise « Goodwin Film and Camera Compagny » en 1900 mais n’aura pas vraiment la chance d’en tirer profit puisqu’il perdra la vie la même année des blessures d’un accident.

Tant de succès pour ce film nitrate! Il faut dire que le nitrate de cellulose offre un avantage certain : il est le premier support photographique souple. Auparavant en photographie, seul les négatifs sur verre étaient utilisés. Le support en nitrate offre de nouveaux horizons:  le Kinetoscope de Thomas Edison et ses « images animées » par exemple.

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Kinetoscope d’Edison


Devinette : quel est le point commun entre une balle de ping-pong et des plans films en nitrocellulose ? Le celluloïd, cet autre nom des plastiques de nitrocellulose, vous est peut-être plus familier? Avant 2004, c’est ce qui composait les balles de ping-pong. Et oui!

La formule typique du celluloïd contient :

  • 70 à 80 % de nitrate de cellulose : le polymère de base
  • 30 % de camphre (plastifiant)
  • 0 à 14 % de colorant ;
  • 1 à 5 % d’alcool
  • et des agents stabilisants et réduisant l’inflammabilité.

Le nitrate de cellulose a été produit sous différentes marques de commerce comme Celluloïd, Collodion, Fulmicoton, Pyraline, Pyroxyline et Xylonite. Parmi les divers objets fabriqués au moyen du nitrate de cellulose, on trouve des manches de coutellerie (en ivoire artificiel et autres ersatz d’ivoire), des équerres et des gabarits de dessinateur, des jouets et des poupées, des pellicules photographiques, des montures de lunettes, des revêtements protecteurs et décoratifs ainsi que de nombreux articles de toilette, des contenants pour produits de beauté et des articles ménagers qui vont du bouton au siège de toilette.

Lorsque le nitrate de cellulose ne contient ni pigment ni charge et ne s’est pas dégradé, il est incolore et transparent. Pendant quelque 50 ans, soit jusque vers , ce produit était la seule matière plastique translucide, de ton clair, que l’on pouvait facilement se procurer. Les objets qui possèdent ces caractéristiques et qui ont été fabriqués ou acquis avant cette époque sont probablement tous en nitrate de cellulose. Aujourd’hui les négatifs de pellicules et les plans films sont constitués d’autres polymères : le PET (comme nos bouteilles d’eau) ou acétate de cellulose.

Un peu de chimie

Les films nitrate sont composés de plusieurs couches : le support plastique au cœur et de chaque côté une ou plusieurs couches de gélatine dont l’une d’elle contient les sels d’argent sensibles à la lumière. Le support plastique est un mélange d’un polymère (80%) : nitrate de cellulose, acétate de cellulose (après 1923) ou polyester (après 1955) et environ 20% de différents composés : plastifiant, colorants et stabilisants. La gélatine sensible couchée sur le film, elle, est un polymère aussi mais n’est pas inflammable. Seule la nitrocellulose est très inflammable voire même explosive.

La nitrocellulose, comme son nom l’indique, est issue de la modification chimique de la cellulose, composé majoritaire du coton. Pour fabriquer de la nitrocellulose, rien de plus simple! Il suffit de traiter du coton avec un mélange d’acide sulfurique et d’acide nitrique. On obtient alors une nitration de la cellulose. Cette nitration, plus ou moins importante, permet d’obtenir différents composés : mono nitrate de cellulose, dinitrate ou trinitrate dont la dangerosité augmente avec la fonctionnalisation. Voici ci-dessous les pourcentages d’azote de différents objets :

Objets en plastique, revêtements 10,5 à 11,5
Revêtements, pellicules photographiques, feuilles de plastique 11,5 à 12,3
Explosifs, poudre noire 12,4 à 13,5

Alors que le mononitrate est seulement inflammable et trouve des applications en lutherie, comme vernis à ongles ou comme collodion médicinal (pansement liquide), les dinitrates et trinitrates sont explosifs, solubles dans l’acétone et doivent être stockés dans l’eau pour être stabilisés.

Parmi les pays d’Europe, beaucoup ont interdit le collodion médicinal en pharmacie mais pas la France. Parlez-aux artificiers du trinitrate de cellulose : ils connaissent bien ce composé et pour cause! Il fut utilisé sous le nom de fulmicoton, en remplacement de la poudre à canon (voir encadré).


Malgré les interdictions de sa femme, Christian Friedrich Schönbein expérimentait volontiers dans la cuisine familiale. En 1845, c’est en essuyant des tâches d’acide nitrique et d’acide sulfurique avec un torchon en coton qu’il fit sécher au-dessus du poêle qu’il découvrit le fulmicoton. Le torchon s’enflamma spontanément. Il venait de découvrir une alternative à la poudre à canon qui dégageait une fumée noire et compacte, qui salissait les artilleurs et encrassait les canons. La nitrocellulose, explosif fulminant, donnait la clef d’une poudre sans fumée. Les tentatives de production industrielle furent compliquées car les usines explosaient les unes après les autres. Il fallut attendre 1891 pour que Dewar et Abel parviennent à stabiliser le fulmicoton. Pour synthétiser de la nitrocellulose, on traite de la cellulose (du coton) avec de l’acide nitrique (HNO3)  et de l’acide sulfurique (H2SO4). Les ions nitronium (NO2+) ainsi formés réagissent avec les fonctions alcools de la cellulose.

Les films en nitrate de cellulose ont tellement été utilisés qu’ils se retrouvent un peu partout : dans nos greniers, nos caves, les brocantes et bien-sûr les musées. Imaginez tout le travail d’identification que les restaurateurs et conservateurs doivent effectuer ! Tout d’abord pour éviter les incendies mais aussi pour conserver ces objets  originaux qui permettent d’alimenter le travail des historiens. Mais comment font-ils? Les films nitrate ont été produits entre 1890 et 1950. La date d’une photo ou d’un objet peut déjà permettre d’éliminer les pistes nitrate. Certains films étaient également notés « nitrate » sur le bord du film (ou « safety film » pour les acétates). Les encoches ou code Notch des plans films sont également un indice. Bizarrement, certains intrus subsistent. Des plans films notés « safety » peuvent malgré tout être en nitrate de cellulose.

Encoches ou code NOTCH : en U pour les acetate (à gauche) et en V pour les nitrate (à droite)

On peut déceler la présence de nitrate de cellulose dans des produits, quel que soit leur taux d’azote, au moyen d’un test ponctuel à la diphénylamine (consultez Test ponctuel à la diphénylamine pour déceler la présence de nitrate de cellulose dans les objets de musée, Notes de l’ICC 17/2). Pour ce faire, il faut préparer une solution de diphénylamine à 0,5% dans de l’acide sulfurique. Préférez une petite zone dans un coin de l’objet car le test est destructif. Le triacétate de cellulose, produit plus tard en remplacement des films nitrate, se décompose lui aussi en dégageant une forte odeur d’acide acétique, symptôme du « syndrome du vinaigre ». Les bandelettes test A-D de l’IPI (Image Permanence Institute) sont également utilisées pour déterminer le stade de dégradation des films en acétate ou en nitrate.

