La marque emblématique lomography a lancé en 2013 une campagne kickstarter (kickstarter.com) pour ressusciter l’objectif mythique Petzval datant de 1840. Résulat : près de 3 380 donateurs et plus d’un million de dollars de fond récolté! Un succès incroyable! Dans cet article, je vais enfin vous livrer mes impressions sur ce nouvel objet de collection, et sa version 85 mm! Nous allons voir ensemble toutes ses caractéristiques, en quoi il est différent des autres objectifs, ses points forts et ses points faibles. Suivez-moi dans le délicieux monde des objectifs du 19ème siècle.
Un peu d’histoire
L’objectif « Petzval » est l’invention de Joseph Petzval (Petzval József en hongrois) né le 6 janvier 1807 à Szepesbéla dans le Royaume de Hongrie (actuelle Slovaquie), mort le 17 septembre 1891 à Vienne, mathématicien, inventeur et physicien hongrois. A l’époque, faire un portrait c’était carrément l’enfer. En effet, les surfaces photographiques étaient si peu sensibles qu’il fallait rester immobile plus de dix minutes afin d’éviter des flous de bougé. C’est alors que Joseph a élaboré (après calculs à la main) un objectif suffisamment lumineux pour atteindre des temps de poses inférieurs à la minute. Ainsi naquit le premier objectif Petzval avec une ouverture maximum pour l’époque de f/3,7. Par la suite, cet objectif révolutionnaire a été adapté à un peu tous les appareils. Et mine de rien, il a traversé les âges. Les photographes apprécient le rendu de ses couleurs mais aussi ses défauts optiques qui lui confèrent un charme particulier. Vignetage marqué, courbure du champ prononcé, aberrations optiques et chromatiques… bref, tout ce qu’on aime! Vive le vintage!
C’est finalement en 2013 que lomography lance une campagne kickstarter pour ressusciter la fabrication du Petzval dans les usines Zenit en Russie. Il est aujourd’hui disponible à partir de 549 euros pour monture Nikon ou Canon en version doré laiton ou noire métallisée.
Présentation de Lomography :
Les photos prises avec l’objectif Petzval sont reconnaissables à leur netteté et leur précision au centre, leur forte saturation des couleurs, le magnifique effet bokeh en tourbillon, l’effet vignette artistique et la faible profondeur de champ. Grâce à cet effet bokeh tourbillonnant caractéristique, le nouvel objectif Petzval est parfait pour les portraits, où votre sujet doit être le centre de l’attention. Le nouvel objectif Petzval comprend des optiques en verre premium manufacturées en Russie par Zenit, une entreprise ayant une expérience de longue date et reconnue dans la conception d’objectifs.
Ses caractéristiques
Monture
Nikon ou Canon (EOS)
Focale
Fixe 85 mm
Ouverture maximale
f/2,2
Ouverture minimale
f/16
Distance de mise au point
1 m – infini
Nombre de lamelles au diaphragme
Zéro – diaphragmes par plaquette
Echelle des distances
oui
Auto-focus
Non – mise au point par une roulette manuelle
Stabilisateur
Non
Pare-soleil
Oui
Accessoires disponibles
Adaptateur monture hybrides, filtres 58 mm, plaquettes diaphragmes expérimentales
Vendu avec :
Etui souple en cuir et diaphragmes
Voyons maintenant pour la prise en main…
Mes supers amis m’ont offert la version or (laiton) pour monture Canon. Au premier coup d’oeil, on peut dire que le Petzval est un très bel objet. On pourra féliciter lomography pour son coffret façon objet de collection, qui ressemble plus à un coffre à bijou qu’à une boîte d’objectif.
Dans le coffret, on trouve des plaquettes de diaphragme à insérer dans la fente de l’objectif (photo ci-dessous). Il en existe sept en tout : f/2,2; f/2.8; f/4; f/5.6; f/8; f/11 et f/16. On trouve également étui tout en cuir, un petit chiffon, un cache avant en laiton lui aussi. Dommage que le cache arrière, lui, soit en plastique. Le manuel en anglais, sous forme de petit livret est illustré de magnifiques photos.
Lomography y explique les bases du bokeh, se fend même d’un petite chronologie historique sur les objectifs (Charles Chevalier, Petzval, Charles Harrison et Joseph Schnitzer, Taylor, Zeiss…), de la biographie de Joseph et d’une interview de Geoffrey Berliner de la Penumbra Foundation.
On dirait que lomography essaye de nous convaincre que le Petzval est un super objectif… mais on en est déjà certain!