Bandelettes test A-D de l’IPI

Cinq stades de la dégradation de la pellicule photographique ont été décrits par Cummings (Cummings et coll.), dont les suivants : le jaunissement progressif de la pellicule (qui devient éventuellement brun foncé), la formation de bulles ou de mousse, la fragilisation et le rétrécissement de la pellicule qui, en se dégradant, devient une masse pulvérulente ou bulleuse. Pendant que se produisent ces modifications, une odeur nauséabonde se dégage. Différents composés acides et oxydants sont produits : dioxyde d’azote, oxyde nitrique et oxyde nitreux.

1er niveau de dégradation : enroulement du film sur lui-même car la couche « anti-curl » a été attaquée

Niveau très avancé : poudre de nitrate de cellulose

En même temps que ces modifications ont lieu, on note une baisse progressive de la température d’auto-combustion, c’est-à-dire la température minimale à laquelle un objet s’enflamme spontanément en l’absence d’une source directe de chaleur (combustion spontanée). La température d’auto-combustion du nitrate de cellulose non dégradé, de fabrication récente, est de 150 °C. (Le papier s’enflamme spontanément à une température allant de 315 à 370 °C.) Au dernier stade de la dégradation, le nitrate de cellulose devient une masse pulvérulente ou bulleuse qui peut s’enflammer spontanément à une température d’à peine 50 °C, qui correspond généralement à la température enregistrée à proximité d’une ampoule électrique, d’un radiateur ou d’une autre source de chaleur, ou encore à l’intérieur des édifices ou des greniers non ventilés, pendant les chaudes journées d’été (Pour en savoir plus). La dégradation n’est pas linéaire. Un effet de seuil est souvent observé. Malheureusement, elle est irréversible : seule une stabilisation ou un ralentissement est possible dans le but de conserver l’objet.

Dégradation d’un négatif en nitrate de cellulose

Un grand soin doit être apporté à l’environnement dans lequel sont stockés les négatifs en nitrate de cellulose. La dégradation entraînant la formation de composés acides, étant eux-mêmes responsables de l’accélération de la dégradation, une bonne ventilation doit être mise en place. Tous les plastiques, papiers et boîtes en contact avec les négatifs doivent être choisis avec précaution. L’acidité d’un carton ou d’un papier peut entraîner la dégradation. De plus, les boîtes en métal peuvent être corrodés par l’acide dégagé. Enfin, la température et l’humidité de l’air, très importantes doivent être faibles et surtout stables. Dans les musées, les prises électriques sont placées à l’extérieur de la salle et les salles sont aveugles.

Rien de pire qu’un grenier mal isolé et mal ventilé dans lequel sont stockés des négatifs subissant de fortes chaleurs l’été.

Les meubles en bois peuvent également dégager des composés organiques volatils. La norme PAT (Photographic Activity Test ISO 18916) permet de choisir le matériel adéquat. Le choix de la matière de la pochette (ou chemise) dépendra du format de la photographie, de son état physique et surtout de la fréquence d’utilisation.

  • Les pochettes et chemises en papier sont recommandées pour des photographies peu consultées. Elles offrent une protection contre la lumière et la poussière. Elles doivent respecter la norme ANSI qui recommande 87 % d’alpha cellulose et ne doivent pas contenir de lignine. Il est conseillé de prendre un papier dont le pH est compris entre 7 et 8,5.
  • Les pochettes en plastique sont plus appropriées pour des collections fréquemment consultées. Elles protègent les photographies des traces de doigts, des saletés et de l’usure due aux manipulations. Cependant il faut vérifier que le niveau d’humidité relative du lieu de stockage ne dépasse pas 50 % d’humidité relative, car le plastique peut garder l’humidité. Les plastiques recommandés sont le polyester, le polyéthylène et le polypropylène.

des négatifs en nitrate conservés en vrac dans des cartons acides (ICC)

Le minutieux et gargantuesque travail de l’ARCP

L’atelier de restauration et conservation de la photographie de la ville de Paris (ARCP) s’occupe aujourd’hui de la conservation de 14 millions d’objets avec plus de 1500 techniques différentes! La numérisation est une chose mais il est surtout important de conserver ces phototypes sous leur forme originale! La valeur d’un négatif original est immense d’autant plus lorsqu’il peut documenter sur le travail de photographes célèbres par exemple. Créé en 1983 au sein de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, l’Atelier de Restauration et de Conservation des Photographies de la ville de Paris (ARCP) met en œuvre la politique de préservation et de valorisation du patrimoine photographique municipal.

Le film flamme aujourd’hui : saisissant !

Inspirant ce film flamme? Bien entendu! Bill Morrisson signe ce court-métrage de 8 min.

Synopsis : « Une courte scène du film The Bells (1926) de James Young a été réimprimée et remontée à l’aide d’une tireuse optique sur une pièce de 7 minutes de Michael Gordon. Une méditation sur le caractère aléatoire et fugace de la vie et de l’amour, fixée à partir de l’émulsion bouillonnante d’un film ancien. » (Bill Morrison).

Depuis près de trente ans les équipes de Lobster Films (retour de flamme) cherchent et restaurent des perles du cinéma. Vous retrouverez différents titres édités en DVD ou en blu-ray. Courts métrages insolites, grands classiques, documentaires inédits… De quoi ravir tous les curieux et passionnés du cinéma !

Lobster Films présente également des « ciné-concerts », spectacles inclassables, insolites et magiques. Des films rares et restaurés avec par exemple en vedette les premiers pas de Charlot au studio Keystone, dans une version nouvellement restaurée, un film inconnu du maître en première européenne et de nombreuses surprises ! Serge Bromberg accompagne les films muets au piano et raconte leur histoire de façon facétieuse et passionnante. Du rêve, du rire, de la magie, pour faire le tour du monde et d’un siècle de cinéma. Informations : http://www.lobsterfilms.com/

Pour en savoir plus :

Actualités de l’Automne

Canon EOS 100 – Rollei Vario Chrome 200

Il fait moche, la copro n’a pas encore donné l’ordre d’allumer le chauffage et vous grelotez ? Pire : l’indice UV a baissé et s’en est fini du sténopé sauvage après 17h. Il ne vous reste plus qu’à vous fabriquer cette fameuse lampe pour faire des cyanotypes à l’intérieur. Mais sans vous planter un clou dans le doigt, c’est plus dur. Comme je vous comprends! Alors rien de tel que de lire les bonnes nouvelles argentiques du mois d’octobre pour se faire du bien au moral! Suivez-moi! 

Apéro argentique le vendredi 25 octobre

Que diriez-vous d’une rencontre apéro sur Paris pour échanger sur la photo argentique? Vous êtes novice, amateur, niveau intermédiaire ou carrément confirmé? Venez échanger avec nous les bonnes adresses, les bons conseils. Venez discuter photos, prise de vue, matériel, collection, tirages, formations quelque soit votre niveau.

Si cela vous intéresse, rien de plus simple, envoyez moi un petit message, par exemple un commentaire sous cet article pour me prévenir de votre venue au Café Mouffetard à 19h30 pour le vendredi 25 octobre.

Apéro du 18 septembre 2018

Pour suivre l’évènement Facebok c’est ici : Evènement Facebook

Retrouvons-nous à 19h30 au « Le Mouffetard »  restaurant, 116 rue Mouffetard dans le 5ème arrondissement. Un quartier sympa où boire un coca ou une bière en terrasse ou à l’intérieur.

Un nouvel appareil Harman

Vous aimez les appareils photos jetables? Ne loupez pas le nouvel appareil Harman (la maison Ilford), qui sera jetable mais aussi rechargeable! En plastique, avec un flash et utilisant du 35mm, il sera disponible sous forme de kit avec 2 films Kentmere Pan 400.
Une bonne idée pour se lancer dans l’argentique avec une marque fiable non ?

Plus d’infos ici : https://harmantechnologynews.com/2IQ-6HZJC-FFU7IGNI81/cr.aspx

Wildlife Photographer of the Year 2019

Et c’est cette marmotte effrayée par un renard qui a remporté le prestigieux concours de Photographe animalier de l’année 2019. Intitulée «The Moment», l’image a été capturée par le photographe Yongqing Bao de Chine.

Spectra n’est plus

C’est avec beaucoup de tristesse qu’Oskar vient de nous annoncer la fin de la fabrication des cartouches de film instantané Spectra de Polaroid. Vous trouverez son petit mot en anglais juste après. Nous aussi, on a un « heavy heart » (cœur lourd) et on va donc se ruer sur les dernières cartouches que l’on trouve dans les prochains mois. Dommage…

 

Polaroid Lab : la dernière nouveauté de Polaroid Originals

À mi-chemin entre un scanner et une imprimante instantanée, comme la Fujifilm Instax Share SP-2, le Polaroid Lab sort une photo instantanée à partir d’une photo numérique de votre téléphone. Pour y arriver, il suffit de poser son smartphone sur le Polaroid Lab après avoir installé l’application. Le système n’est pas forcément nouveau ; il avait déjà fait l’objet d’un projet de financement participatif sur Kickstarter avec l’Instant Lab. Alors sous l’égide d’Impossible Project, la campagne avait tout de même réussi à obtenir plus d’un demi-million de dollars sur les 250 000 $ demandés à l’origine. Depuis, Impossible Project est devenu Polaroid Original et l’Instant Lab devient aujourd’hui Polaroid Lab. Comptez quand même 130 euros pour cette petite merveille !

Mon avis? Aucun intérêt pour la cible choisie, c’est à dire les ados, qui vont dépenser tout leur argent de poche dans les cartouches à plus de 15 euros les 8 photos. Mais intérêt, il y a, pour les personnes qui souhaitent faire du transfert d’émulsion comme Marjolaine Vuernesson! 😉

Bruzklyn Labz se paie le tour de la Bretagne

Thibaut a commencé ses aventures avec une afghan box de chez Street Box Camera. Piqué par le virus de la chambre photo, il s’est lancé dans un financement participatif pour réaliser un projet fou : retaper un vieux vespa en un labo mobile argentique pour faire le tour de la Bretagne! Après quelques déboires et un faux départ, le voilà sur les routes pour vous tirer le portrait. Suivez son actu sur Ouest France  mais aussi sur facebook ou Instagram.

Le Salon de la Photo : du 7 au 11 novembre à Paris Porte de Versailles

Photographes professionnels, amateurs passionnés et néophytes, pendant 5 jours, le Salon de la Photo sera le supermarché des plus grandes marques du monde de l’image, fabricants, importateurs, mais aussi écoles et groupements professionnels, qui viennent dévoiler leurs nouveautés et originalités! Pour découvrir les dernières innovations technologiques, de la prise de vue à l’impression en passant par le stockage, la retouche numérique, les démonstrations, les ateliers pratiques, les stages et les projections-débats… Vous trouverez votre bonheur, du moment que ça touche au numérique! Mais attention, le salon c’est surtout beaucoup beaucoup de monde et pas vraiment le temps de discuter ou de s’attarder. Faites vos repérages AVANT pour aller à l’essentiel et ne pas être déçu.e. Comme chaque année, vous y trouverez le forum des pros, des expositions, mais aussi pour la première fois : de la photo de sport!

En 2019, et comme chaque année, le Salon de la Photo laisse une petite place à l’argentique avec Dans Ta Cuve. L’année dernière, nous y avions retrouvés les Woody Men, mais aussi Marjolaine Vuernesson, ou bien Mélanie-Jane Frey.

Dans le Hall 5.1, une zone argentique est prévue pour accueillir des conférences et des démonstrations. Vous trouverez le programme riche en rencontres à découvrir tout au long des cinq jours du Salon juste ici. Traitement croisé, Diamantino Quintas, Sébastien Bergeron, Thomas App, EMGK Photographie

 

Un nouvel appareil DIY chez Lomography

Lomography lance un nouvel appareil photo en carton à fabriquer soi-même! De format 120, le petit nouveau s’appelle LomoMod N ° 1, et est doté d’un «accessoire» mystérieux: un module d’objectif rempli de liquide que Lomo appelle «peut-être l’objectif le plus sauvage et le plus novateur du monde». L’intérêt? Pouvoir remplir l’objectif de liquides de différentes couleurs et donc d’expérimenter des effets artistiques

Le système LomoMod N ° 1 est composé de quatre éléments: un boîtier de caméra en carton découpé au laser, un mécanisme d’obturateur, un mécanisme d’ouverture et le module d’objectif Sutton rempli de liquide. Vous construisez l’appareil photo en pliant et en assemblant les différentes pièces découpées au laser, puis en fixant l’ensemble des parties objectif / obturateur / ouverture au produit final, créant ainsi une configuration unique très «Lomography» en termes d’excentricité et de types d’images. Voici une petite vidéo rapide d’introduction qui montre comment tout ce système est réuni:

Ce nouvel appareil est déjà disponible en octobre pour Hong Kong mais ne sera disponible qu’à partir de novembre pour l’Europe, les US et le Japon. Comptez pour l’instant 59 dollars l’appareil.

Un nouveau labo libre service à Paris

Emulsion est le nouveau laboratoire argentique parisien en libre-service. Vous y trouverez des cabines de tirage couleur et noir&blanc, de développement de films et des scanners à négatifs et à tirages. Bref, tout le matos nécessaire pour les amateurs et les pros! Emulsion propose aussi des formations : tirages couleur, noir et blanc, développement C41. Niveau tarif, comptez 4 euros le rouleau de film à développer en C41, après une formation à 20 euros sur un film. Pas cher! Adresse : Emulsion, 127 boulevard de Charonne, 75011 Paris.

Les formations chez Tizozio

Retrouvez également les formations argentiques chez Tizozio. Ils animent deux fois par mois des stages sur le développement, le tirage et les procédés anciens.