Voyons pour la bête! Le numéro de série est gravé sur l’objectif : comble du chic. Quand vous le montez sur votre reflex (pour moi Canon EOS 20D), la première chose que l’on remarque c’est son poids! Wahou! Un bon 750g! C’est du massif!
Bien entendu… Vous n’allez pas passer inaperçu dans les soirées avec un objectif en or. J’avoue que je n’ai pas fait 10m au Mondial du Tatouage sans que l’on me pose des questions. Pour les célibataires, ça peut être une phrase d’accroche. Pour ceux qui voulaient être discrets, oubliez!
Voyons la pratique. J’ai d’abord essayé la lamelle f/2.2 pour me rendre compte tout de suite du bokeh. Petit rappel, le bokeh est le flou artistique derrière l’objet sur lequel vous avez fait votre mise au point. Pour faire ce flou, il vous faut une faible profondeur de champ, et donc une grande ouverture de diaphragme : f/2,2 mon ouverture maximale. Le Petzval est une focale fixe de 85 mm. Fixe, cela signifie que vous ne pourrez pas « zoomer » avec votre objectif. Vous serez obliger de vous-même vous déplacer pour agrandir ou rétricir le sujet dans votre composition. Je me suis placée à environ deux mètres de mes modèles. A cette distance, vous ne cadrerez que les bustes.
La mise au point est 100% manuelle et s’effectue par la petite roulette sur le côté gauche. Vous devez également vous placer en mode manuelle ou priorité à l’ouverture pour les réglages de votre reflex.
L’objectif étant dépourvu de stabilisateur optique (forcément), je vous conseille de ne pas vous surestimer et de jouer sur les iso pour vous placer plutôt à des vitesses plus rapides que 1/500. Sinon, c’est flou de bougé assuré. Après quelques minutes pour comprendre tout ça, on se rend compte que même si tout est manuel, le Petzval est très agréble à utiliser. On prend même l’habitude de tenir fermement la roulette pour stabiliser l’objectif. Ensuite, j’ai essayé de changer les plaquettes de diaphragmes. Malheureusement on se rend vite compte, qu’il ne sera pas possible d’en changer souvent et rapidement, sous peine d’en perdre en route. Je n’ai pas encore trouvé d’astuces pour être sûre de les retrouver. Peut-être un mousquetton?
Bon allez… Maintenant voyons les résulats!
Essais de l’objectif Petzval
D’abord j’ai cherché des tests « laboratoire » du Petzval. Les appareils photos et les objectifs sont passés au banc d’essai par des professionnels qui notent la résolution, les aberrations optiques, chromatiques et l’astigmatie. Voici le rapport de Focus numérique :
Même si nous avons bien conscience que cela n’a aucun sens, nous avons tout de même passé le Petzval au laboratoire sur notre scène test. Bien entendu, les résultats ne sont pas très concluants. Le centre est relativement net et les bords sont dans le flou le plus complet et le moins homogène ! Bien entendu aussi, on ne peut pas attendre d’un objectif comme celui-là le même type de résultats qu’avec un 85 mm Canon ou Nikon. De plus, le but de cet objectif est justement de proposer des bokeh très, très, très marqués avec des flous extrêmement prononcés. Nous ne tirerons donc aucun jugement des résultats de notre scène test, qui servent juste à titre indicatif.
Focus numérique – Scène test – f/2,2
Mais en même temps, si on achète le Petzval, c’est qu’on veut du tourbillon! Allez, maintenant à moi de vous montrer mes tests.
Comme il est expliqué dans le manuel (oui je fais mon étudiante studieuse), pour un joli effet tourbillon, il vous faut :
une grande ouverture f/2,2
un sujet proche de vous mais éloigné du fond
un fond naturel ou en tout cas pas uni
un gentil modèle bien-sur : merci JB
Comme vous pouvez le voir sur les photos suivantes, l’effet « tourbillon »est plus ou moins prononcé. Cela dépend énormément du fond que vous avez choisi! Et il peut vraiment mettre en valeur votre portrait. UN GROS GROS ATTENTION : centrez bien vos sujets, sinon vous allez vous retrouver avec des bords flous et des sujets pas net net.