Exemples de stages proposés :

  • Développement des films N&B
  • Tirage N&B initiation
  • Tirage N&B perfectionnement
  • Sténopé
  • Prise vue à la chambre + tirages par contact
  • Collodion humide

Comptez 80 euros le stage d’initiation au tirage noir et blanc et 100 euros le stage de perfectionnement.

Les expositions parisiennes qui commencent en octobre

Vous avez loupé Sally Mann au Jeu de Paume ? Ne loupez pas Peter Jujar, Speed of Life ! Et bien d’autres qui commencent mi-octobre…

  • Peter Hujar, Speed of Life, 15 octobre-16 janvier, Jeu de Paume

Peter Hujar (1934-1987) a évolué au sein d’une scène avant-gardiste composée de danseurs, de musiciens, de plasticiens et de travestis. Cette exposition présente une sélection d’environ 140 photographies de cet artiste, dont la vie et l’œuvre sont inséparables de la ville de New York. Le parcours débute à ses débuts, au milieu des années 1950, et se termine dans les années 1980, où il est alors l’un des acteurs importants de la scène artistique de l’East Village.

  • Henri Cartier-Bresson Chine 1948-1958, 15 octobre-2 février, fondation HCB

Retour sur le voyage de l’artiste en Chine en 1948, à un moment fort de l’histoire du pays, ainsi que de l’Histoire. Témoin de la chute de la ville de Nankin, puis contraint de rester à Shanghai sous contrôle communiste pendant quatre mois, il quitte la pays quelques jours avant la proclamation de la République populaire de Chine en 1949. C’est en 1958, à l’approche du 10e anniversaire, que Cartier-Bresson se rend à nouveau en Chine. Des tirages originaux (1948-1949 et 1958), ainsi que de nombreux documents d’archives, sont ici présentés.

En novembre 1948, Henri Cartier-Bresson reçoit une commande du magazine Life pour faire un reportage sur les « derniers jours de Pékin », avant l’arrivée des troupes maoïstes. Prévu pour deux semaines, son séjour durera 10 mois. Témoin de la chute de la ville de Nankin, il sera contraint de rester à Shanghai sous contrôle communiste pendant quatre mois avant de quitter la pays quelques jours avant la proclamation de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949. En 1958, à l’approche du 10e anniversaire, l’artiste se rend à nouveau en Chine, dans des conditions cependant bien différentes.

 

Un week-end à Bergame

Ah! Bergame… et ce refrain dans nos têtes… Bergame est une très jolie ville de Lombardie, en Italie, que j’ai eu la chance de visiter un peu lors d’un déplacement professionnel mi septembre. Autant vous dire qu’avec notre hôte italien, un brin fier de sa région, on en a pris plein les yeux! Juste à côté de Milan et du Lac de Côme, Bergame vous étonnera forcément pour un voyage en amoureux ou un week-end copains. Des faux airs de la Suisse, mais bien italienne! Je vous partage ici quelques photos toutes prises au Canon EOS 1V avec des pellicules Agfa Vista 200 trouvées sur Amazon (miracle!). Mais avant : un peu de musique!

Moi, si j’étais un homme, je serais capitaine
D’un bateau vert et blanc
D’une élégance rare et plus fort que l’ébène
Pour les trop mauvais temps
Je t’emmènerais en voyage
Dans les plus beaux pays du monde
Te ferais l’amour sur la plage
En savourant chaque seconde
Où mon corps engourdi s’enflamme
Jusqu’à s’endormir dans tes bras
Je suis femme et quand on est femme
On ne dit pas ces choses-là
Je t’offrirais de beaux bijoux
Des fleurs pour ton appartement
Des parfums à vous rendre fou
Et juste à côté de Milan
Dans une ville qu’on appelle Bergame
Je te ferais construire une villa
Je suis femme et quand on est femme
On n’achète pas ces choses-là
Comment passer à côté de cette chanson de Diane Tell, impossible!

Comment se rendre à Bergame ? Où se loger ? 

Bergame (Bergamo) possède un aéroport (Orio al Serio, BGY), relié au centre-ville par le bus numéro 1 en 20 minutes. Le même bus vous amènera même jusqu’à la cité haute! Parfait, si vous aviez pris votre hôtel Città Alta. L’aéroport de Bergame dessert : Beauvais mais pas Paris Orly ou Paris CDG. Si vous partez d’autres villes de France que Beauvais, il vous faudra choisir l’aéroport de Milan Malpensa (Milano Malpensa Aeroporto T1-T2) situé à environ 2h de Bergame. Le trajet Paris Orly – Milan Malpensa dure 1h35. Deux trajets consécutifs ensuite : un premier train de l’aéroport de Milan (45km pour 55 minutes de trajet avec le Trenord) jusqu’au centre-ville de Milan (environ 13 euros) puis un deuxième train du centre-ville de Milan vers la gare centrale de Bergamo (de 5 euros à 8,50 euros pour 50 minutes de trajet avec le Trenord). Il existe aussi des bus, qui ne sont pas forcément plus économiques ou plus confortables. Vos billets de train peuvent être achetés sur Trainline directement de votre ordinateur en France. Pratique pour éviter le monde au guichet ou à l’automate.

Un ticket de bus dans Bergame coûte 1,50 euros et ne se demande pas au conducteur (de toute façon, ils parlent très peu anglais). Vous rentrez et vous verrez directement une boîte rouge pour acheter votre billet (paiement CB possible). Attention, essayez de compter vos arrêts car il est parfois difficile de distinguer le nom des stations quand vous êtes dans le bus.

Je ne serai que vous conseiller de trouver un hôtel sur la cité haute. Cependant, j’ai été absolument ravie de mon auberge B&B choisie sur Expedia. Il s’agit de Ilsanleonardo, Piazza Pontida 16. Cet endroit est situé cité basse, sur une ravissante petite place à 15 minutes à pieds de la gare. La chambre était incroyable. Mais regardez moi ce plafond! Et puis bon, vivre presque chez l’habitant, c’est quand même autre chose! L’impression d’être un italien avec les clés de son appartement. La cité haute c’est juste 20-25 minutes en y montant par de jolis escaliers avec plein de verdure autour : y’a pire, quand même!? Et puis la cité basse est vraiment très jolie aussi.

La cité basse – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

ça grimpe! – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Ma chambre d’italienne – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Le plafond oui oui – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Piazza Pontida – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Cité basse – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Città Alta et Città Bassa

Bergame est une ville séparée en deux par des remparts en hauteur : on parle de la cité haute (Città Alta) et de la cité basse (Città Bassa). La cité basse, près de la gare est plus moderne. Des remparts, on observe une vue imprenable sur la ville basse mais aussi sur les montagnes, jusqu’aux Apennins. Je m’y suis rendu à pieds (20 min environ de la gare). Plusieurs portes donnent accès à la cité haute, dont la porte vénitienne de San Giacomo tout en marbre blanc.

La vue des remparts – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

La porte vénitienne San Giacomo – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

La porte vénitienne San Giacomo – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Construite en 1592, c’est la seule en marbre blanc rose de la carrière de Zandobbio à Val Cavallina. La construction des remparts vénitiens a commencé en 1561 et devait être l’avant-poste protégé à l’ouest des territoires de la Serenissima des Milanais. Les remparts sont dotés de quatre portes qui rendent l’entrée de la partie haute de la ville accessible: Porta San Lorenzo, Porta Sant’Agostino, Porta Sant’Alessandro et Porta San Giacomo. En juillet 2017, les remparts vénitiens ont été classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

On peut également se rendre à la cité haute par le funiculaire (Funicolare Bergamo) situé Piazza Mercato delle Scarpe pour 1,50 euros. Il y a beaucoup de monde mais vous n’attendrez pas trop longtemps. Très rapide, il n’y a cependant pas grand chose à voir sur le chemin.

Le funiculaire station basse – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Le funiculaire station basse – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Une fois en haut, je vous conseille de vous balader le long des remparts pour admirer la vue : 5 km en tout! Vous pourrez même y voir Milan.

Piazza Vecchia 

Située au coeur de la Città Alta, cette jolie place est inloupable! Allez-y pour l’apéro pour y boire un Spritz Apérol ou bien pour le goûter pour y manger une glace Stracciatella (spécialité de la ville).

Du centre de la place, vous pourrez admirer le Palazzo della Ragione, la mairie lombarde la plus ancienne existante, et la Torre Civica (Toure Civique), appelée « il Campanone » (la Grande Cloche) qui sonne tous les soirs à 22h.

Piazza Vecchia – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Piazza Vecchia et Il Campanone – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Piazza Vecchia – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Boire un Spritz en terrasse Piazza Vecchia – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Piazza Vecchia – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Au centre de la Piazza Vecchia, vous pourrez admirer la fontaine de Contarini, donnée à la ville en 1780 par le Podesta Alvise Contarini, tandis que sur le côté opposé de la place se dresse le Palazzo Nuovo (Nouveau Palais), siège de la mairie jusqu’en 1873 et maintenant de la Bibliothèque Angelo Mai.

L’agencement géométrique des bâtiments est aussi harmonieux qu’il fit dire à Le Corbusier pendant sa visite de la ville qu’ « on ne peut même pas toucher une pierre, cela serait un crime. »

Construite dans le même lieu où l’ancien Forum romain était situé, Piazza Vecchia est une ouverture agréable entre les ruelles. La Piazza, initialement limité à l’actuelle Piazza Duomo, devient le centre de la ville médiévale, un lieu de proclamations publiques et centre du commerce de la ville, comme le démontrent encore aujourd’hui les barres de fer placées sur le côté de la basilique de Santa Maria Maggiore. Ces barres sont appelées « misure » (mesures) et remontent au Moyen-Age, lorsque la fragmentation du pouvoir conduisait également à la fragmentation des grandeurs. Chaque ville créait ses propres unités de mesure de poids, de volumes, de longueurs qui étaient affichées dans des lieux publics (généralement là où le marché avait lieu). Les barres situées sur le mur de Santa Maria Maggiore représentent donc les unités de mesure en utilisation à Bergame dans la période médiévale.

La basilique Santa Maria Maggiore et la chapelle Colleoni

De la place Piazza Vecchia, vous apercevez déjà la chapelle, accolée à la basilique. Vous ne pouvez pas encore vous doutez de tout ce qu’il y a sur cette petite place : cathédrale, basilique, chapelle et baptistère ! Au début des années 1100, une terrible épidémie de peste se répand en Europe, semant la mort et la désolation. Les habitants de Bergame décident alors de demander de l’aide à la Madone : si elle les protège de l’infection, ils lui dédieront une église en remerciement. Et puisque les bergamasques sont gens de parole, en 1137 ils donnent suite au vœu et construisent sur Piazza Duomo, la Basilique de Santa Maria Maggiore, à gauche. Ils font les choses en grand: fresques, stucs, tapisseries et marqueteries en bois faites sur les dessins du célèbre artiste Lorenzo Lotto décorent aujourd’hui l’intérieur de l’édifice.

La chapelle Colleoni – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

À l’intérieur de Santa Maria Maggiore, vous trouverez le tombeau de Gaetano Donizetti, le célèbre compositeur et porte-parole de Bergame. Une statue lui est dédiée décorée de petits anges représentant chacun une note de musique (8 notes). Chacun d’eux casse un instrument, de tristesse d’avoir perdu leur maître.

La basilique est particulière car elle est caractérisée par l’absence d’une entrée centrale par la façade, qui était un mur unique avec le bâtiment d’à côté. Les quatre entrées de l’église sont en fait toutes latérales.

A la base des colonnes des protiros (petites arcades placées pour protéger et couvrir l’entrée principale de l’église) du XIVe siècle de Giovanni da Campione, quatre lions de marbre rouge et blanc gardent, impassibles et majestueux, les entrées nord et sud. Dans le côté nord, la porte appelé « dei Leoni rossi » (des Lions rouges) s’ouvre sur Piazza Duomo; le flanc sud donne sur Piazza Rosate avec le porte appelée « dei Leoni bianchi » (des Lions blancs). La coloration différente est donnée par le type de marbre utilisé : celui de Vérone pour les rouges et celui de Candoglia (Val d’Ossola, Piémont) pour les blancs.

Sur le côté de la basilique – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Sur le côté de la basilique – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Le site choisi n’est pas aléatoire : toujours considéré comme sacré, déjà à l’époque romaine il logeait un temple païen dédié à la Déesse de la Clémence, détruit après.

Entre les deux portes sur le côté nord les anciennes mesures en vigueur à Bergame au cours de la période médiévale sont coincés dans le mur : le Capitium Comunis Pergami (Cavezzo – 2,63 mètres) et le Brachium (bras – 53,1 cm) auxquels les tisserands et les commerçants faisaient référence lorsqu’ils faisaient des affaires.

Par chance, notre hôte nous a permis d’admirer les marqueteries du Lotto protégés habituellement par des panneaux de protection!

La chapelle Colleoni (photo ci-dessous sous les arcades) est décorée de marbres rouges et blancs, un chef-d’œuvre de la Renaissance italienne ; son intérieur, un véritable concentré d’œuvres d’art : la statue équestre du condottière bergamasque Bartolomeo Colleoni, les sarcophages entièrement incrustés dans le marbre, la délicate tombe de la fille de Médée et les bois sculptés des bancs.