EOS 20D – Petzval 85 mm – Canal St MartinEOS 20D – Petzval 85 mm – Canal St MartinEOS 20D – Petzval 85 mm – Canal St MartinFlorent – Canon EOS 6D – Petzval 85 mmHéloïse – Canon EOS 6D – Petzval 85 mmRomain – Canon EOS 6D – Petzval 85 mmClara et Vincent – Canon EOS 6D – Petzval 85 mmLucile et Ludovic – Canon EOS 6D – Petzval 85 mm
Par contre, ce qui est drôle, c’est qu’on le voit vraiment avec des lumières dans le fond de la composition! Jugez plutôt cette courbure…
EOS 20D – Petzval 85 mm – Mondial du tatouage 2015
Et les autres plaques alors? Figurez-vous que je suis carrément fan de la plaque étoile qui apporte un petit côté sophistiqué à des photos toutes simples. Pas de tourbillon mais du bokeh! La seule chose que je regrette un peu, c’est qu’il n’y ait pas autant de diversité de formes que pour le Daguerreotype Achromat par exemple. Attention par contre pour vos portraits : restez sobres sur les compositions, ou cela risque de faire vraiment chargé…
Bokeh étoile – Petzval 85 mm – canon EOS 20DBokeh étoile – Petzval 85 mm – Canon EOS 20DBokeh étoile – Petzval 85 mm- Canon EOS 20DBokeh étoile – Petzval 85 mm- Canon EOS 6D
En conclusion…
Les Points extraordinaires!
J’ai été bluffé par le Petzval. D’abord, j’ai aimé sa facilité d’utilisation, la netteté incroyable au centre de l’image (comme sur l’image ci-dessous).
Le tourbillon met en valeur le sujet lorsqu’il est au centre de l’image.
Un bémol par contre, dans le cas où le sujet est légèrement décalé du centre. Je n’ai pas été « embêté » par le look doré, au contraire… j’ai trouvé ça très convivial que les gens viennent me parler. Et en plus, je suis certaine qu’avec le temps le laiton va changer de couleur et ça lui donnera encore plus de charme.
EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015EOS 20D – Petzval – Mondial du tatouage 2015
Les points à améliorer :
Méfiez-vous! Contrairement à ce qui est mentionné par lomography, l’objectif Petzval monture Canon (monture en fait EOS) ne s’utilise pas sur les montures des Canon argentiques (AF, EF, A1 etc…).
OoooOOOooh la déception… Je suis donc en quête d’une bague d’adaptation. J’ai également lu que ces bagues d’adaptation changent un peu la longeur focale. On se retrouve donc avec une focale de 100 mm par exemple plutôt que 85 mm. Le deuxième point à améliorer pour moi c’est de créer un système pour ne pas perdre ces jolies lamelles! Pour ce qui est du flou de bougé, je pense que cela nécessite de l’entrainement. Certaines photos ne sont pas très nettes. Je me suis placée à un iso >800 pour shooter à une vitesse de 1/1250. Est-ce donc une mauvaise résolution de mon capteur en iso élevé?
Et le Verdict des autres ça donne quoi? Voici celui de Focus Numérique :
Au final, le Petzval se trouve être un très bel objet qui procurera des images originales tout à fait dans l’air du temps Instagram. Il y a fort à parier qu’il deviendra à sa façon un objet de collection que l’on s’arrachera à prix d’or dans quelques dizaines d’années. Cependant, les contraintes d’usage et la qualité d’image qu’il délivre lasseront assez rapidement ses utilisateurs. Le Petzval, on est content de l’avoir, on fait quelques photos avec par an, on l’expose dans son salon et on le montre à ses potes en soirée.
Pour d’autres articles sur le Petzval, allez faire un tour ici :
En photographie, les aberrations sphériques et chromatiques se manifestent par une perte de définition dans les zones à fort contraste.
La distorsion, elle, se manifeste le plus visiblement sur les lignes droites : une grille imagée par un système à forte distorsion aura une forme dite en « barillet », la grille est bombée vers l’extérieur, ou en « coussinet », la grille image ayant l’air déformée vers l’intérieur.
Visualisation de l’influence de la position du diaphragme sur la distorsion.
Une lentille optique présente a priori une symétrie axiale. Dans la pratique, cette symétrie n’est pas parfaite. On constate alors, lors d’essais sur banc FTM ou d’impression sur film, que la distance focale de l’objectif n’est pas constante autour de l’axe optique. En effet, la distance focale dépend de l’indice de réfraction de la lentille et de son rayon de courbure. Dès lors que celui-ci n’est pas parfaitement homogène, la distance focale ne l’est pas non plus. On constate en particulier cet effet lors de l’impression de mire de Foucault disposant de traits horizontaux, verticaux, tangentiels et sagittaux. Ces traits ne présentent alors pas la même définition dans le plan de mise au point selon la direction des traits. Enfin, le Petzval n’a pas vraiment d’anastigmatie. Une lentille est dite corrigée des défauts d’astigmatisme dès lors que son rayon de courbure a été homogénéisé le plus possible, mais des défauts résiduels sont pratiquement inévitables. Les objectifs corrigés de l’astigmatisme sont dits « anastigmat« .