La chapelle Colleoni – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

« touchez les couilles de Colleoni » !
Un petit rite porte-bonheur : sur la porte d’entrée de la Chapelle Colleoni (les grilles) il y a un emblème représentant les ‘attributs’ du condottière Bartolomeo Colleoni. Ils sont trois et bien polis… l’on dit que les frotter apporte de grandes satisfactions ! Et oui, il en avait trois… 

Bartolomeo Colleoni a été parmi les plus célèbres condottières d’Italie. Soldat courageux, il passa sa vie à faire des guerres dans toute l’Italie, principalement au service de la République de Venise. Sa vie est fortement liée à Bergame : ici il naquit, ici il revint au sommet de son pouvoir et ici il voulut être enterré. Les bergamasques sont donc très liés à son personnage et aux traces qu’il a laissé sur le territoire : de nombreux châteaux dans la plaine, au dense réseau de canalisation voulu par lui, jusqu’à la magnifique chapelle où il repose. Et surtout n’oubliez pas en partant … de lui toucher les …

La cathédrale – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Sur la gauche de la basilique, le cœur sacré de la ville doit son nom à l’imposante Cathédrale (photo ci-dessus) qui s’y élève, située en face du Baptistère, du Palais Épiscopal et de la Curie. Avant que la Sérénissime ne réalise l’actuelle Vieille Place, c’était la place de la Ville, dédiée à S. Vincenzo. C’est là que s’édictaient des ordonnances, que s’établissaient des actes notariés, que se tenaient échanges et négociations.

La tour qui sonne à 22h – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Sur la photo ci-dessus, complètement à gauche, on distingue des grilles, celles du baptistère. Une sorte de numéro magique apparaît plusieurs fois dans ce baptistère: huit. Comme les côtés du monument, qui dessinent géométriquement sa forme et le rendent si distinctif. Les bas-reliefs qui ornent les murs intérieurs du baptistère avec des scènes de la vie de Jésus, par le célèbre sculpteur du XIVe siècle Giovanni da Campione.

Construit en 1340 à l’intérieur de la Basilique de Santa Maria Maggiore en Città Alta, il y reste jusqu’en 1661. Ensuite, il fut démembré et remonté de façon tout-à-fait arbitraire, avec des ajouts et des rénovations, deux fois de plus. Il trouve enfin sa dernière location en 1898-1899, sur le côté ouest de Piazza del Duomo dans Città Alta, où il est reconstruit dans un style néo-gothique.

Au centre de l’unique salle octogonale dont il est composé, vous pouvez admirer les décorations gothiques des fonts baptismaux, ou bien le réservoir contenant l’eau pour baptiser les gens selon le rite catholique. Derrière lui, vous verrez l’autel surmonté d’une statue de marbre représentant Saint-Jean-Baptiste.

Où manger? Ou boire un verre? 

La gastronomie italienne regorge de plats et desserts divins. A savoir tout de même, un repas complet se compose de cette façon : Aperitivo, Antipasti, Primi (pasta), Secondi, Dolci et Biscotti. Mais vous n’êtes bien entendu pas obligé de tout prendre! Les spécialités locales sont nombreuses à Bergame. Les arancini au saumon sont un délice.

Arancina al Salmone – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Prendre une part à la volée – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Les Casoncelli alla Bergamasca sont des pâtes fraiches avec une garniture de viande, un peu de sauge et quelques copeaux de parmesan! Un régal !

Casoncelli frais – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

La glace Stracciatella a été inventée à Bergame en 1961 au bar glacier La Marianna sur Colle Aperto 4 (arrêt du bus 1). Pour continuer dans les desserts, la Polenta e Osei est une petite génoise jaune à la pâte d’amande et garnie de mousse au chocolat. Et attention aux croissants : tous fourrés au chocolat, à la crème ou à la confiture !

Polenta e osei – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Pasticceria ! – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Parmi les délices, un vin très rare : le Moscato di Scanzo ou « vin de méditation » peut se goûter dans les vignobles autour de Scanzorosciate (à 7km de Bergame). Les vignobles, parlons-en, entourent Bergame. On peut les apercevoir des nombreux monastères de la ville.

Bien entendu, vous pouvez aussi sauter sur les pizzas!  Ou les risottos. A noter : il existe beaucoup de truffes noires à Bergame qui se marieront avec magie à vos plats de riz.

Huuuummmm pizza 4 stagioni – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Tartuffo Nero – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Pour dîner, je vous conseille le « Vineria Cozzi » : un restaurant local bio et délicieux avec un décor superbe. Ambiance romantique à souhait.

Divin restaurant – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Terrasse au soleil – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Agfa Vista 200

Vous cherchez plutôt une terrasse pour un groupe? Choisissez Albergo Sole!

A faire aussi : 

  • L’académie Carrara : collection d’œuvres d’art la plus précieuse d’Europe !
  • Ecouter la musique de Donizetti dans sa maison natale : Il Theatro
  • goûter aux joies des thermes de San Pellegrino (environ 40 min de route accessible par bus) pour se chouchouter et visiter la ville. L’eau y coule à une fontaine publique mais seuls les habitants ont l’autorisation d’y remplir leur gourde.
  • s’essayer à la cuisine au château de Malpaga (prendre un cours de cuisine au Castello di Malpaga)

Pour en savoir plus :

Un tour en mongolfière

Nuages sur le Lot de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Nous sommes en août 2019 dans le Lot, et plus exactement à Cahors. La région nous offre des paysages somptueux à visiter et des spécialités gastronomiques nombreuses. Nous faisons le plein de culture et d’air frais. Citons le village bien connu de Rocamadour et celui de Saint Cirq-Lapopie, mais aussi le Gouffre de Padirac, les grottes de Lacave, les jardins d’Eyrignac et le village de Sarlat. Tout ce qu’il faut pour passer de bonnes vacances. Par chance, il ne fait pas trop chaud pendant notre périple d’une semaine. Je me donne à cœur joie dans la photo de paysage : le Lot, la verdure et les falaises calcaires sont magnifiques.

Le Lot vu de Saint Cirq-Lapopie – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Saint Cirq-Lapopie – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Saint Cirq-Lapopie – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Mais ce n’est pas encore assez pour nos pupilles assoiffées. La région du Lot et de la Dordogne sont réputés pour leurs voyages en montgolfière. Les Montgolfiades de Rocamadour se déroulent en général le 4ème week-end de septembre. Pour les photographes, il faut se lever tôt pour capter les meilleures images. L’idéal est de venir se poster au lever du soleil au sommet des falaises du canyon de l’Alzou face à la cité. En août, impossible de les voir en pleine journée : il fait trop chaud. Nous sommes décider à faire une excursion en ballon et nous mettons à la recherche de notre pilote.

© Lot Tourisme – C. Novello http://www.tourisme-lot.com

Nous contactons Thierry CREPIN, la cinquantaine, pilote certifié de montgolfière et connaisseur de la région, à la fois commandant de bord et guide touristique. Ancien parisien, Thierry est tombé amoureux du Lot et s’est d’abord lancé dans l’hôtellerie. Plus tard, pour diversifier son activité, il devient pilote de ballon. Catherine, aux commandes du véhicule de récupération, assure le retour de l’équipage au Clos des Dryades, le remorquage de l’aéronef, mais aussi le suivi de vol par communication radio et l’accueil à l’atterrissage. Le territoire du Quercy, qui s’étend sur 175 717 hectares, se compose notamment des 5 vallées du Lot, du Célé, du Vers, de l’Ouysse et de l’Alzou. Parsemées de rivières, forêts et combes, ces vallées sont surplombées de villages pittoresques faits de vieilles pierres, perchés sur les falaises. Pour vous donner envie, voici une vidéo extraite d’un tour en ballon avec Thierry :

Le rendez-vous est pris pour le 13 août à 6h du matin au village de Vers, Midi-Pyrénées, près de Cahors. La rosée humidifie le sol et les couleurs bleues du paysage commencent à s’éclaircir. Une fois les présentations faites, nous voici dores et déjà sur le pied de guerre à sortir l’aéronef de la remorque du camion. Les bouteilles de propane liquide sont installées. La toile du ballon est dépliée avec attention et les cordes démêlées. La nacelle est vérifiée puis un énorme ventilateur est installé pour remplir d’air notre ballon. Il se gonfle doucement. Quelques petits coups de détendeur pour chauffer le propane et le ballon se lève tout doucement au dessus de la nacelle. Nous devons nous dépêcher de monter. Nous y voilà. Quelques minutes supplémentaires et le ballon commence à s’élever dans les airs.

Le ventilateur propulse l’air dans le ballon – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Prêts ? – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Prêts ? – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Nous voilà au-dessus de Vers, au lever du soleil. Nous nous laissons porter par le vent qui nous amène à suivre le Lot et ses nuages. Les paysages sur la vallée et les falaises sont splendides. Nous atteignons une vitesse de 8 à 10 km/h. Nous pouvons suivre le chemin des nuages au-dessus du fleuve.

Nuages sur le Lot de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

 

Nuages sur le Lot de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Nuages sur le Lot de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Nuages sur le Lot de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Nuages sur le Lot de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Portra 160

Le soleil se lève et les couleurs ont déjà changées. Nous voilà au-dessus de la cime des arbres dorés par le matin.

Vue de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100F

Vue de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100F

Vue de la montgolfière – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100F

Vue de la montgolfière -Lomo LC-A 120 – Lomo 400

Vue de la montgolfière -Lomo LC-A 120 – Lomo 400

Vue de la montgolfière -Lomo LC-A 120 – Lomo 400

Nous descendons un peu plus bas pour frôler la pointe des arbres. Expérience unique. L’occasion pour moi de changer de pellicule et de m’essayer à la pellicule Lomochrome purple de lomo pour transformer la couleur des arbres.

Vue de la montgolfière – Canon EOS 10 – 24-105 mm f/4.0 – Lomochrome purple 400 iso

Vue de la montgolfière – Canon EOS 10 – 24-105 mm f/4.0 – Lomochrome purple 400 iso

Vue de la montgolfière – Canon EOS 10 – 24-105 mm f/4.0 – Lomochrome purple 400 iso

Vue de la montgolfière – Canon EOS 10 – 24-105 mm f/4.0 – Lomochrome purple 400 iso

Vue de la montgolfière – Canon EOS 10 – 24-105 mm f/4.0 – Lomochrome purple 400 iso

Il est maintenant l’heure de redescendre et d’atterrir. Thierry nous prévient que si nous touchons le sol trop rapidement, la nacelle peut se coucher. Nous sommes avertis! Il faudra bien se tenir. Nous apercevons au loin un champ assez sec et à l’herbe rase. Ce sera notre destination. Les sommets des arbres nous permettent de perdre un peu en vitesse. Mais cela ne sera pas suffisamment pour entraîner avec nous une clôture ! Le ballon se couche sur le côté tout doucement. Le temps est venu pour nous de travailler au rangement de la toile, de la nacelle et des câbles. Cela se mérite ce tour en ballon!

Atterissage – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100 F

Rangement – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100 F

Rangement – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100 F

Rangement – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100 F

Rangement – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100 F

Rangement – Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Fuji Provia 100 F

En espérant que vous avez apprécié ce petit tour dans les airs! 🙂

Sally Mann

Sally Mann s’expose au Jeu de Paume à Paris du 18 juin au 22 septembre 2019 pour une rétrospective en cinq parties nommée « Mille et un passages ». Photographe américaine née en 1951 à Lexington aux Etats-Unis, Sally Mann réalise des photos à la chambre, essentiellement en noir et blanc sur les thèmes de la famille, la mémoire, l’identité américaine, l’histoire du Sud des Etats-Unis. Elle travaille le collodion sur verre de façon très expérimentale et joue des erreurs des sels d’argent. Elle crée ensuite des épreuves gélatino-argentique ou bien utilise directement les plaques de verre. Son oeuvre se caractérise par un ancrage fort dans sa région natale. Obsédée par sa terre et son passé tumultueux (esclavage et guerre de Sécession), elle explore tour à tour : la candeur des jeux d’enfants et les liens familiaux, les paysages qui conservent les cicatrices du passé et la question du racisme dans le Sud. Bienvenue dans son monde à la fois mystérieux et féerique. Ne loupez pas l’exposition du Jeu de Paume, jusqu’au 22 septembre.

Sally Mann et ses débuts

Sally Mann est née à Lexington dans l’Etat de Virginie, aux Etats-Unis. La pratique de la photographie lui vient de son père qui lui enseigna le grand format sur une chambre 5X7. Elle devient photographe vers 16 ans. Elle est diplômée de la Putney School en 1969, d’un BA de Hollins University en 1974 et d’un MA (Master of Arts) en écriture créative en 1975. Elle commença la photo à Putney avec un nu d’une camarade de classe. Après son diplôme à Hollins, Sally Mann devient photographe pour Washington et Lee University. Au milieu des années 70, elle photographie la construction d’une école de droit (Lewis Hall) et fait sa première exposition solo. Elle publie ensuite son premier livre « Second Sight » (second regard) en 1984 dans lequel elle explore la variété des genres. Elle approfondira le thème avec « At Twelve : Portraits of Young Women » (Aperture, 1988).

A travers ses clichés noir et blanc Sally Mann traite de l’adolescence des jeunes filles avec provocation. Emotions confuses, vulnérabilité, enfance, sexualité, liberté, Mann traite du changement qui opère chez les adolescentes. Dans la photo ci-dessous, Mann raconte que la jeune fille était particulièrement réticente à se rapprocher du petit ami de sa mère pour la photo. Pourtant, c’est leur complicité particulière qui l’avait amené à les associer sur ce cliché. Quelques mois plus tard, la mère de la jeune fille a tué d’une balle en plein visage son petit ami. Au tribunal elle s’est justifié en disant « lorsque je travaillais la nuit à un relais routier, il faisait la fête avec ma fille et la harcelait ».

Sally Mann se fait mondialement connaitre grâce à sa série « Immediate Family« , exposée pour la première fois en 1990 à Chicago puis publiée en 1992 dans une monographie. Le livre est constitué de 65 photographies noir et blanc de ses trois enfants tous âgés d’une dizaine d’années et leur quotidien dans la maison de famille en pleine nature. Les clichés traitent de différents thèmes de l’enfance : les jeux de cartes, les déguisements, les baignades, les siestes…. Mais ils abordent aussi des sujets plus profonds : la solitude, la sexualité, la mort et l’insécurité. A sa sortie, la controverse est immense avec notamment des accusations de pornographie enfantine et de mise en scènes des tableaux. Pat Robertson de Christian Broadcasting Network, un de ses détracteurs disait : « la vente de photographies d’enfants nus pour le profit est une exploitation du rôle parental et je pense que c’est mauvais ». Beaucoup des séries de nus sur l’enfance furent critiqués. 