Le 15/03/2015 :
Pas trouvé de bagues d’adaptation pour monter le Petzval sur mes appareils argentiques Canon à monture FD. J’ai tout fait : le quartier « photos » de Paris (bvd Beaumarchais), les sites internets spécialisés ou un peu moins (ebay, etc.) et je reviens bredouille… Il semble effectivement que la bague d’adaptation FD (canon argentique) vers objectif EF (objectifs pour Canon EOS) existe seulement dans un seul sens et pas dans l’autre! Forcément, les anciens utilisateurs de Canon argentiques ont souhaité adapter leurs collections d’objectifs sur les nouveaux boitiers numériques. Tant pis, j’ai trouvé une bague d’adaptation pour les montures d’appareils hybrides (micro 4/3) comme mon Olympus, c’est déjà ça! Et je vous en parle dans un nouvel article : Le Petzval #2.
Dans cet article, je vais enfin vous livrer mes impressions sur ce nouvel objet de collection, et sa version 85 mm! Nous allons voir ensemble toutes ses caractéristiques, en quoi il est différent des autres objectifs, ses points forts et ses points faibles. Suivez-moi dans le délicieux monde des objectifs du 19ème siècle.
L’objectif « Petzval » est l’invention de Joseph Petzval (Petzval József en hongrois) né le 6 janvier 1807 à Szepesbéla dans le Royaume de Hongrie (actuelle Slovaquie), mort le 17 septembre 1891 à Vienne, mathématicien, inventeur et physicien hongrois. A l’époque, faire un portrait c’était carrément l’enfer. En effet, les surfaces photographiques étaient si peu sensibles qu’il fallait rester immobile plus de dix minutes afin d’éviter des flous de bougé. C’est alors que Joseph a élaboré (après calculs à la main) un objectif suffisamment lumineux pour atteindre des temps de poses inférieurs à la minute. Ainsi naquit le premier objectif Petzval avec une ouverture maximum pour l’époque de f/3,7. Par la suite, cet objectif révolutionnaire a été adapté à un peu tous les appareils. Et mine de rien, il a traversé les âges. Les photographes apprécient le rendu de ses couleurs mais aussi ses défauts optiques qui lui confèrent un charme particulier. Vignetage marqué, courbure du champ prononcé, aberrations optiques et chromatiques… bref, tout ce qu’on aime! Vive le vintage!
C’est finalement en 2013 que lomography lance une campagne kickstarter pour ressusciter la fabrication du Petzval dans les usines Zenit en Russie. Il est aujourd’hui disponible à partir de 549 euros pour monture Nikon ou Canon en version doré laiton ou noire métallisée.
Voyons pour la bête! Le numéro de série est gravé sur l’objectif : comble du chic. Quand vous le montez sur votre reflex (pour moi Canon EOS 20D), la première chose que l’on remarque c’est son poids! Wahou! Un bon 750g! C’est du massif!
Voyons la pratique. J’ai d’abord essayé la lamelle f/2.2 pour me rendre compte tout de suite du bokeh. Petit rappel, le bokeh est le flou artistique derrière l’objet sur lequel vous avez fait votre mise au point. Pour faire ce flou, il vous faut une faible profondeur de champ, et donc une grande ouverture de diaphragme : f/2,2 mon ouverture maximale. Le Petzval est une focale fixe de 85 mm. Fixe, cela signifie que vous ne pourrez pas « zoomer » avec votre objectif. Vous serez obliger de vous-même vous déplacer pour agrandir ou rétricir le sujet dans votre composition. Je me suis placée à environ deux mètres de mes modèles. A cette distance, vous ne cadrerez que les bustes.
La distorsion, elle, se manifeste le plus visiblement sur les lignes droites : une grille imagée par un système à forte distorsion aura une forme dite en « barillet », la grille est bombée vers l’extérieur, ou en « coussinet », la grille image ayant l’air déformée vers l’intérieur.
Analog You 
A reblogué ceci sur Un Vaillant Martien.
Merci Vaillant Martien! 🙂
C:EST UN GADGET POUR HIPSTER !
Ahahah! Tout à fait! Mais je n’ai pas trouvé d’équivalents pour des bokeh tourbillonants…