La famille

De 1985 à 1994, alors qu’ils séjournent dans leur chalet d’été dans la vallée de Shenandoah, Sally Mann photographie ses trois enfants : Emmet, Jessie et Virginia. Elle crée des images qui évoquent la liberté et la quiétude des jours paisibles au milieu de la nature. Baignades nus dans la rivière, déguisements et jeux de cartes. Délaissant la petite chambre, Mann utilise alors une chambre 8X10 pouces (20X25 cm). Ses portraits reflètent la beauté, la sensualité et la tendresse des enfants mais aussi leur colère, leur honte, leur perplexité. Mann métamorphose le quotidien de l’enfance et donne à ces clichés des côtés enchantés. Parfois, elle travaille en collaboration avec ses enfants pour la mise en scène. Plus tard, devenus adultes, les enfants raconteront que ces mises en scènes montées de toute pièce les amusaient et faisaient partie de leurs habitudes.

La terre

Au début des années 1990, Sally Mann cesse peu à peu de photographier sa famille pour se consacrer au paysage environnant. Elle entreprend alors de photographier ces collines, ces forêts et crée des images puissantes. Elle s’évadera ensuite jusqu’en Géorgie, Louisiane et Mississipi : cherchant à montrer comment la terre conserve les cicatrices du passé : guerres, morts, souffrances et injustices.

L’ultime et pleine mesure

La ville de Lexington (Etat de Virginie) est enracinée dans le passé, façonnée par l’histoire de l’esclavage et de la guerre de Secession. Près d’un tiers des batailles de ce conflit ont été livrés dans cet Etat. Mann s’est alors interrogée « La terre s’en souvient-elle? ». De 2000 à 2003, cherchant à répondre à cette question, elle photographie « les recoins ordinaires » des champs de batailles. Elle crée des négatifs à l’aide du procédé collodion humide, en vogue au XIXème siècle. Les imperfections du procédé lui offrent le moyen de suggérer la manière dont la mort « a modelé ce paysage enchanteur et […] fera valoir ses droits sur lui de toute éternité ».

Demeure avec moi, Abide with me

Au début des années 2000, Mann entreprend une réflexion introspective et s’emploie à examiner la manière dont la question raciale, l’histoire et la structure sociale de l’Etat de Virginie ont façonné non seulement le paysage mais également sa propre enfance et adolescence. S’efforçant de franchir « l’abîme apparemment insurmontable entre Blancs et Noirs », elle désire méditer sur le courage dont les Afro-Américains ont fait preuve. Elle réalise quatre séries de photographie : les rivières et les marécages, les Afro-Américains eux-mêmes, les églises, et enfin Virginia « Gee-Gee » Carter (une femme qui a travaillé 50 ans pour la famille Mann).

Ce qui reste

Sally Mann fait observer que c’est aussi la mort qui modèle ce paysage enchanteur. « La mort est l’élément catalyseur d’une appréciation plus intense de ce qui nous est offert ici et maintenant ». Mann achève en 2004 une série de portraits de ses enfants intitulées « Faces » et réalisées en pose longue. Plus tard elle réalise des auto-portraits faisant allusion à la décomposition, à la douleur et au vieillissement. Elle braque également son objectif sur son mari, Larry, atteint d’une forme tardive de dystrophie musculaire. Elle entreprend de saisir les changements dans son apparence physique provoqués par la maladie.

En savoir plus

Une cabane dans la forêt

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Tous les enfants ont un jour rêvé d’une cabane dans les arbres, n’est-ce pas? Je me souviens très bien que ma « cabane » à moi était montée de plusieurs tiges en plastique rigides et d’une toile blanche en caoutchouc comme les matelas gonflables.  Elle était décoré de dessins un peu grossiers de fenêtres et de tuiles. Elle était tellement petite, qu’à 7 ans, mes pieds dépassaient! Alors imaginez lorsque mon berger allemand essayait de venir avec moi : on ne voyait qu’une mini-tente blanche s’agiter au milieu de la pelouse au son des « ahahah, mais non pousse-toi! » puis s’effondrer. Au soleil, elle sentait le caoutchouc et devenait un peu molle. C’est pas grave, c’était MA cabane. A côté, il y avait cet immense sapin qui devait faire plus de 10 m de haut. Je grimpais dedans et je restais longtemps assise sur les branches du haut, là où le tronc devenait tout fin et bougeait avec le vent. Bien-sûr, ça ne rassurait pas vraiment ma grand-mère qui me voyait de la fenêtre du 1er étage. D’ailleurs, ça devait aussi faire râler ma maman de voir mes pantalons plein de résine de sapin bien collante. Moi j’étais bien, tout en haut, à regarder la vue sur les maisons d’à côté et puis parfois le soir qui tombe et ses couleurs dorés. C’est vrai qu’une cabane dans ce sapin, ça aurait été vraiment génial.

Cet hiver, j’ai découvert Coucoo Grands Chênes et leurs cabanes dans la forêt de Raray! D’un côté : folie de la ville, journées épuisantes et pollution et de l’autre : nature, chants des oiseaux et ces jolies cabanes en bois. Comment ne pas craquer? C’est ce dont je rêvais pour mes vacances. « Perchées dans les arbres », « Hors du temps », « déconnexion » : les pubs étaient franchement élogieuses. J’avais un peu peur d’être déçue! Et bien, figurez-vous que pas du tout. Ces cabanes accrochées dans les arbres (jusqu’à 12m quand même) sont toutes dotées d’une salle de bain avec douche, certaines d’un bain nordique chauffé, d’une mini-terrasse pour prendre le petit déjeuner et d’une bonne literie. La déco est minimaliste et soignée. La cabane sent bon le bois. On se fait livrer le dîner et le petit déjeuner plein de produits frais et locaux dans un joli panier picnic que l’on remonte avec une poulie. La seule chose que l’on peut regretter, c’est que ces jolis refuges ne sont pas vraiment situés dans une « forêt » mais plutôt dans les arbres qui bordent un golf. Quelque photos volées de cette nature resplendissante et de ces cabanes rigolotes au coucher et au lever du soleil (tout à fait, vous avez bien lu, j’ai même pas fait la grasse mat’). Je vous livre ici un billet personnel de mes vacances.

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Kodak Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

C’est vrai que le lever de soleil a toujours un côté plus magique pour moi que le coucher. La blancheur de la lumière peut-être. Ou bien l’ambiance.

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Ektar 100

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Ektar 100

Il est déjà l’heure de reprendre la route !

Canon EOS 1V – 24-105 mm f/4.0 – Portra 160

A bientôt.

Pour en savoir plus :